lundi 30 avril 2007

Give peace a chance

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi, quand il y a de la chicane autour, ça me donne mal au ventre et ça me stresse. Surtout quand ça implique deux des personnes que vous aimez le plus au monde...
J'en peux plus que Maximum et Florian ne s'adressent plus la parole. Ça me mets entre les deux et je me sens obligée de prendre partie... Alors que je ne peux pas et surtout JE NE VEUX PAS prendre partie plus pour un ou pour l'autre... Tous les deux sont les hommes de ma vie. Je les aime tous les deux... Je ne peux imaginer ma vie sans un ou sans l'autre. Je les veux tous les deux!
Je ne peux pas croire qu'après 20 ans d'amitié, ils ne peuvent pas réparer leur différents!
Je suis super fâchée (ce qui veux dire que j'élève la voix, ce qui n'arrive presque jamais parce que ça me fait trembler comme une feuille et je fonds en larmes inévitablement...)
Pour l'instant, je m'en vais prendre un verre avec Pepper (pour l'aider à rire de ce qu'elle a fait, vous allez voir, il y a rien là! ;)) Et je lance un ultimatum à mes hommes: Vous vous réconciliez, sinon, je vous sors tous les deux de ma vie! (impossible, mais bon, ils vont avoir la chienne de leur vie quand même!)
Super-Sandy
xxx

HAAAAAAA!!!

Je call malade ce matin.
Et je retourne me cacher au plus profond de mon lit.
Sous ma douillette géante, j'aurai moins honte!
Pepper
;(

samedi 28 avril 2007

Un Max, tout seul, dans la cuisine froide, un samedi matin...

Il y a personne dans l'appart!
... Enfin personne d'humain. Je suis avec Hubert, le chien sans maître (ben oui! Je feel bitch à matin!), Twiggy, la chatte sans poils et Calypso, le poisson rouge sans destin...
Il pleut.
J'ai les blues!
C'est pas la première fois que je me chicane avec Flo. Mais à chaque fois c'est la même chose. Il me met hors de moi. J'ai juste envie de lui donner un grand coup de pied au cul. C'est vrai que je suis jaloux de lui. Il a quelqu'un dans sa vie, lui. Il a quelqu'un qui lui dit qu'il l'aime. Il a quelqu'un avec qui baiser! Quand on sort ensemble, les gars c'est pas moi qu'ils regardent, c'est lui!... Moi, avoir juste la moitié de ce qu'il a, j'te jure que...
Ha! Pis ça me fait chier, je le sais comment ça va se passer... Je vais encore me sentir coupable, pis c'est encore moi qui va faire les premiers pas et qui va aller s'excuser à Monsieur! Parce qu'il fera pas d'efforts, lui, pour arranger les choses! Ben non! Il va continuer à bouder jusqu'à ce que je me tanne!
Comment ça se fait qu'on est amis depuis 20 ans?
Comment ça se fait que c'est toujours les mêmes qui ont tout?
Comment ça se fait que Pepper n'est pas rentrée coucher?
Où elle est, elle?
À SUIVRE...
P.S. J'vas aller me louer des films en allant promener le chien sans maître!

vendredi 27 avril 2007

La chronique du vendredi de Pepper

Thanks God it's friday! qu'on dit...
  1. Hier soir et ce matin: Combat de coqs entre mes deux colocs "mâles en rut" dans l'appart:
  • Max en a assez de l'attitude de Flo (qu'il qualifie de "victime" et de "négatif" (et je suis assez d'accord avec lui!)) et il n'a pas aimé le dernier message que Flo a écrit non plus.
  • Flo en a assez que Max se mêle de sa vie. Il a en assez aussi que Max lui lance constamment des pointes (Il lui a crié: "On dirait ma mère!" (et je suis assez d'accord, Max lance constamment des pointes et parfois, c'est fatiguant.)) Ce matin, aucun des deux n'a adressé la parole à l'autre. La fin de semaine s'annonce tendue!!! OUACH!
  1. Je suis tombée en bas de ma chaise tout à l'heure (d'ailleurs, je suis toujours sur le dos!) Ma boss (Oui! Celle qui me fait chier!) m'a entendu dire que ça faisait hyper longtemps que j'étais pas allée au théâtre à une de mes collègues. Elle est arrivée à mon bureau et m'a demandé si je voudrais l'accompagner à une pièce de théâtre ce soir.
  • Elle a deux billets pour aller voir Big shoot à l'Usine C. Sa copine est malade, elle ne peut pas y aller.
  • J'ai comme été prise au dépourvu. En plus, j'ai vraiment très envie de voir ce show-là (j'aime beaucoup de comédien Sébastien Ricard.) Je ne savais pas comment lui dire que j'avais pas vraiment envie de passer une soirée avec elle (déjà que je passe plus de 40 heures semaine avec elle, pas un vendredi soir en plus!!!) J'ai donc dit "OUI!"...
  • Depuis tantôt elle n'arrête pas de me sourire. Et ça me fait presque peur!
  • Elle vient même de me demander où j'avais envie qu'on mange avant le théâtre. J'ai proposé le Saloon sur Ste-Catherine Est. C'est juste à côté... Me voilà avec une belle soirée en perspective!!! (ironie!)
Allez, je retourne au boulot!
Bon week end!
Pepper
xxx

jeudi 26 avril 2007

Flo donne sa version

Oui, c'est un dessin de notre ami Joss. À l'époque, je lui avais fait une commande pour qu'il me dessine avec mon amoureux, Conan. (Oui, il a, en effet, le plus beau cul du monde! Et oui, (pour ceux qui connaissent Joss) on se ressemble un peu (sauf que moi j'ai les yeux bleus) disons que nous avons le même genre de gabarie, et en plus, comme sur le dessin, nous avons exactement la même chemise - qu'il nous est arrivés deux fois de mettre en même temps dans le même endroit!) Anyway, Voici le fameux "Ex" dont mes colocs n'arrêtent pas de parler...
Ceux qui lisent notre blog depuis le début le savent tous: Je revois (et re-couche) avec mon ex (plus communément appelé: THE ex ou encore Le Vicking) Mais Conan et moi avons une histoire bien compliquée. Et je suis un peu (beaucoup) écoeuré que mes colocs racontent leur version des choses. Ils pensent que ce serait mieux pour moi de ne plus le revoir. De passer à autre chose. Moi, je n'en suis pas si sûr...
J'ai toujours eu de la difficulté à rompre franchement. Je suis ce qu'on pourrait appelé "un lâche" quand il s'agit de rompre. J'aime mieux laisser traîner en longueur et que ce soit l'autre personne qui se tanne et finisse par rompre. Je me suis longtemps plaint que les gars ne me rappelaient pas, mais je fais, en fait, la même chose. C'est ma dernière blonde qui me l'a fait remarquer. Je crois qu'elle m'en veut encore!
Bref, comme Pepper l'a raconté (Ce n'est pas d'hier que Flo a des problèmes avec ses EX!), j'ai entretenu une relation ambigüe très longtemps avec mon premier amour, Angel, ainsi qu'avec son chum, qui était un de mes ex, St-Pierre. Oui! C'était quelque chose comme un couple à trois. Oui, c'est trippant pour le cul. Et non, je ne vous raconterai pas d'anecdotes croustillantes dans ce message. Bref, ces deux hommes sont sortis définitivement de ma vie quand Conan y est entré, il y a de ça presque dix ans.
Avec Conan, ça a été le coup de foudre comme Maximum vous l'a raconté (Les débuts de THE Ex et de Flo.) Et même si mes colocs en parlent comme si c'était un salaud, moi je vous le dis, il n'en est rien. Il est vrai que depuis dix ans je ne rencontre personne d'intéressant parce que je l'ai toujours planté bien solide dans le coeur. C'est vrai qu'il m'a fait beaucoup pleuré. C'est même vrai qu'il m'a déjà frappé. Mais la vérité est que:
  • Maximum en est jaloux parce qu'il a toujours fantasmé sur lui. Quand ils étaient amis, Maximum espérait, au fond, de coucher avec. C'est pour cette raison que Max lui en veut.
  • Conan aime voyager. Son plus grand rêve est de faire le tour du monde. Lui, il croit qu'il pourrait partir pendant plusieurs mois en Amérique du Sud ou en Asie et qu'on pourrait rester fidèles. Moi, je n'y crois pas. Alors, la première fois qu'il est parti, je l'ai trompé.
  • Je n'ai jamais été fidèle à personne, sauf à mes amis. C'est pour cette raison que Conan est mon homme idéal. Je suis à lui complètement quand il est au pays. Mais quand il part, je peux m'amuser (en me protégeant! Évidemment!)
  • Lui ne supporte pas que je couche avec d'autres gars ou même avec des filles. Il ne veut rien savoir de faire des trippes à trois non plus. (Qu'est-ce que vous voulez? J'ai une libido très forte!) et moi, je ne peux pas concevoir baiser toute ma vie avec la même personne. (On parle de 60 ans de vie sexuelle active ici? Come on!)
  • Quand il m'a frappé, c'était parce que, suite à une chicane sur le fait qu'il planifiait un autre voyage, j'étais allé me saouler la gueule solide au STUD où j'avais fait beaucoup de drogues. Je l'avais appelé complètement out, en le menaçant que j'allais me tuer si jamais il repartait. Pris de panique, il m'avait chercher partout dans la ville et il m'avait retrouvé dans un sauna, complètement défoncé. J'étais en train de me faire enculer par un étranger sans condom. Il m'a sorti de là. Il était hors de lui. Il m'a engueulé. Il pleurait. Je me souviens qu'il m'avait dit que j'étais juste un immature, un manipulateur, et que j'agissait toujours sans penser aux conséquences, que j'avais peut-être attrapé le sida même... Comme réponse, je lui avais craché au visage. Il m'avait fracassé la machoire avec sa droite. Je l'avais bien mérité.
  • Après cet épisode, il était partie pendant plus d'un an en Asie sans me donner de nouvelles. J'ai fait une tentative de suicide. Pepper, Maximum et Sandy ont été mes anges pendant cette période. Sandy m'a forcé à passer des tests pour savoir si j'étais porteur de VIH (Non, je ne voulais pas le savoir. J'étais vraiment très con!) J'avais été chanceux, je n'avais pas attrappé le virus.
  • Conan et moi, on s'est revu par hasard, presque deux ans plus tard.. Et ça a été plus fort que tout, on a recommencé à ce voir. Et il est reparti. Et j'ai re-pleurer. Et au début avril, cette année, on s'est revu le soir où on est sorti à 3 (Résultat soirée moyenne et Coupable!). Il revenait d'Afrique. Il était encore plus beau qu'avant! Je suis fou de lui. Et je sais qu'il m'aime. Il m'aime plus que n'importe qui d'autre...
  • Mes colocs ne l'aiment pas parce qu'ils pensent que c'est lui qui me pousse à m'auto-détruire. Non, ça, je suis capable tout seul.
  • Ce n'est pas lui qui est pas assez bon pour moi. C'est moi qui n'est pas assez bon pour lui!

mercredi 25 avril 2007

Sandy a de la peine

Je suis une des deux qui a très souvent besoin de se faire prendre dans les bras de quelqu'un. Et alors, je pleure. Je pleure beaucoup. Je dirais que depuis une semaine, j'ai la larme à l'oeil facile. Et pourtant, je ne devrais pas me sentir comme ça. Enfin, pas autant. J'explique:
Je travaille avec des personnes âgées, qui, pour la pluspart, sont en fin de vie. Je les accompagne souvent "vers la lumière" ou je les aide à "ouvrir la porte". Alors, j'ai vu beaucoup de gens partir. De toutes les manières possibles. Tout doucement. Ou très en colère. Évidemment, il y a des départs plus difficiles que d'autres. J'ai beau être une professionnelle de la santé, parfois l'humain est touché. Mais jamais comme en ce moment...
Ça fait plusieurs années que je soigne une dame de presque 90 ans. Et je me suis intimement attachée à elle. Notre relation a pourtant bizarrement commencé. J'ai relu certaines notes que j'avais prises à propos de cette femme, que j'appelerai affectieusement "Doris" car elle souffrait du même mal que la sympathique poisson bleu dans "Finding Nemo", quand j'ai commencé à la voir. Elle avait perdu sa mémoire à court terme.
Flashback:
Je fais ma première intervention chez Doris, qui est une patiente qui vient de m'être transférée. Je ne suis pas super en forme car je viens d'emménager avec May (mon ex) et on argumente beaucoup sur les couleurs à mettre sur les murs et la façon de placer l'appartement. Je manque de sommeil et de patience. Mais, je travaille et là, je dois soigner une blessure qui ne guérit pas sous le pied de cette vieille dame, qui a la réputation d'être une véritable casse-pied. Doris m'ouvre la porte en se déplaçant avec un déambulateur.
Moi- Bonjour, je m'appelle Sandy et je viens pour votre pied.
Doris- Ha? Je te reconnais pas.
Moi- Je remplace Muriel, c'est pour ça que vous me reconnaissez pas. Mais on s'est déjà vu...
Doris- Elle arrive quand Muriel?
Moi- Ce sera plus Muriel qui va venir vous voir. Vous vous rappelez pas ? Je vous ai appelé tantôt. Je m’appelle Sandy.
Doris- Ha ? Pourquoi Muriel viendra pus ? Je l’aimais moi, Muriel. Elle était fine.
Moi- Parce que Muriel a changé d’emploi. Elle ne travaille plus ici. Maintenant, c’est moi qui va soigner votre pied.
Doris- Ha ? Pis t’es qui ?
Moi- Je suis Sandy. On s’est déjà vu une fois… C’est moi qui ai soigné votre sœur, Claudette… Une fois, vous étiez dans sa chambre quand j’étais allé la voir. C’était le mois passé.
Doris- Ha ? … ? J’me rappelle pas. Ça fait longtemps que j’ai pas eu de nouvelles de ma sœur Claudette. Elle doit être fâchée.

Je l'aide à s'asseoir et je commence à soigner son pied.

Moi- (sans trop réfléchir à ce que je disais...) Mais, Doris, vous vous rappelez pas ? Votre sœur est décédée la semaine passé?
Doris - Quoi ? Ma sœur est morte ? (Elle pleure à chaudes larmes.) Ha ! Mon Dieu ! Mais pourquoi personne me l’a dit ?
Moi- Mais, on vous l’a dit Doris. Vous avez dû oublier. Pleurez pas. Elle souffrait beaucoup. Il faut se dire qu’elle est mieux maintenant.
Doris - Ouais, c’est vrai… Avec son mari pis son fils qui est mort d’un accident… Le Bon Dieu va en prendre soin.
Moi- Exactement… (temps) Votre plaie est belle, Doris. Ça s’en vient bien.
(temps)
Doris- Ha ?… ? Ça te va bien tes nouveaux cheveux, Muriel. Ça te donne l’air plus jeune.
Moi- (!!!) Je suis pas Muriel, je suis Sandy. C’est moi qui va venir vous soigner maintenant.
Doris- Sandy? C’est-tu toi qui va voir ma sœur Claudette ? Pourrais-tu lui dire de m’appeler ? Ça fait longtemps que j’ai pas eu de nouvelles d’elle. J’suis inquiète.
Moi- Mais, Doris! Votre sœur Claudette est morte vendredi.
Doris- Claudette est morte ? (Elle se remet à pleurer.) Mais je suis toute seule au monde !
Moi- Voyons... Prenez pas ça de même-là. Y doit vous rester quelques neveux et nièces ? Non ?
Doris- Oh oui, y a ma belle Manon. Elle, elle vient souvent me voir.
Moi- Pis c’est elle qui va venir vous chercher pour l’enterrement de demain.
Doris - Ha ?… Qui, qui est mort ?
Moi- Mais? Votre sœur Claudette !
Doris- Hein ? Claudette est morte ? (Elle pleure encore.) Mais je le savais pas !
Moi - Ben oui, c’est pas drôle… C’est sûr. Mais consolez-vous, elle était tellement malade.
Doris- Ça, c’est vrai. Le Bon Dieu va en prendre soin.
Moi- Ça, c’est sûr. Bon, votre bandage est fini, Doris. Avez-vous pris vos pilules ?
Doris- Je sais pas. Qu’est-ce que t’as faite à tes cheveux, Muriel ?
Je vais vérifier la boîte de pilules.
Moi- Non, non, Doris… Vous vous trompez encore. Moi, c’est Sandy, votre nouvelle infirmière… Bon, vous les avez pas prises, on va les prendre maintenant.
Doris- Okay.

Je vais chercher un verre d’eau et j'amène pilules et verre d’eau à Doris. Pendant qu'elle prend ses médicaments, je regarde dans mon cahier pour ma prochaine visite. Je lève la tête et je regarde Doris, et soudainement, j'oublie mes ennuies à la maison et j'ai l'impression d'être devant une petite fille, toute fragile. Elle tente de cacher ses pilules. Elle me voit et les met dans sa bouche vitement.

Moi- Vous les avez avalées? Ouvrez votre bouche que je vérifie. (Elle ouvre la bouche. Je regarde.) C’est bien ça. Bon ben, on se revoit demain. Oubliez pas. Y a votre nièce Manon et une préposée du CLSC qui vont venir vous préparer pour les funérailles de votre sœur.
Doris- Hein ? Les funérailles de ma sœur ? Claudette est morte ! Oh ! Mon Dieu ! (Re-pleure)

Ça a pris plusieurs jours avant qu'elle enregistre l'information que sa soeur était morte. Même après les funérailles, elle continuait de la chercher. Et un jour, le souvenir était passé dans la mémoire à long terme sans que personne ne sache pourquoi. Elle me prit aussi pendant longtemps pour Muriel. Ensuite, elle me prit pour sa fille. Je pense que malgré le fait que je lui répétais que je n'était pas sa fille, elle ne voulait pas l'entendre. J'ai fini par accepter de jouer ce rôle quand elle me montra la photo d'un homme. Un soldat. Elle me dit qu'il s'agissait de l'homme qu'elle avait aimé. Les souvenirs étaient très clairs. Aussi clair qu'un film: Ils se promettent de s'aimer toujours. Il part à la guerre. Les lettres enflammées sur du papier gondollé par les larmes (qu'elle a toutes gardées précieusement.) Et puis un jour, la pire nouvelle: Il ne reviendra plus jamais. Elle est enceinte. Sa famille la rejette. Elle va habiter chez sa soeur Claudette. Elle donne le bébé en adoption. Elle n'aura jamais plus de nouvelles de sa petite fille. Elle n'aura jamais su ce qu'est devenue son enfant. Elle ne se maria jamais. Elle n'eue jamais d'autres enfants.
Et la semaine passé, sans le dire à personne, elle s'est enlevée la vie. Toute seule dans sa chambre. Elle a décidé que c'était assez.
...Et j'aurais tellement voulu être là. Juste pour lui tenir la main...

mardi 24 avril 2007

Toune de vie

En ce moment, il y en a deux parmi nous qui vivent des moments plus difficiles. Ils vous les raconteront s'ils le veulent. Évidemment, les deux autres sont là pour essayer de leur remonter le moral. Il y a une chanson qui marche et que nous connaissons tous les quatre par coeur. Elle remonte à voici 4 ou 5 ans, quand nous étions allés tous les quatre ensemble passer une fin de semaine à New York. C'était la première fois pour Sandy. La dixième pour Pepper. Nous sommes allés voir RENT. Depuis, cette chanson fait partie de la trame sonore de notre amitié si spéciale.

Season of love
(de la comédie musicale RENT)

Five Hundred Twenty-Five Thousand
Six Hundred Minutes
Five Hundred Twenty-Five Thousand
Moments so Dear
Five Hundred Twenty-Five Thousand
Six Hundred Minutes
How Do You Measure - Measure A Year?
In Daylights - In Sunsets
In Midnights - In Cups Of Coffee
In Inches - In Miles
In Laughter - In Strife

In - Five Hundred Twenty-Five Thousand
Six Hundred Minutes
How Do You Measure
A Year In The Life

How About Love?
How About Love?
How About Love?
Measure In Love

Seasons Of Love
Seasons Of Love

Five Hundred Twenty-Five Thousand
Six Hundred Minutes
Five Hundred Twenty-Five Thousand
Journeys To Plan

Five Hundred Twenty-Five Thousand
Six Hundred Minutes
How Do You Measure The Life
Of A Woman Or A Man?

In Truths That She Learned
Or In Times That He Cried
In Bridges He Burned
Or The Way That She Died

It's Time Now - To Sing Out
Tho' The Story Never Ends
Let's Celebrate
Remember A Year In The Life Of Friends

Remember The Love
Remember The Love
Remember The Love
Measure In Love

Measure, Measure Your Life In Love

Seasons Of Love...
Seasons Of Love

C'est trop nous quatre cette chanson!

dimanche 22 avril 2007

Un dimanche de soleil sur le Mont Royal


4 colocs + 1 toutou sur le Mont Royal!

samedi 21 avril 2007

Ce n'est pas d'hier que Flo a des problèmes avec ses EX!

Cinquième partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé entre nous quatre...

Par Pepper

Mise en situation:
J'étais la coloc de Flo. Il habitait chez moi depuis quelques mois. Il avait répondu à une annonce sous la rubrique "À partager". À cette époque, je tombais systématiquement amoureuse de gais. Dès qu'un homme me plaisait, c'était sûr qu'il était gai. Et Flo ne faisait pas exception à la règle! Je l'aimais bien, même s'il était très secret. Je ne connaissais ni Sandy, ni Maximum encore. Il n'amenait jamais ses amis à la maison, il n'amenait pas souvent des mecs non plus. À cette époque, il avait un ex. Un autre Ex collant: Angel, son premier amour...
Anyway, pendant qu'e mes trois futurs amours célébraient autour de verres de martinis, moi, j'étais à l'appart avec mon chat, Passe-poil. Maintenant au paradis des chats suite à une longue agonie pendant l'été 2000.

"Passe-Poil, mon énorme himalayen s’en mêlait.
--- Pprrrouaaw!
Je penchai la tête et il se tenait là, bien assis sur son postérieur démesuré et me regardait de ses grands yeux ciel, tout rond, en louchant.
--- Qu’est-c’qui a bébé?
--- Pprrrouaaw!
--- Qu’est-ce qu’il y a? Ben oui, Flo est encore sorti…
--- Pprrrrrrouawoawwww, miaw!
Il sauta sur le divan et grimpa ses deux pattes de devant sur mon ventre. Il se mit à ronronner comme un Boing 747 qui réchauffe ses moteurs avant le décollage. Du moins, c’est ce que Flo disait : « Ton chat ronronne comme un moteur d’avion! » et ça faisait rire tout le monde. Moi, je ne pouvais pas le savoir, je n’avais jamais pris l’avion! Je sortis ma main droite du bol de chips au barbecue, j’essuyai mes doigts sur le coussin (ce divan était, de toute façon, complètement pourri…) et je commençai à masser le cou et le derrière des oreilles à cette bête poilu. Il ferma les yeux, appréciatif et complètement abandonné.
--- Tu es chanceux, toi! Tu as toujours quelqu’un pour te donner des câlins. Tu ne voudrais pas échanger de rôle avec moi? Juste une journée?… Allez! Espèce de gros manteau de fourrure égocentrique.
Les chats sont tellement chanceux. Toujours quelqu’un pour leur donner un peu d’affection. Toujours tout son temps pour ne rien faire et dormir… Dormir. Brusquement, je me raidis, court-circuitant du coup ce moment d’intimité avec Passe-Poils, qui sembla s’offusquer. Il déguerpit en sprint dans la cuisine. J’allais me coucher. Mais j’avais un peu faim.
Je traversai la cuisine vers le frigo. J’ouvris le colosse de la pièce et, je m’accroupis, le corps surexposé par l’éclairage blafard de son intérieur. Il restait un peu de ragoût. J’agrippai le tuperware, fermai la porte avec un coup de hanche et me tournai vers le micro-onde. Trois minutes plus tard, j’étais en train d’engouffrer un restant de gibelotte brune tiède et je feuilletais le dernier VOIR, J’étais en train de lire vaguement un article sur La programmation des Francofolies quand Passe-Poils revint à la charge :
---RRROuawwww!
---Qu’est-ce que tu veux encore, Boule de poils?
---Pppprouawwwmiouaww!
--- Lâche-moi les basquettes!
J’avais eu l’impression que le chat m’avait répondue : « Monsieur Boule de poils pour toi, hé! Grosse patate!», comme dans les dessins animés…
Je devenais folle! Me coucher et dormir!
Je me levai, je lançai le plat de plastique et ma fourchette dans l’évier déjà embourbé. J’aurais pu faire la vaisselle… Flo aurait pu la faire aussi. Je regardai l’heure. Il était maintenant presque minuit et demi. Je me dirigeai vers la salle de bain. Il fallait que je dorme. J'avais un gros examen le lendemain. DORMIR! (Déjà à cette époque, j'avais de la difficultée à aller me coucher...)
Je me tenais devant le grand miroir essayant de ne pas porter attention à l’image qu’il me renvoyait et je me brossais les dents. Ce miroir devait avoir des propriétés déformantes. Du moins, il devait grossir les formes. J’avais trois plis sur le ventre. Je crachai, rinçai ma brosse et revins à cet énorme reflet de moi, en me gargarisant la tête renversée par derrière. J’avais vraiment trois plis. J’expulsai l’eau hors de ma bouche et me redressai, faisant face, droite, à mes rondeurs. Mes seins paraissaient tout ronds dans leur carcan. J’enlevai mon soutien-gorge, prête à faire face au pire. Je me faisais face, toute nue, en essayant de rester objective. Mes seins étaient toujours presque aussi ronds… Un peu moins ferme qu’à seize ans… Mais, au moins, ils ne pointaient pas le sol, ils regardaient... Droit devant. (Ceci est un extrait de mon journal intime de cette époque! J'avais à peine 19 ans! INCROYABLE!!! Déjà à cette époque je m'en faisais avec mes seins! (qui sont encore très beaux soit dit en passant!)) Rien ne pendouillait de ce côté. Ouf! Mais sur mon ventre, toujours ces trois grands traits. Trois bourrelets de chairs flasques comme les baigneuses qu’avait peintes Renoir. C’était beau à la fin du siècle dernier, mais à la fin de notre siècle… 100 ans plus tard, c’était importable et inexcusable… J’avais du bide! Du ventre comme un homme qui boit trop de bière. Je descendis mon regard un peu. Côté hanche et fesses, comme toujours, rien à signaler. J’avais des hanches de gars! Si j’enlevais ma poitrine du décor, on voyait un corps de gars! Une bédaine, des petites fesses et pas de hanches! En plus, je ne m’étais pas rasée le poil des jambes de l’hiver. Mes mollets et mes cuisses surdéveloppés (vélo à tous les matins et tous les soirs oblige!) étaient recouvert d’un duvet épais de petits poils noirs. Comment un gars pourrait tomber amoureux d’une fille comme moi? Les hommes aiment les petites femmes délicates, les femmes qu’ils ont envie de protéger. Pourquoi je ne suis pas lesbienne?

J’étais en train de me crêmer les jambes au Neat quand le téléphone sonna. Je me relevai du bord du bain en trombe, j’ouvris la porte et…
--- PRFFFFFFFF!Riaww!fff!
Je me retrouvai par terre, avec le chat qui déguerpissait à toute vitesse vers la chambre de mon coloc…
--- Espèce de chat stupide! Combien de fois on te l’a dit de ne pas te coucher devant la porte de la salle de bain.
Le téléphone sonna son troisième coup. Je me relevai en me disant que le répondeur prendrait le message. Je regardais la crème sur le plancher quand le téléphone retentit de nouveau.
--- Allo! Répondis-je, en soufflant. Je regardai l’heure sur l’horloge de la cuisine. Il était 1 heure et quart. Qui pouvait bien appeler à cette heure? Une urgence… Flo?
---Allo? Est-ce que Flo est là?
---Non! Répondis-je bêtement. C’était une voix d’homme que je connaissais. Est ce que je pourrais savoir qui ose appeler à cette heure?
---C’est Angel. Ça va Pepper?
---Non! T’as vu l’heure? (S’il avait été devant moi, je l’aurais sûrement tué. En le faisant souffrir, évidemment! J’avais parfois des instincts de tueuse assez poussés.)
---Excuse-moi, mais je savais que tu n’étais pas couchée, je suis devant ta fenêtre, j’appelle de mon cellulaire… (Monsieur avait un cellulaire! À l'époque, c'était encore assez rare!) J’te dis que tu a piqué une belle plonge tout à l’heure!
Il riait! Il osait rire… Et j’étais là, toute nue, offerte à la première personne qui passait sous la fenêtre de ma cuisine. Humiliation.
---J’allais me coucher!
---Ha! Tu es toute seule?
Cette conversation commençait vraiment à me faire chier.
---Non, il y a trois camionneurs, mon dentiste pis la voisine d’en bas qui m’attendent pour faire une partouze dans ma chambre!
---Wow! Je peux-tu me joindre à vous?
Il avait le don de devenir intime après trois phrases. Comme si on était des grands amis. Je t’aime pas! Tu me fais chier! C’est tout!
---Non, je niaisais…
---Je sais! (Petit ton condescendant! Le maudit!)
---Je suis toute seule avec Passe-Poils. Je me préparais à aller me coucher. Tu veux que…
--- Est-ce que je peux monter?
---Est-ce que tu es sourd? Je viens de te dire que je suis toute seule et que j’allais me coucher.
---Je sais. Je voudrais juste voir Flo. Il faut absolument que je lui parle. Je l’attendrai dans sa chambre.
---Je ne pense pas que Flo apprécierait. Il est sorti avec des amis et…
---Pepper! Il faut que je lui parle. Je me suis disputé avec St-Pierre et il faut…
Ce mec me déplaisait tellement, plus il continuait à traîner dans la vie de Flo, plus il m’était antipatique. Depuis le jour où Flo et lui c’était rencontré au SKY, un soir pendant le premeir mois où Flo habitait avec moi, jusqu’à maintenant, tout ce que je découvrais de lui me déplaisait. Encore plus quand je l’avais au téléphone. Parce que Physiquement, il arrivait toujours à se faire pardonner ses audaces insupportables. Physiquement, il était carrément craquant (bien que je n’aurais jamais avouer ça en public, j’aimais mieux jouer la distance : «pas mon genre! ») C'était un beau blond aux cheveux en broussaille, des yeux bleus très pâles, une gueule d'acteur, des petites lunettes... Et ses épaules! Des épaules larges, des bras puissants et un cul…Alors que Flo et lui étaient ensemble, au début, j’étais entré à l’appartement plus tôt parce que j'avais eu un cours annulé, et pensant qu’il n’y avait personne aux toilettes, j’étais entrée en trombe et je l’avais surpris, complètement nu, de dos, en train de se raser. Je n’avais jamais vu une chute de rein et un cul comme le sien… à part dans les revues, évidemment…Mais le sien n’était pas retouché… C’était du vrai… Enfin, j’avais très envie et… Sous le choc, j’avais mouillé ma culotte. Comme ça, il se tenait nu, désinvolte devant moi, avec un grand sourire et j’avais pissé par terre. Ne sachant plus trop si j’avais un orgasme foudroyant où si ma vessie se libérait sous la vision.
Evidemment, j’étais devenue la risée, à chaque fois qu'il y avait des gens, mes amis (!!!) à l’appartement par la suite, il ne manquait pas de ressortir l’anecdote. Le salaud! Je crois même que c’est à partir de ce moment-là que je me suis mise à le détester. Ce con! (Il doit encore raconter cette anecdote humiliante à tous les gens qu’il croise. Maintenant que Monsieur est publié, il carbure aux soirées de lancement et aux vernissages mondains. Le tout Montréal artistique doit aujourd'huisavoir qu’une petite grosse qui a l’air d’un gars lui avait presque pissé dessus!) Je le méprisais.

---C’est hors de question que tu montes. Flo va peut-être rentrer tard et… Sûrement avec quelqu’un…
---Il ne ramène jamais personne le premier soir!
---Et s’il changeait d’idée! (Ce con m’énervait de plus en plus, comment osait-il m’obstiner)
---Bon, je sais que Flo ne changera pas d’idée, continuais-je, mais il ne voudra certainement pas entendre son ex se plaindre sur son pauvre petit sort en rentrant.
---J’ai juste besoin de dormir avec quelqu’un…

À chaque fois, c’étais la même chose, quand Angel se disputait avec St-Pierre, son chum, il revenait vers Flo. Ils passaient quelques jours ensembles et Angel repartait et rebrisait le cœur de mon coloc. Le pire c’est que St-Pierre était aussi l’ex de Flo. Quand Angel était sorti de nos vies, Flo était sorti avec Pierre, qu’on appelle St-Pierre, parce qu’il est vraiment parfait. Donc, St-Pierre et Flo ont été ensemble quelques semaines, mais, la belle gueule de Angel est revenue dans le beau portrait de famille qu’on était en train de se faire et il a tout brisé. St-Pierre est parti avec Angel. (Je crois que Flo ne s’en est jamais totalement remis.)

--- Flo ne m’a jamais laissé tomber… Me rétorqua Angel à l’autre bout du fil. C’était vrai. Flo revivait à chaque fois que Angel revenait. Et remourait un peu plus à chaque fois qu’il repartait…Il m’en voudrait beaucoup s’il venait à savoir que son bel ange avait eu besoin de dormir avec quelqu’un et que je ne l’avais pas fait entrer.
--- C’est bon, je t’ouvre.

J’entrai dans mon lit enfin, après que Angel se soit couché dans le lit de Flo en me disant un merci cuisant. Au fond de ses yeux, je voyais le triomphe. Pourquoi personne ne pouvait lui résister? Je regardai mon réveille-matin. Il était deux heures presque et quart… Merde!
J’aurais pus pleurer de rage quand soudain, un poid me sauta sur le ventre et me fit sursauter.
---Rrouaouawwwwwww!
Deux ronds brillants me fixaient.
--- Oh! Passe-Poils! Merde!
---Miaouw!
---Qu’est-ce que tu veux? Tu veux que…
Soudainement, un éclair me traversa la tête… Ce chat mangeait toujours vers 10h00, juste avant que je me couche. Il n’avait pas eu sa ration!

À SUIVRE...

vendredi 20 avril 2007

Sangria et soleil

On lève nos derniers verres de sangria (maison) à notre courageuse coloc qui s'en va faire un douze heures cette nuit dans sa clinique. Dommage qu'elle n'ait pas pu se joindre à nous pour cette inauguration officielle de la galerie. C'est innondés du soleil de fin d'après midi que nous avons bu, à trois, notre premier pichet de sangria!
Ça sent les vacances!

Sandy à l'envers

Il y a beaucoup de désavantages à travailler de nuit. Le plus grand des désavantages, quand on est une petite fille qui a besoin de beaucoup de sommeil pour fonctionner normalement, est que je ne peux pas profiter des premières belles journées de soleil.
J'ai dormi toute la journée d'hier et toute celle d'aujourd'hui. Pendant que dehors les gens reprennaient vie. Mes colocs n'arrêtent pas de parler du beau temps. Ils commencent à planifier les projets pour les vacances.
Je me sens complètement à l'envers de tout le monde... Pas grave, je vais survivre. Il y a des gens qui ont besoin de leur petite Mère Thérèsa personnelle.
Bonne nuit tout le monde
Sandy
xxx


Bicyclette bonheur!

Je suis allée travailler à bicyclette ce matin!
Hier, je n'avais pas osée, et j'ai regretté.
En roulant sur Sherbrooke en direction Ouest, je me suis sentie comme la petite fille que j'ai été. Comme si je retrouvais un peu de ma Gaspésie natale dans tout ce trafic et cette urbanitée...
Tout à coup, ma vie m'a semblée comme plus légerte.
Pepper-à-vélo

mercredi 18 avril 2007

Les débuts de THE Ex et de Flo.

Quatrième partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé...

Par MAXIMUM

Le band avait fini depuis un bon quart d’heure et la musique d’ambiance se composait d’un agréable medley de morceaux Motown. Les premières mesures de « My girl » commencèrent. Flo se retourna vers ma nouvelle complice, Sandy. Elle déposa son verre vide après avoir fait cul sec et roula une épaule en lui tendant la main langoureusement. Il prit sa main et l’entraîna vers lui. Enlacés, ils se mirent à chanter : «I got sunshine, on a cloudy day… ». Mon autre ami, qui m’avait délaissé depuis que nous étions arrivés ensemble et que Flo avait littéralement kidnappé, maintenant libre, revint vers moi. Traitre! J’ai écrit « bouche trou » dans le front?
---Alors Maximum, ça gaz? Me demande-t’il avec son accent nordique à couper au couteau.
---Depuis quand tu m’appelles « Maximum »?
---C’est Flo qui m’a dit que c’était le sûrnom qu’on te donnait.
Ce sûrnom, « Maximum », me chatouilla le fond de l’oreille. Comme si on me resortait un vieux chandail de laine des boules à mites. Un gros pull chaud que j’aurais porté assidument et puis qu’on aurait rangé sans mon consentement parce que j’aurais trop grossi.
---Ça va ? Tu te sens bien?
Je sorti de ma torpeur nostalgique. C’est fou à quel point je pouvais m’émouvoir pour des conneries. Le grand Vicking avait dû remarquer mon trouble.
---Bien sûr que je me sens bien. Lui répondis-je en m’essuyant le bord des yeux.
---Tu ne m’avais pas dit que tu connaissais ce mec?
---Pourquoi je t’en aurais parlé? Flo n’est pas… Enfin, il est pas… Il n’est plus un ami proche depuis longtemps. On s’était perdu de vue.
Le grand Vicking me coupa.
---Ça fait au moins deux mois qu’on se croise un peu partout dans le village. Tu sais, je t’avais déjà parlé d’un mec aux cheveux noirs, mignon comme tout que je croisais partout…
C’était à mon tour de le couper.
---Comment tu voulais que je fasse le lien? Il doit y en avoir quelques milliers de mecs aux cheveux noirs dans c’te criss de village-là!
Mon collègue commençait à me taper sur les nerfs. C’est vrai! Je ne pouvais pas deviner. Mon sursaut de colère se termina par un de mes cris caractéristiques quand je me sens incroyablement incompris. Le même cris que lance Albin dans « La cage aux folles. » Ou presque...
D’ailleurs, j’en fais une imitation vraiment tordante.
Je n’aurais pas dû l’imiter autant pour faire rire autour de moi pour attirer la sympathie, par contre. Car on me demande toujours de le faire et ça me fatigue! C’est toujours bien vu un gai qui rie de lui par contre.
Ha! Il a tellement d’humour.
Bref, je pausai les mains sur mon visage toujours imberbe et je m’évanouÏs (presque) sur le comptoir.
---Oh! Arrête ton cinéma, Maximum! C’était pas un reproche. C’est juste que j’aurais fait des démarches pour le rencontrer bien avant, avoir su que vous étiez si proche!
« Si proche »? Qu’est-ce que ça voulait dire « si proche »? Je sentis une sorte de rage me monter au visage. Je devais être rouge tomate parce que les yeux de mon ami le Vicking se sont arrondis avant même que je sorte un seul son de ma bouche.
---Nous ne sommes pas « si proche »! Ça doit bien faire sept ou huit ans qu’on s’est pas parlé!
---Il m’a dit que tu l’avais rejoint au téléphone l’année dernière.

C’était vrai. J’avais fait mon coming out l’année d'avant seulement. J’en avais assez de me taper des mecs en cachette dans les toilettes du sous-sol de L’UQÀM. Ou au parc Lafontaine. Et puis, j’avais croisé une amie commune du secondaire et ça faisait juste une semaine que j’étais sorti du placard et je le disais à tout le monde. J’étais trop fier. Et puis, elle m’avait dit qu’elle avait revu Flo à un party, il y avait cela quelques mois et que lui aussi était gai et qu’il serait sûrement heureux de reprendre contact avec moi. J’avais trouvé l’idée séduisante et en entrant chez moi, je m’étais précipité sur le téléphone. Si j’allais vite, je n’allais pas avoir d’hésitations de dernière minute. Comme si ça allait être ma porte d’entrée pour un monde de rêve. Comme si Flo allait devenir mon guide dans un night life remplis de beaux amants musclés. Et bien, ça avait été très boiteux comme contact. J’avais joué un peu les divas au début en me faisant mystérieux :
---Devine qui c’est?
---Heu… Désolé… Je ne vois pas. Tu peux parler encore? Juste pour voir.
---Parler, parler, parler… Mais qu’est-c’que tu veux que je te dise, mon chou?
---Désolé, je pense que vous vous trompez de numéro, je connais personne qui m’appelle « mon chou »…
---Attends! C’est Maxime! Un fantôme de ton passé.
---Maximum?
---Max, ton ami du secondaire?
---Max? (il y eu un silence où je transpirai beaucoup), c’est fou comment ta voix a changé!
---Et oui! J’ai eu ma puberté, moi aussi!
J’étais tellement offusqué. Je me la jouais complètement désinvolte, mais lui, il restait froid. Finalement, mes grandes portes vers le paradis se sont refermées et j’ai dû faire ma découverte du village tout seul, comme un grand garçon. Par la suite, on s’était croisé quelques fois, au Sky, ou dans d’autres bar, mais sans reprendre un véritable contact. Il avait toujours été sympathique, mais jamais cordialement engageant. En repensant à cette histoire, je me senti soudainement comme une vieille chaussette sale. Je me découvrais un peu comme l’objet d’une machination.
---Il m’a dit que lui aussi m’avait remarqué. Me lança ce grand dadet d’ami qui se tenait à côté de moi.
Comme si on ne pouvait pas te remarquer. Tu fais chier avec ta belle gueule!
---Il n’attendait que la bonne occasion,
a-t-il poursuivi.
Moi, je commençais à attendre la bonne occasion de partir. En attendant la bonne occasion avec qui voudra bien de moi! Je me refuse d’être la bonne occasion de quelqu’un qui n’est plus mon ami! Na!
---Qu’est-ce que tu as ce soir, Max?
---Oh! Rien… Je ravalai. Je pense à une paire de bas sales qui attendent que quelqu’un les lavent.
Grand Vicking me regarda, perplexe, et sans chercher à me comprendre, il détourna à nouveau son regard de moi pour aller le déposer sur le postérieur de mon supposément très bon ami du secondaire. Le chien continuait à danser avec sa ravissante compagne. J’étais seul au monde!
---En tout cas, il est vraiment mignon ton copain!
Je retins un : « Ce n’est pas mon copain! T’es bouché ou quoi? Il m’utilise pour coucher avec toi! C’est tout! », ou quelque chose du genre. Dans l’ordre ou le désordre. J’étais fatigué de me débattre comme un noyé dodu dans un océan de pétards! Je pris ma coupe, dignement, et je décidai d’évaluer les capacités physiques du profiteur qui fut mon ami dans une vie antérieur.

Flo est petit. Petit de taille et petit de corps. Pas mon genre! Dans ses pieds, il avait des basquettes rouges vifs. Un peu négligé tes basquettes! La semelle décolle! Dommage! Il portait un vieux jeans pourri agrémenté d’un (je dois l’avouer) très beau patchwork. Les pattes d’elph lui donnait une certaine allure, fallait le dire. Il se retourna… Question cul… Ouais, bon, il est joli son cul. Petit mais joli! Un petit cul bien rond comme Le Grand Vicking (la langue pendante) les aime! Je remontai. Le torse, qu’il a aussi petit, (il avait commencé à s'entraîner, j'en étais sûr!) était bien découpé dans un T-Shirt couleur « coucher de soleil » Bon, côté vestimentaire. Il n’avait pas changé. Déjà jeune, il s’habillait toujours pour paraître original. Même dans notre uniforme du secondaire, il s’arrangeait pour y mettre des signes distinctifs. Un artiste! Son visage? Bah!… Pas de quoi en faire un plat : Des petits cheveux courts, bouclés très serrés et très foncés, des petits yeux verts de beagle, un nez fin, des lèvres charnues… Salope! Et une mâchoire carré. Oui, bon. Il est mignon, Flo. Assez mignon. Si on aime les petits à l'air piteux, il va sans dire.
---Pas mon genre! Lançais-je, en faisant une bitch de moi.
---C’est le mien en tout cas!
---Ha! Vraiment? Heu… Vic?… Rentre ta langue, tu baves sur le comptoir.

Sandy et Flo revinrent vers nous. Les deux avaient les visages rayonnants de bonheur. Sandy regarda mon ami le Vicking, qui n’avait de yeux que pour …On sait qui.
---On t’as déjà dit que tu ressemblais à un Vicking avec tes cheveux blonds aux épaules?
---On lui dit tout le temps, chérie!
Chacun senti, dans ma ligne, un sarcasme vengeur. Ça avait été plus fort que moi. C’était juste trop con que se soit Sandy qui écoppe pour ma colère grondante. Je grinçais comme une vieille porte qu’on a malmenée sans lui huiler les pentures. Mal à l’aise, Le Grand Vicking, chevalier de ces dames, vint à la rescousse. Il tenta de faire fit de l’orage qui semblait poindre à l’horizon.
---Alors? On bouge? On fait quelque chose?
---Moi, je suis crevée! Lança Sandy en regardant par terre.
---Je vais te racompagner. Répliqua Flo, comme s’il était un bon petit mari.
---Arrête un peu. Tu peux rester, Flo. Je vais me débrouiller toute seule.
---Je ne veux pas que tu rentres chez toi toute seule. Lui répondit-il.
Sandy le regarda en serrant les dents et, sans savoir pourquoi, ma bouche s’ouvrit et…
---Je peux aller te reconduire, Sandy. Si tu veux. J’ai ma voiture.
Elle me sauta littéralement dessus. Mais pourquoi? Pourquoi, Dieu, c’était toujours plus fort que moi de jouer les boniches?
---Excellent! Je n’ai pas le goût de marcher, monter la côte… Restez ici vous deux. Allez! Dit elle en regardant deux hommes dont l'histoire d'amour commençait à peine, mais dont les répercussions allaient se faire sentir jusqu'à aujourd'hui...
Elle embrassa Vicky, le Vicking, qui souriait exagérément. Quand il souriait comme ça, il avait vraiment l’air du dernier des débiles mentaux qui attend son tour pour aller faire pipi. Et moi, je devais avoir l’air du dernier des gros jaloux! Elle embrassa aussi Flo, qui souriait aussi, mais d’une manière plus subtile. Énigmatique. Il lui chuchotta quelque chose à l’oreille. Quoi? Le repas est servi sur un plateau d’argent et on fait la chochotte! Je rapprochai mon oreille pour entendre, presque malgré moi.
---Sandy! Tu me fais pas ça? Lui dit-il.
---Arrête de faire la vierge effarouchée! T’es un homme ou une lavette?
---Une lavette!
---Il est merveilleux.
---Tu le connais pas.
---Je le sens!
---Ça sent quoi?
---Bye, Flo! Bonne nuit!
---Sandy… tu sais bien… Pas le premier soir. On le sait : « Premier soir, égale dernier soir! »
---Un jour, y va falloir que tu deviennes un adulte. Elle éleva la voix, se tournant vers Vicking et lui prenant le bras:
---Venez donc manger à la maison vendredi soir. Ça serait excellent!
---Génial! Précipita mon grand vicking d'ami, comme un affamé devant un bol de soupe.
---Vous apporterez le vin. Excellent! Bonne fin de soirée.
Elle m’arracha presque le bras en me traînant dehors. Quand je regardai une dernière fois à l’intérieur du bar, en me retournant vers les grandes vitrines, l’endroit était déjà presque désert. Le beau grand Vicking s’était levé et il embrassait déjà Flo qui n’avait pas l’air de résister. La chance tournait toujours pour les mêmes. Et tac!

À suivre...

mardi 17 avril 2007

Une minute de silence

Nous observerons une soirée de silence à l'appart, ce soir.
Aucune lumière électrique. Des chandelles.
Pour simplement essayer de renverser la tonne de haine qui a été déversée hier aux États-Unis.
Nous sommes tous les quatre complètement chavirés par la fusillade de Virginia Tech. Si une chose pareille étaient arrivée voici dix ans, alors que nous étions tous les quatre aux études... Je ne sais pas si j'aurais eu la force de m'en sortir...
J'ai pleuré une bonne partie de la nuit dans mon service hier. Je regardais mes patients en fin de vie, la pluspart endormis paisiblement, d'autres angoissés par la mort qui était toute près... Et je ne trouvais pas les mots.
Je tiens, en mon nom et en ceux de mes fous d'amour, mes chers colocs, à souhaiter la paix dans le coeur à toutes les familles et amis des victimes d'hier... Ainsi qu'à la famille du tireur...
Sandy
xxx

lundi 16 avril 2007

Une dure fin de semaine pour les 4 fantastiques!

Ben non!!!
Nous ne sommes pas mort!
Nous, les 4 fantastiques, étions K.O.
Vendredi soir (ou plutôt samedi matin!) Nous sommes rentrés très saoul de notre nuit de débauche... Et nous avons continué la fête en voulant écrire un message sur notre blog. Nous avions fumé de la drogue. Nous avions bu. Nous avions entrepris de finir ce qui restait dans les armoires de notre légendaire "party de Crémaillère" du mois passé. Nous buvions en composant un message révolutionnaire, à 8 mains, inspiré par toutes nos paroles "incroyablement intelligentes" qui nous passaient par la tête (Heureusement qu'il n'a pas été publié finalement ce message! Pas sûr qu'on était si intelligent!)... Quand , comble de malheur (Heu...) Miss Twiggy (alias Criss de chat pas de poil laid!) a sauté sur le lapup de Maximum en prennant bien soin d'y renverser trois bières. Finis! Capoute! Over! Pus d'ordi!
Samedi, tous trop "lendemain de veille" pour pouvoir régler le problème.
Sandy, telle la femme invisible, marchait sans faire de bruit et tentait de ne pas rentrer dans les murs en se créant un champ de protection.
Maximum, tel l'homme élastique, rampait de sa chambre aux toilettes pour aller vômir.
Flo, tel la torche humaine, est resté couché avec son nouvel amant- The Ex - et ça sentait le surchauffé dans cette chambre-là tellement ça se "consumait d'amour!"...
Et puis moi, Pepper, j'étais évidement, The Thing, la grosse affaire en roche: Gros mal de bloc. Air de boeuf. Pieds lourds. Démarche pesante et sonore...
Dimanche, on va chez un réparateur. Un ami qui gosse dans les ordis (et qui aime ça!!!) mais il est chez sa mère! Il revenait aujourd'hui. Ce soir.
Donc, maintenant, tout va mieux. L'ordinateur est fraîchement réparer. Notre fabuleux message qui allait révolutionner le monde des blogs et donner la réponse existancielle à toutes les questions du monde entier est malheureusement perdu... Et je suis la première à vous écrire un nouveau message...
Reste plus que le temps se calme à l'extérieur. Tabarnack de temps de chien sale!
J'avais sorti et arrangé mon vélo la fin de semaine passée. Je m'étais dit que je le prendrais ce matin pour aller au bureau. La mi-Avril, c'est en pleins le temps pour dire adieux au métro et commencer à perdre son "ti-tire" pour être belle à croquer dans son costume de bain...
Mais la neige et le vent m'ont complètement découragée...
Flo aussi me décourage.
À chaque fois qu'il retourne avec THE ex, il change. Il a l'air de plus vouloir être avec nous. J'ai peur qu'il se fasse encore mal.
En plus, ça serait poche de perdre un des quatre alors que notre blog fait juste commencer!!!

vendredi 13 avril 2007

Mon meilleur ami


On ex-plo-se trop-trop-trop-trop-trop souvent. On a l'air de s'haïr quelque fois. On se répand. Comme vous pouvez le voir là.
Mais, je l'aime plus que n'importe qui d'autre, mon Maximum. Alors, que ce soit bien clair entre nous, je suis la seule personne à avoir le droit de lui dire des choses horribles! Que je ne vois jamais personne lui faire du mal!
;p
Max? MAXIMUM???
Tu m'appelles sur mon cell? J'ai le goût d'aller fumer une clope pour ventiler un brin. J'en peux plus de ce bureau de merde!
Appelle-moi, toi. Je suis à court de minutes sur mon cell, et je payerai pas si c'est toi qui m'appelle...
PET
XXX
xxx

Les grands questionnements de Pepper

Je ne suis pas une vraie femme, paraît-il.
Je ne me pose pas souvent de questions. Je me pause plutôt des questions!
Hier soir, je mangeais, éfouérée devant la tivi. Le chien qui me regarde et le chat qui me guette du haut de la bibliothèque. Maximum arrive avec son repas gastronomiquement alléchant dans le salon et s'installe à côté de moi. Je sors presque malgré moi de ma torpeur. Mon grill-cheese à l'air d'un tas de marde à côté de son morceau de veau à la jesaispasquoi.
--- Ça va? Qu'est-ce que tu écoutes?
--- (Je grogne quelque chose du genre) Riencéplateenchien!
--- T'as-tu passé une bonne journée?
--- Non. Comme d'hab!
Nous mangeons. Son de tivi. Coma.
Et puis, je suis prise d'une envie soudaine de parler. De m'exprimer. Et oui, ça m'arrive parfois!
--- Je sais pas trop quoi écrire pour être intéressante sur le blog-à-4.
Maximum n'est tellement pas habitué d'entendre le son de ma voix passé 5 heures du soir, qu'il tombe en bas du divan. Le chat et le chien se ruent sur le veau. Max se relève, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
--- Mais écrit n'importe quoi.
--- C'est plate n'importe quoi. Je sais pas... J'ai le goût d'exprimer des choses...
--- Quelles choses?
--- Je sais pas trop... Des choses-là! (Je souffle)
--- Pourrais-tu essayer d'être juste un peu moins claire?
(Je rote)
--- Et aussi d'être un peu plus dégueulasse!
C'est à ce moment que tout est sorti. Miracle!
--- Je voudrais parler des choses qui me font chier dans la vie.
--- Okay! (Maximum commençait déjà à suer d'excitation) C'est bon...
--- Mais je sais pas comment partir... Par où commencer... ???
Maximum lève les bras au ciel. J'ai presque peur qu'il m'embrasse. Finalement il rit.
--- Super simple. Commence par répondre à cette question:
"Qu'est-ce qui te fait le plus chier dans ta vie actuellement?"
Finalement, je ne suis pas plus avancée qu'hier. Je ne sais pas si c'est le fait que ça fait PLUS QUE 3 ANS QUE J'AI PAS BAISÉ!!! ou bedon SI C'EST MON OSTIE DE JOB-PLATE-DE-POTICHE-QUI-FAIT-DU-CAFÉ-POUR-DES-AIRS-BÊTES qui me fait le plus chier dans ma vie présentement...
Et présentement, je suis à la job et je me fais royalement chier.
Me masturber dans les toilettes?
Been there, done that!
Et vous? Qu'est-ce qui vous fait le plus chier dans votre vie actuelle?

jeudi 12 avril 2007

Comment j'ai retrouvé Flo et rencontré Sandy...

TROISIÈME partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé
Par MAXIMUM
Première partie - Deuxième partie
" ...Je demeurais sous le choc. Que Flo me salue n’avait rien de neuf, mais qu’il se jette littéralement sur moi de la sorte me sidérait. Nous nous connaissions depuis l’école primaire, nous avions été très bons amis en cinquième année, vers 10 ans. J’allais toujours dormir chez lui ou il venait passer ses fins de semaines chez moi pendant que ma mère travaillait. Il avait été un ami très précieux lors de cette année où mes parents divorçaient. Nous avions été accepté au même collège privé pour y faire notre secondaire, mais vers treize ou quatorze ans, nos rapports s’étaient brouillés. Je n’avais jamais vraiment compris les raisons. Seulement que, du jour au lendemain, sa voix commençait à changer et il ne s’assoyait plus avec moi dans l’autobus, mais complètement au fond. Moi, je restais avec ma petite voix de fausset, mon visage sans poils, assis sur les bancs du devant avec les petits et les filles. Je me sentais toujours mieux avec les filles de toute façon! D’ailleurs, son amie Sandy me charmait complètement. Après seulement une heure en sa compagnie, je sentais déjà poindre une complicité naissante. Dire que j,ai failli tout faire rater! Elle ressemblait vraiment beaucoup à la chanteuse qui jouait dans Grease… Comment elle s’appelle déjà? J'avais un blanc!
--- Olivia Newton-John.
---C’est ça! Exactement! On t’avait déjà dit que tu lui ressemblais?

--- On me l’dit tout le temps! Me répondit-elle.
---Je peux pas croire que tu sois lesbienne!
Elle s’étouffa dans son martinis. Elle posa le verre sur pied et me regarda, très sérieuse.
--- S’il - te – plaît! Je suis gaie, pas lesbienne! Je peux pas supporter ce mot! « Lesbienne » On dirait une maladie honteuse, ou une revendication passé date!
Je ris.
--- Mais, c’est pourtant le mot du dictionnaire…
Elle me coupa.
--- À chaque fois que j’entends ce mot, je me vois avec 50 livres en trop, une camisole, pas de brassières pis les cheveux court sur le dessus pis long derrière.
---Tu aimes mieux « gouine »?
---« Gaie »! J’aime mieux « gaie »!

Elle commençait à s’énerver, il me fallait la reconquérir.
--- Et « Sandy »?
--- Excellent! Me lança-t-elle, en retrouvant son sourire. Elle reprit sa coupe, piqua l’olive avec le petit bâton de plastique rose et suça le petit fruit amer tout en le faisant glisser le long de sa lèvre inférieure, en détournant le regard de moi, pour le promener vers Flo qui conversait à grand coup de rires et de yeux doux avec mon ami.
--- Flo m’avait jamais parlé de toi! Me piqua-t-elle, presque ironique.
--- Nous n’avions plus eu de contact depuis la fin du secondaire. Répondis-je, soudainement très mal à l’aise.
--- Et vous étiez proche?
Elle jouait à la bitch, comme si j’allais me laisser faire!
--- Assez… Juste assez pour pouvoir sentir qu’il était temps de se séparer!
--- C’est dur pour vous, les hommes, de découvrir que vous êtes gai à l’adolescence. Me coupa-t-elle, changeant complètement son gouvernail de direction.
--- Est ce une question?
--- Plutôt une constatation. Flo ne me parle jamais de son secondaire. Ça fait trois ans qu’on est inséparable et le plus souvent, j’ai l’impression qu’il a commencé à vivre à ce moment là! Je sais pas beaucoup d’histoires de sa vie d’avant l’université.
--- Peut-être parce que tu parles pour deux!
Elle me regarda intriguée. J’eu peur qu’elle me foudroie avec son petit bâton de plastique rose… Mais, au contraire, son visage intrigué se changea en un sourire.
--- Moi, si j’avais eu une amie gaie comme moi, au secondaire, je crois que j’aurais tout fait pour la garder près de moi. Je me sentais tellement seule à seize ans.
--- On est deux!
--- Je t’aime bien, Max! Me foudroya-t-elle finalement avec gentillesse. Et vlan! Et elle ajouta : « Je dis ce que je pense! » Son visage s’illuminait de plus en plus.
"Dieu que cette fille est gentille." que je me dis.
C'était notre première conversation."

mercredi 11 avril 2007

Coupable!

Je le sais que je n'aurais pas dû!
C'était une très mauvaise idée de lui retomber dans les bras!
/
Mais il y a des soirées comme ça où on a envie de croire que...
Je sais pas trop...
/
J'avais envie de baiser et c'était facile avec lui.
/
Je sais qu'on n'a plus rien à faire ensemble...
Je sais qu'à chaque fois je retombe dans le panneau...
Je sais que je me fais mal à chaque fois...
/
Mais vous êtes là, les amis...
Juste au cas où j'aurais envie de me recasser la gueule!
/
Merci pour Hubert ce matin!

FLO
XXX

Quotidien poche

Mardi soir. Hier c'était mardi soir et mes colocs étaient encore sortis! Ils deviennent de moins en moins sérieux! J’ai trouvé, en revenant du boulot, une petite note griffonnée en pattes de mouches sur la table de la cuisine.


« Pepper, on est sorti tu sais où. Peut-être que Tonigth is the nigth! Viens nous rejoindre si ça te chante! En tout cas, ne déprime pas toute seule! J’espère rentrer tard! Très tard!
P.S. Maximum est pas vraiment fâché contre toi!
Ton frère, Flo.
XXX »

J’aurais pus prendre une douche rapide et courir les rejoindre. Mais, j’avais eu un mal fou à choisir ce que j’allais manger. Et L’horloge grand-père du salon marquait déjà presque minuit et je travaillais demain. Je travaille toujours demain. Ainsi que l’autre jour d’après et ensuite un autre jour encore. Ça faisait encore trois matins à me lever. Donc, si j'étais sorti hier soir, ça m'aurait fait trois réveilles pénibles. Trois horribles matinées à me battre contre le snooze de mon réveil-matin. Trois affreux « six heures du mat » à me torturer pour m’extirper hors de mon futon. Je ne me sentais pas l’énergie. Et puis j’avais rien à me mettre de propre. Il aurait fallu que je fasse du lavage. Je n'ai même pas su quoi me mettre ce matin avant de partir travailler. J’aurais dû faire du lavage hier soir au lieu de regarder la tv. J’aurais pus aller prendre une seule bière aussi. Ça m’aurait fait du bien. Une seule petite bière… Qui aurait fini en shooters de fort à quatre pattes en dessous du comptoir. Je me connais. J’aime trop l’alcool. Je suis donc restée raisonnable et hier soir j’ai résisté à l’appel du party pour me coucher tôt et… Minuit a sonné et j'étais encore en train de pitonner devant la tv! Et ça faisait au moins depuis 8h00 que je zappais d’une chaîne spécialisée à une chaîne d’informations pour trouver quelque chose pour me sortir de ma torpeur. Je le savais que j’allais être épuisé de toute façon pour le restant de la semaine. J’aurais dû aller les rejoindre! Trop tard maintenant!
Là. En ce moment. Je m'endors devant mon ordinateur. Et ma boss me fait chier!

Résultat soirée moyenne

Nous sommes sortis à trois hier soir (Pepper n'est pas venue nous rejoindre)
Nous avons bu. Nous nous sommes senti très vieux par rapport à la masse très jeune qui avait envahie les lieux. Nous avons donc encore plus bu!
J'ai tenté de sourire à plusieurs pétards, mais aucun ne m'a retourné mes sourires.
J'ai payé des tournées de shooters.
Sandy n'a pas arrêté de chialer sur la musique: "Avant c'était vraiment meilleur!"
Je lui ai payé des Vodka canneberge pour la faire taire.
Elle a fini par me pleurer sur l'épaule.
Flo a revu THE ex (Le vicking!), et il a disparu.
Sandy et moi l'avons cherché partout. Sous une table, nous avons trouvé une de nos connaissances. Il nous a dit qu'il l'avait vu embarqué dans un taxi avec THE ex.
Nous sommes rentré en taxi.
En rentrant dans l'appart, les souliers de THE ex étaient dans l'entrée.
...
Je viens d'appeler à l'appart.
Sandy m'a dit qu'elle vient de promener le chien.
Ils ne sont pas encore sorti de la chambre!
...
Réunion de coloc en vue!
Signé:
MAX

mardi 10 avril 2007

C'était à l'époque où on enfumait encore les bars...

Deuxième partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé
Par Sandy

Le pub débordait d’une peuplade masculine parfumé, entassés les uns sur les autres, comme dans le métro de Hongkong à l’heure de pointe. Une chaleur suffocante s’agrippait à ma robe d’été et la fit se coller à ma peau. Chaque pied carré semblait occupé par un mâle en chemise à manches courtes. Je me sentis soudainement un peu à l’étroit. Flo, qui se tenait derrière moi, scrutait la foule et semblait attendre ma décision.
--- Passe devant, lui dis-je, je te suis.
Il prit ma main (comme d’habitude) et m’entraîna à travers la horde d’hommes jusqu’au bar aux couleurs royales qui trônait en plein milieu de l’endroit.
--- Tu veux un martini? Me demanda-t-il.
--- Oui, comme toi. Lui répondis-je, en analysant l’endroit. La sortie la plus proche se trouvait à ma droite. Les toilettes à gauche, un peu plus au fond. Et tout au fond complètement, il y avait la sortie de secours. Parfait!
---Ça va aller ici? Tu te sens bien?
Je répondis à mon ami par un sourire. L’angoisse avait disparue. Du moins, elle était devenue gérable. Avec Flo, l’angoisse ne durait jamais longtemps. Il prenait toujours en considération mon agoraphobie et installait, à chaque fois, un climat de sécurité dès que nous entrions dans un lieu exiguë. Je savais que si j’avais une soudaine crise de panique, je n’aurais pas à me justifier, j’aurais juste à lui dire que mon souffle s’alourdissait et il écarterait la foule d’un geste de la main comme Moïse avait séparé les flots de la mer rouge.

Les mardis soir se transformaient en soirée bon chic, bon genre. Nous n’avions pas le look, mais nous avions l’allure et la classe. Ce pub offrait des nuits de jazz, avec des bands inconnu mais terriblement talentueux. Il ne nous restait qu’à fournir nos esprits de bohêmes, et l’argent pour se payer un scotch ou un martini. Flo fumait ses cigarettes… Moi, je préférais, à l’occasion, fumer le cigare. Je me racontais des scénarios. Je m’imaginais être une de ces femmes de lettres très chic d’un New York année cinquante, ou d’un Boston, année quarante. Et plus la soirée avançait, plus je divaguais, et à la fin de la soirée, je me retrouvais souvent avec l’allure d’une pute de maison close mal famée d’un quartier sombre de Chicago à l’époque de la prohibition. Mais, je demeurais une femme de mon temps. La plus part du temps. Mon martini à la main, je regardais autour de moi et ce qui ne correspondait pas à mes rêveries, je le biffais. Je ne suis pas folle, au contraire. Juste un peu saoulée par la vie.

C’est à peine si je remarquai la présentatrice annoncer le deuxième set du groupe. Je me réveillai pendant les applaudissements et les hurlements mâles. Bon, il ne s’agissait pas de hurlements de gros footballeurs qui vident leur pichets de bière flatte au Peelpub, il s’agit plutôt de cris de folles cuvant leur alcool. Mais, je considèrerai toujours ces derniers comme étant eux les vrais mâles… Enfin, les mâles que j’aime. Une grosse chanteuse black escalada la scène. Je jetai un coup d’œil à mon bel ami aux cheveux d’ébène, il se grillait une cigarette en me faisant un sourire. Il m’avait dégotté un tabouret et il restait debout, le coude sur le comptoir brillant, comme un vrai gentleman. Déjà, plusieurs chasseurs l’avait repéré dans leur viseur. Ils rodaient, presque subtilement. Lui, mon ange gardien, ne s’en préoccupait pas. Il me regardait. Je pouvais me laisser aller sans peur. Mon regard retourna à la scène. L’énorme chanteuse était vraiment… Immense. Immense, dans sa grande robe longue de paillettes bleues ciel et argent qui pétait comme un feu de bingalle. Immense avec ses mains caressant le micro, ses doigts bijoutées, coiffés par des ongles rouge, presque violette, très long. Immense quand elle ferma ses faux cils sur ses yeux et que les premières mesures d’une chanson d’Aretha Francklin se fit entendre. J’eu un court circuit tout le long de la colonne vertébrale quand j’entendis sa voix. Elle chantait comme une condamnée à mort qui embrasse l’être aimé pour la dernière fois. L’émotion se mélangeait à l’épaisse fumée de cigarettes. Je repensais à Viviane. L’ambiance se dessina en fins traits de douce nostalgie. La couleur de la soirée venait de naître. Je sais que je suis souvent trop intense, mais il n’y a pas d’autres moyens de bien profiter de la vie et je m’en foutais, après tout, si mon cœur débordait toujours de larmes. Ce soir, je crois qu’ elles étaient faite de bonheur.

Je jetai un œil humide à Flo. J’avais envie qu’il me sourit en levant les yeux au ciel et qu’il me dise : « Tu es vraiment la fille la plus pathétique que je connaisses! ». Et…
Mais où était-il ? Il avait quitté son bout de comptoir et ne se trouvait plus à côté de moi. Avait-il au moins remarqué cette déesse afro-américaine?
Merde!
Je scrutai le lieu enfumé et je l’aperçus, après moins d’une minute de panique, à l’entrée avec deux mecs. Un petit roux, plus dodu, à cravate et un autre, plus grand, avec les cheveux chatain bouclés et des yeux perçants. Je ne les connaissais pas. Flo serrait la main du plus petit, mais semblait s’intéresser au grand vicking.

lundi 9 avril 2007

Les complaintes de Max - Première

Je viens tout juste de rentrer de mon congé de Pâques.
Qu'est-ce que je trouve en rentrant?
La cuisine dans un état lamentable!!!
Il y a rien que me fasse plus chier que de rentrer à la maison, avoir le goût de me cuisiner un bon petit plat, et avoir à me taper une heure de vaisselle avant de pouvoir bénificier d'un chaudron propre et d'un bout de comptoir.
SHAME ON YOU, PEPPER!!!

samedi 7 avril 2007

Fantasme ultime de Sandy

Hum! Elle ressemble à mon ex en plus!!!
Moi aussi je pars pour le long congé!
Joyeuses Pâques à tous!

Fantasme ultime de Flo

Rafaël Verga. Ouch! Ça fait mal!
Je pars pour le long week end de Pâques! Bonnes vacances à tous!

vendredi 6 avril 2007

Début d’été, début de soirée

Première partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé
Par FLO
"Le fond de l’air gouttait encore l’averse de début de soirée. L’asphalte demeurait mouillée par endroit. Il s’agissait surtout de cette odeur humide, en fait. Ça me rendait mélancolique. Cette odeur âpre des pluies de printemps, du goudron chaud qui a pris une douche froide, me donnait la preuve, encore une fois, que l’été s’installait bel et bien pour quelques mois sur Montréal. Cette sensation d’air trop lourd. La difficulté de faire entrer l’air surchauffé par mes narines et oxygéner correctement les moindres cellules de mon petit corps me faisait presque tourner la tête. Je ressentais ce sentiment noir (et connu) s’installer et me donner de fortes pressions sur ma cage thoracique. Je la sentais s’écraser, se broyer… Je portais toujours, à tous les jours, cet indéfinissable envie de mourir. J’avais envie de disparaître même si tout le monde ne pensait qu’à se montrer. Tout le monde transpirait d’un grand besoin de baiser et tout cela annonçait l’été. Je déprimais sur mon minuscule bloc de ciment qui voici encore quelques semaines se faisait gruger par le calcium.
--- Pourquoi les personnes à qui on donne notre numéro de téléphone dans les bars nous rappellent jamais?
Il s’agissait De Sandy, dont j’avais presque oublié l’existence, qui revenait les mains débordant d’assiettes de carton mous sur lesquels étaient alitées des pointes de pizzas à 1 dollars achetées à la pizzeria cheap d’en face. Je levai la tête et lui souris.
--- Parce que c’est toute une bande de sans dessein!
Elle rit. J’avais formulé une bonne réponse.
--- Pousse-toi un peu, Flo. Me lança-t-elle. J’veux pas m’asseoir dans l’eau.
Je me poussai de trois fesses pour donner une place sèche sur mon trottoir à mon amie. Du coup, ce fut mon cul qui se retrouva à la trempette. Elle rigola encore.
---Excellent!
Je lui pris des mains un morceau flasque de pizza en lui forçant un sourire qui devient sincère. Je ne pouvais pas me fâcher contre Sandy. Elle demeurait, sans doute d’ailleurs, la seule et unique personne contre qui je ne faisais jamais de colères mémorables. Même si la soirée ne s’annonçait pas géniale, même si mon cul imbibait tel une éponge, une flaque douteuse… Et même si la pizza gouttait le carton au mauvais mozzarella.
--- C’est génial! Ironisais-je.
--- Quoi ? Me demanda-t-elle, la bouche pleine.
--- C’est carrément dégueulasse!
--- Je sais! Mais, c’est juste pour remplir un trou… Avant de passer à la phase deux de la soirée .
Il s’agissait exactement de cette fameuse phase deux qui attaquait le fond de mon estomac. Il se nouait et gargouillait. J’angoissais sur la phase deux. Pourquoi sortir encore et encore en espérant trouver le prince charmant? Je suis loin d’être Cendrillon! Je replongeais, comme ça, pathétiquement, dans mes pensées noires en fixant mes pieds qui reposaient dans la rue. Je pensais à une scène de film, je ne sais plus lequel, un film québécois des années soixante-dix, où Elise Guilbeault se fait couler du ciment sur la tête. Elle meurt engloutie par des tonnes de ciment frais qui durcira et l’emprisonnera à jamais. Je m’imaginais aussi être de la grosseur d’une fourmi, attrapé par de l’asphalte frais, asphyxié par l’odeur du goudron qui prend du soleil en pleine gueule un jour de juillet. Salope d’été! Tu auras ma peau.
---Tu sais pas qui j’ai vu tout à l’heure quand j’attendais en ligne pour la pizz? Me demanda Sandy comme si elle me lançait une corde pour me sortir d’un trou très profond. Je regardai la corde pendre.
---Non.
--- Tu t’souviens de May?

---Non.
--- May! Mais oui, tu te souviens.
---May? Dis-je, sans vraiment réfléchir, mes yeux n’arrivant plus à se détacher des reflets de néon que la flaque d’eau, sous mes cuisses, transmettait
---May! Tu te souviens pas? La belle petite brune qui avait l’air d’une chinoise? Mais oui! Je lui avais donné mon numéro de téléphone le mois passé!
--- Quand on est sortie dans ton bar de gouine?
---Non! Pas dans MON bar de gouine, dans LE bar de gouine!

Je me souvenais très bien, mais j’aimais tester les limites de mon amie à grands coups de mauvaise foi!
---Et alors?
---Alors rien.
Me rétorqua t’elle.
Je me retrouvais bien puni de mon manque de coopération, elle boudait même si elle venait de remporter la partie en m’intéressant à son histoire. J’étais coincé dans un flash-back. Je me rappelais de cette soirée et de cette brunette aux mèches folles. Sandy et moi avions abouti dans un bar complètement ringard (pour femme seulement) en désespoir de cause il a de cela cinq ou six semaines. La soirée nous tombait dans les jambes après avoir été très (peut être même trop) bien arrosée. Nous désirions encore plus de cette soirée. Nous voulions danser la tête dans les vapes encore toute la nuit. Mais, nous voulions aussi découvrir, explorer et nous faire surprendre. Nous n’étions pas encore assez saoul pour risquer un endroit cuir, quoi que Sandy insistait pour se coller une moustache et défier les doorman.

Le bar où Sandy me traîna se situait dans un deuxième étage d’une poste désaffectée. Je failli ne pas pouvoir entrer, mais Sandy convint la grande black du vestiaire déguisée en bulldog. De toute façon, l’endroit était presque désert. La piste de danse n’accueillait que deux grosses femmes à la coupe Longueuil, les deux dansant complètement à l’opposée l’une de l’autre. Une devant un speacker, l’autre devant un ventilateur géant. Je regardai Sandy de mes yeux de chien battu, vérifiant si elle assumait toujours. La black qui venait de prendre mon coat jeans m’attrapa le bras.
--- Eh! Tu oublies ton ticket, ti-gars!
---Merci!

Elle me ramena à elle en m’agrippant un peu plus fort.
---J’te laisse rentrer parce que t’es avec elle, mais tout seul, penses-y même pas!
Je ne relevai pas. Dans ma tête, par contre, je lui fis un magnifique plaidoyé, sur le ridicule de se ghettoïser, que la guerre froide que se livre les lesbiennes et les moumounes à grands coups de regards condescendants et de propos réducteurs n’était pas mieux que les propos haineux qu’on les gros hétéro à notre sujet en buvant leur 50! Et je me rappelai de tous les mots que j’avais employé en persuadant Sandy qu’il était meilleur pour notre santé mentale de ne pas aller dans un bar de cuir! Je cherchai des excuses à envoyer à je ne sais qui. Et ne trouvant personne, je demandai pardon à Dieu, en lui demandant de faire le message.

L’endroit était sombre, éclairé au black light, ce qui faisait ressortir, non seulement les dessins psychédéliques des murs, mais aussi et surtout nos blancs de yeux et nos magnifiques dents jaunes. La musique par contre me redonna espoir. C’était un mélange de musique de mon adolescence, de l’alternatif anglais, ou du gros disco made in USA. Cinq minutes plus tard, nous gesticulions sur la piste de danse comme si nous nous retrouvions en 1980, à New-York en train de passer l’audition pour entrer à la brillante école du film Fame. Sandy et moi perdions toujours la notion du reste en dansant. L’air et l’espace s’emplissait de notre folie passagère et nos yeux s’allumait sur le moindre geste de l’autre pour ne rien perdre de ses prouesses chorégraphiques. Soudain, le contact avec Sandy se brouilla (et c’est ici qu’entre en scène la fameuse May). Une ravissante petite femme au maquillage élaboré roulait du bassin et de la tête tout près de nous, enfin près de Sandy. Cette dernière l’avait remarqué, évidemment. Prétextant que Mélissa Ethridge ne lui plaisait pas, elle me fit signe qu’elle avait soif. Nous nous sommes donc rendus au bar pour commander une bière.
---Tu m’donnes mes sous?
J’étais le gardien de la bourse. Sandy se refusait de traîner un sac à main ou un mini sac à dos pour y mettre son portefeuille, donc, ma poche gauche servait pour sa monnaie et ses clés. Je lui donnai son argent.
--- Tu as un papier et un crayon?
Je découvris un vieux trac, dans ma poche arrière, qui annonçait un spectacle de dragqueens dans un nouveau bar dans l’ouest de la ville. Je le déchiffonnai et le lui donnai. Mais, aucun crayon sur moi!
---Demande à la barmaid, lui suggérais-je.
Derrière le comptoir massif, une fille en camisole blanche dont les gros seins et les gros bras débordaient, s’approcha de Sandy qui lui avait fait un signe de la main. Elle se pencha pour bien entendre la proposition dans le creux de son oreille et se redressa avec le regard pathétique de la personne qui attend son tour depuis des années et qui voit qu’il n’est pas encore arrivé. Elle alla chercher deux Bleue dry et un stylo. Je payai pendant que Sandy encrait son identité sur le bout de papier. Elle le plia, le garda dans sa main et trinqua en me faisant un sourire. May, dont nous ignorions encore le nom à ce moment, fit semblant de ne pas avoir observé minutieusement nos moindres gestes en redoublant d’ardeur sur du Depeche mode.
« I’m taking a ride with my best friend… »
Je regardai Sandy, elle portait la naissance de toutes les étoiles dans les yeux. Je fis un tour rapide, scrutant l’obscurité bleutée du bar pour voir si je ne me trouverais pas une raison pour faire naître des étoiles dans mes yeux aussi.
Rien.
Que des filles. Ou quelques meilleurs amis, mais soit trop vieux, soit trop grand, soit trop maigre. Soit les trois. Je me retournai vers ma collègue. Elle finissait déjà sa bouteille. Elle l’avait engloutie sur les premières mesures de Libertine de Mylène Farmer. D’un geste soudainement très masculin, elle posa sa bouteille sur le comptoir collant et me regarda de ses petits yeux brillants comme la méditerranée sous un soleil de plomb :
--- On y va?
Elle s’élança sur la piste sans attendre ma réponse. J’avalai la lie de ma bière froide comme un trou normand et j’allai la rejoindre, l’estomac lourd, en rotant.

Nous ne restâmes pas très longtemps. Je m’arrêtai pour me fumer une player’s light sur le son strident de Indochine (que je déteste!) et leur Canary bay (à chier!). La musique devenait de plus en plus franchouillarde-bidon et je commençais à m’emmerder royalement quand ma blonde amie, après avoir fait une feinte vers sa brune aspiration, me rejoignit en me disant :
--- On se pousse!
Nous sortîmes donc. Nous remontions la rue Sainte-Catherine vers l’ouest sans rien dire. Sandy évitait le sujet de la brunette, quand nous avons entendu des pas de course derrière nous.
---Hé! Youhou! Attends! Hé!
Nous nous retournâmes et nous fîmes face à la belle de la piste de danse qui courrait pour nous rejoindre, le bras en l’air, appelant Sandy.
---Pourquoi tu es parties si vite?
---Pour ne pas m’imposer,
répondit, du tac au tac, Sandy.
---Mais…? Tu ne veux pas qu’on ailles prendre un café? Quelque chose? Demanda l’autre.
---Je suis crevé et je travaille demain. Excusa mon amie. Mais, appelle-moi.
---Tu veux qu’on se revoit?
---J’aimerais ça.
---Mon nom c’est May.

Je me souvenais du sourire satisfait qu’avait eu Sandy après, en faisant route vers chez elle. Je me souvenais encore que je n’avais pas fermé l’œil de la nuit parce qu’elle m’avait assaillit de questions et d’extrapolations sur ce que pourrait être cette nouvelle relation. Je me souvenais que pour la première fois de toute notre histoire d’amitié, et cela même si je dormais avec elle au moins deux fois par semaines, je me sentais comme la troisième roue du carrosse couché à côté de cette amie « âme sœur ». Pourtant, May n’avait jamais rappelé!

De retour à la réalité de se mois de juin trop chaud et déjà humide, Sandy avortait toujours la suite en me privant de son regard.
--- Bon, tu vas pas m’laisser comme ça? Raconte! Raconte tout!
Elle resplendissait quand je la sortais d’une bouderie, même fausse, parce que pour elle, c’était une forme de victoire.
---Elle m’a sorti les excuses classiques du genre : Je voulais te rappeler mais j’étais super occupé… Et j’avais perdu ton numéro de téléphone… blablabla et blablabla…
---Peut-être que c’est vrai!
---Tant pis pour elle!

Il s’agissait là du total et du pur Sandy tout craché! Orgueilleuse comme cent paons qui paradent à la saison des amours.
---Tu aurais pu lui redonner ton numéro! Tentais-je d’excuser la situation, du moins de retrouver espoir dans cette histoire.
---Qu’est-ce que tu penses que j’ai fait?
---Et elle va te rappeler?

---On verra bien! Y’a pas encore de certitudes dans mon destin, je suis encore à marcher à tâtons! Me dit-elle en retrouvant son sourire.
J’aimais cette fille. Je l’aimais parce que toutes les histoires, avec elle, finissait par un sourire.
---Alors ?… Flo, on se bouge? Lança Sandy en se relevant. Elle prit les cartons souillés de mauvaise sauce aux tomates et se dandina vers une poubelle au coin de la rue.
L’heure de l’aventure venait de sonner..."
À SUIVRE...