mardi 21 août 2007

La vie continue

La tornade est passée. Et je peux affirmer avec pas mal d'aplomb que ça va mieux. Il y a encore des vagues de tristesse qui viennent me chavirer les boyaux à l'improviste, mais je ne les contrôle pas. Je les laisse venir. Je cours simplement m'enfermer une petite demie-heure au maximum dans les toilettes... Et ça passe.
L'onde de choc est très grande, et ce même si je n'étais pas proche de ma mère. On ne s'aimait pas beaucoup pour dire la vérité. Je me sentais obligé d'avoir une relation avec elle, parce que c'était ma mère. Il m'a toujours semblé qu'elle était à des kilomètres de moi, de ce que je suis vraiment. Et vise-versa. Depuis que mes parents habitaient à Québec, je les voyais très peu. C'est pratiquement ma grand-mère paternelle qui m'a élevée. Les jours heureux de mon enfance, je les ai passé chez elle, dans sa grande maison à Percé, sur le bord du Fleuve/mer/Golfe St-Laurent. Je n'ai jamais pardonné à ma mère d'avoir exigé que grand-maman soit placée dans un foyer à Gaspé. Elle en est morte. Quand je retournais en Gaspésie, c'est chez ma marraine que j'allais. Et j'arrêtais rarement à Québec...
N'empêche que j'ai pleuré... J'ai beaucoup pleuré. J'ai énormément pleuré. Je ne sais même pas pourquoi j'ai autant pleuré. Je ne pensais même pas pleurer si elle mourrait... Et voilà que j'ai été une chute de larmes. Un torrent de douleurs. Une rivière de désespoire... et de regrets... Pas que je regrette de ne pas avoir été plus "fine" avec ma mère. Nous ne nous entendions pas du tout. Nous étions tout le temps en train de nous chicaner. Mais, la petite fille en moi regrettais les bras de sa maman quand elle aurait peur dans la nuit. Elle regrettait sa maman qui avait toujours les plus belles robes. Elle regrettait la femme qui lui avait montré à se maquiller. Et celle qui, un soir, était venue la chercher en pleine nuit d'orage, dans un village voisin, parce que j'avais fait une fugue et que je regrettais soudainement le conford de ma chambre d'ado... Cette femme-là m'avait serrée tellement fort dans ses bras. Je crois que c'est la dernière fois que ma mère m'a dit qu'elle m'aimait... J'avais douze ans.
Je n'aurai plus jamais de maman. Je n'entendrai plus jamais ses critiques et ses remarques sur mon poids ou mes cheveux. Je ne serai jamais plus comparée à ma soeur (qui est sa copie conforme en plus parfaite!)... Et vous savez quoi, en même temps que ça me soulage... En même temps, ça me fait peur et ça me rends pleine d'une tristesse et d'un vide incroyable...
Bon voyage maman.
Je t'aime.
Ta fille
Pepper
xxx

7 commentaires:

¤Enidan¤ a dit…

Peu importe la relation qu'on entretien avec nos parents, ce sont nos parents malgré tout... À leur départ, on pleure les beaux moments, même s'ils sont rares, mais on pleure aussi les moments qu'on aurait voulu vivre, les regrets et les manques qui n'ont pas été comblés, on pleure sur le "parent de rêve" qui n'existera jamais...

J'ai la chance d'avoir des parents extraordinaires... mais mon conjoint vient de perdre un père dont il n'était vraiment pas proche.. je comprends ta peine...

Je t'offre toutes mes sympathies !!!

Fantastique4 a dit…

Merci de tout coeur!
XXX

Véronique a dit…

Tellement touchant comme billet.

Les relations mère-fille, pas évident ehn ? Il me semble que c'est toujours d'un extrême à l'autre: la guerre/l'ignorance ou la grande amitié. Jamais rien de modéré.

Je suis désolée pour ta maman et mes plus sincères sympathies.

KimY a dit…

Enidan m'enlève les mots de la bouches!

C'est triste tout cela, prend soin de toi ;)

KimY a dit…

ps: toute mes sympathies bella

Catherine a dit…

Enidan a bien dit...
Peut importe la relation qu'on entretien.. le lien de parent-enfant est très difficile à nier, à oublier...

Mes sympathies pour ta perte..

Tu n'as plus de maman, mais tu es entourrée d'amis qui t'aime beaucoup et qui représentent surement en quelque sorte ta famille!

Gros calin!

Anonyme a dit…

C'est la première fois que je vous lis, très touchant ton message. Je ressens pratiquement la même chose avec ma mère à moi. Je te souhaite bon courage dans cette épreuve.
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