jeudi 10 janvier 2008

Horizon

Bonne année 2008!
Voyez loin!
Voyez GRAND!!!

XXX

lundi 24 décembre 2007

dimanche 16 décembre 2007

Sandy monitrice

Quatorzième partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

par: Sandy


Il était midi moins quart et j’avais réussi à laisser mon groupe de douze hyperactifs à une autre monitrice pendant ma grosse demie heure de dîner. Je lui avais dit que j’avais des commissions à faire. Elle n’avait pas oser refuser, mais m’avait regardé m’éloigner avec des yeux de beagles en retenant par un bras un des petits Kaïds qui tentait de défouler son surplus d’énergie sur une petite ronde pleines de tâches de rousseurs.

J’entrai dans le bureau et poussai un soupir de soulagement en fermant la porte derrière moi. Les bruits constants de cris et de jacassements d’enfants s’étouffèrent momentanément. Ce n’était plus qu’un bourdonnement lointain et je me sentais comme en sécurité. Comme enfermée dans un sas blindé pendant que la bombe atomique explosait. Je tombai littéralement sur la chaise, la tête renversée par derrière. Nous étions à la mi-journée et j’avais déjà le cerveau enflé comme une pastèque. Je n’en pouvais plus de chanter, de danser, d’inventer des histoires et de me battre contre les esprits contrôlé par des consoles Nintendo ou Playstation pour qu’ils croient un peu à la magie, non pré-fabriquée, que je tentais de leur inventer. Je n’en pouvais plus d’être une machine à interdictions : « Non, ne fais pas ça! » , « Arrête de te battre… » « Ne cours pas! », « Arrête de pousser tout le temps! » Je n’en pouvais plus de ces parents débiles qui mettaient toutes sortes d’idées préconçues dans la tête de leurs enfants. Ce matin encore, devant mes yeux, il y a ce petit homme, Kevin, un robuste gaillard de huit ans qui est déjà deux fois plus gros que tous les autres, qui traitait mon petit Jean-Philippe de « tapette ». Comme ça. Sans raison apparente, il se met à l’insulter. Je lui dis d’arrêter. Il me regarde avec ses petits yeux provocants qui semblent me mettre au défi. Je commence à lui expliquer le respect des autres, qu’on ne fait pas aux autres ce qu’on ne voudrait que l’on nous fasse. Je lui demande s’il aimerait ça qu’on le traite de tapette, aussi. Il me répond, avec son petit air arrogant : « Moi j’suis un homme, pas une tapette! Parce que moé, j’suis fort pis je pleure pas tout le temps! » J’ai eu l’envie folle de le frapper. De lui crier que déjà à huit ans, il était un gros con. J’ai pensé : « Sors de ton trou d’Hochellaga, pis viens faire un tour dans le Village, Ti-cul, tu vas voir que des gros bras, sûr d’eux-autres comme toi, il y en a des tonnes! » Mais, évidemment, Jean-Philippe, à côté de moi, pleurait à chaudes larmes, ce qui faisait rire tous les autres macaques hyperactifs encore plus fort. Je ne m'avouais pas vaincue. Je leur servis un discours sur l’entraide et sur les préjugés. Je leur ai dit que c’était très étroit d’esprit et qu’ils n’iraient pas loin avec ce genre d’attitude. J’en pris cinq, parmi ceux qui riaient les plus fort, plus Kevin le Terrible et je leur interdis la piscine dans l’après-midi. Le reste de ma matinée se passa dans un calme froid. Je savais qu’ils mijotaient leur vengeance et que demain j’aurais au moins cinq plaintes sur mon bureau. J’avais commencé ce boulot avec la même idée que tout le monde ont des enfants. Vous savez la chanson : « Un enfant, ça vous décroche un rêve..." Je pensais que les enfants ça rêvaient, que ça jouaient, que ça riaient de bon cœur… Maintenant, je sais que la société Nord- Américaine créait des mutants. Des enfants « bof ». Maintenant, les enfants sont ennuyeux comme le canal Météo. Ils ne pensent plus qu’en symboles de jeux vidéos. Ils n’imaginent plus, ils reproduisent ce qu’on leur vend. Les petits garçons se prennent presque tous pour des Ninjas et font constamment des pirouettes (ratées) en pensant qu’ils font des super-savates à la Jean-Claude Van Damm. Les petites filles sont toutes des petites Spice Girl. Elles sont sexy sans savoir ce que ça signifie. Le nombre de blessures à la cheville au camp cet été est hallucinant et il n’y a qu’une raison : Elles viennent s’amuser avec des sandales à semelles compensées! On a tué l’imagination. On a tué Fanfreluche! Et moi, je me bas pour un salaire de misère pour imaginer des chasses aux trésors qui tombent à l’eau ou des Olympiades qui tournent à vide…

Je redressai ma tête, complètement désabusée par la vie en cette fin de siècle. Je regardai le téléphone. Je sortis de la poche de mon bermuda fleuris le petit bout de papier où j’avais écrit le numéro de May. Je regardai l’heure : Midi moins cinq. C’était sûrement l’heure idéale pour l’appeler. Elle ne serait pas là, alors je pourrais lui laisser un message. Je décrochai. Je racrochai. Si elle avait une heure de dîner et qu’elle rentrait chez elle pour manger, elle décrocherait. Je serais obligé de lui parler. Je reposai le combiné. Je détestais ces moments de doute. J’avais tellement peur de faire un faux mouvement que j’aimais souvent mieux ne rien faire. Ça me glaçait le sang…

Bon, allons! Du courage, que je me suis dit. Je décrochai et me mis à composer le numéro. Plus personne ne va manger chez lui de nos jours. Tout le monde est trop pressé. Tout le monde ont des lunchs ou vont au resto. Soudain, je raccrochai. Et si c’était sa journée de congé? Non, personne n’a sa journée de congé un jeudi, comme ça, en plein milieu de la semaine. « Sandy, me dis-je dans ma tête, tu es une femme ou un semblant de femme? » J’inspirai un grand coup d’air climatisé et je décrochai. Mes doigts tremblaient au moindre numéro appuyé, au septième, mon cœur battait aussi fort que celui d’une vierge la nuit de ses noces. Une sonnerie. Ouf! Pas de réponses. Deux sonneries. Ça va bien, toujours pas de réponses. Trois son…
--- Allo?
--- Heu… Allo … (silence)
--- Oui?
--- Je voudrais parler à… Est-ce que May est là?
--- Non. Est-ce que je peux prendre le message?
C’était bien ma chance. Une coloc qui prend les messages. Je savais ce qui m’attendait, soit en lui remettant le message, elle passe un commentaire désobligeant du genre : « Y’a une fille qui t’a appelé. Elle a vraiment une voix de violon mal accordé! » ou encore : « Sandy t’a rappelé. Sandy, c’est celle d’hier ou celle de la semaine passée? » ou encore pire : « Il y a une Cindy qui a téléphoné. J’ai écrit son numéro sur un bout de papier, mais je ne sais plus où il est. » On ne peut pas compter sur une colocataire. Surtout elle. À sa voix, je savais bien qu’il s’agissait d’une ex à May. Une ex un peu jalouse, qui se spécialise dans le sabotages des nouvelles rencontres. « Been there, done That! »
---Heu… Non, merci… je…
---Est-ce que tu es Sandy?
--- Heu… Oui…
--- Ho! Écoute, May répète jusqu’à cinq heures et après elle va souper avec sa mère, mais elle tenait tellement à ce que je te dise qu’elle sera au karaoké. Elle aimerait ça que tu viennes la rejoindre, ce soir.
--- Ha! Le karaoké dans le Village? Répétais-je, un peu bouche bée.
--- Ben oui! Lequel tu veux que ce soit? Écoute, elle arrête pas de parler de toi. Tout le temps à demander si tu l’as rappelé…
Les mots en cascades de la coloc s’enchaînaient à un rythme fou. Elle ne cessait d’accélérer son débit. J’avais l’impression qu’elle ne respirait pas. Je l’imaginai devenir bleu et ensuite violet tout en déboulant les phrases l'une après l’autre. Comme si la fin du monde était pour la prochaine minute. Je la coupai.
--- J’ai failli l’appeler hier, mais… Je n’ai pas eu une minute à moi.
--- Elle comprend. Elle va être folle de joie que tu l’ai rappelée. Alors? Est-ce qu’on se voit ce soir?
« On se voit? » que je me suis dit dans ma tête. Elle va être là?
--- Je pense que oui.

Tout le reste se passe comme dans un souffle, un peu brumeux, et ensuite l’éclaircie. Dédé, elle s’appelait Dédé, la coloc, me raconta que May pratiquait pour une création de danse contemporaine avec d’autres danseurs récemment diplômés. Elle me raconta qu’aussi, les jeudis au Karaoké étaient sacré pour son groupe d’amis danseurs, comme la messe le dimanche l’était pour nos grands-mères. Elle me raconta tout de la vie de May. Elle me tenue au téléphone pendant toute la demie heure de ma pause. Je raccrochai enfin. À bout de souffle. Mais ma poitrine s’emplit d’une douce chaleur. Comme celle qu'on ressent avec le soleil du printemps lors des premières journée de beau temps en Avril.

La vie est bien faite quand même. Maximum, à qui j’avais parlé ce matin même en prenant mon café, m’avait annoncé qu’il me préparait deux surprises. Il n’avait pas dormi de la nuit, mais il avait trouvé la solution pour faire manquer à Vicking sa nuit au dépanneur. De plus, il nous préparait lui aussi une surprise de taille. Sans vouloir m’en dire plus, il avait raccroché en me souhaitant « Bonne journée! »

J’avais très vite composé le numéro de Flo pour m’assurer qu’ils viendraient. J’avais attrapé Pepper, la voix encore enrouée. Elle aussi avait mal dormi. Tout en écoutant à moitié son histoire de cauchemar et de patronne méchante, qui ressemblait étrangement à la belle-mère de Blanche-Neige, je réussis à la convaincre de venir chanter avec nous et surtout d’y amener Flo. Pepper n’était jamais partante au début. C'est pour cette raison que je la connaissait vraiment pas beaucoup! Elle ne sortait jamais! C’était le genre de fille qui doit se faire supplier avant de dire oui. Elle ronchonne quand on essaie de la sortir de son petit confort, mais elle n’était pas trop difficile à convaincre. Elle me dit un « Bon, d’accord! » en soupirant bruyamment et j'entendis sa cuillère tinter sur le rebord de sa tasse pleine de café fumant. Flo sorti de la douche et il eut le temps de m’embrasser par combinés interposé avant que Pepper ne raccroche. Flo semblait en forme, même s’il allait travailler à son Club vidéo. Il devait se douter de nos plans et ça le rendait de bonne humeur de s’y abandonner.

Moi aussi, je m’abandonnais aux plans du destin. Il faisait une chaleur à tuer dehors. Les premiers jours d’un été qui s’annonçait chaud. Ce soir, tous les espoirs étaient permis. Je me levai en ayant l’impression d’oublier quelque chose. J’ouvris la porte. Le vacarme du camp de jour me sauta à la gorge comme une lionne s’attaque à une proie affaiblie. Je fis trois pas et déjà mes mains furent prises prisonnière par deux petites mains moite, une pleine de chocolat, l’autre de, je n’ose imaginer quoi… Je regardai mes escortes. C’était mes jumelles « scotchtape ». Leur sûrnom venait du fait que ces deux petites puces prenaient les moniteurs littéralement en otage. Elles étaient adorables avec leurs longs boudins noirs qui leur tombaient sur les épaules. Elles me regardaient de leurs yeux de jade.
--- Où t’étais? Me demanda l’une d’elles.
C’est quand même beau un enfant!

--- TAPETTE! TAPETTE!!!

Je lâchai les mains des jumelles et je pris l’allure d’une sprinteuse à la recherche de la ligne d’arrivée. Je tournai dans la salle d’Arts Plastiques. J’attrapai Kevin d’un seul élan de la main par la nuque et je serrai.
--- Tu me fais mal! Lâche-moi! Me cria-t-il.
J’étais hors de moi. Je serrai plus fort.
--- Je te lâcherai quand tu auras compris que…
---J’vas le dire à mon père!
--- Ton père me fait pas peur, Kevin! Je veux juste que tu comprennes une fois pour toute que…
--- T’es pas le boss icitte!
--- Toé non plus, Ti-cul! T’es loin d’être le boss… Pis tu vas me dire pourquoi tu arrêtes pas de dire des choses méchantes… Je t’ai dis cent fois d’arrêter!
Kevin devenait peu à peu presque attendrissant. Il retenait ses larmes. Toutes les 30 paires d’yeux étaient rivées sur nous. Les trois paires des autres monitrices aussi.
--- Jean-Philippe a mis du rose dans son dessin. C’est les filles ou les tapettes qui mettent du rose dans leur dessin.
---Qui qui t’as dit ça?
--- Mon père. Mon père y veut pas que je mette du rose dans mes dessins!
Je ne me demandais plus si je devais punir l’enfant. Je me demandais comment tuer le père!


... Et c'est ce soirlà que notre amitié à quatre a vraiment pris tout son sens...

lundi 10 décembre 2007

Max hétéro

Treizième partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

par: Maximum


Le réveil matin digital indiquait 3H28 AM. Je n’avais pas encore fermé l’œil. Je ne paniquais pas parce que je savais que je pourrais passer toute la journée de demain à dormir si je le voulais. Et en plus, j’étais si bien! M. était couché contre moi. Son corps épousant entièrement mon dos enroulé et mes jambes relâchées, dans cette position de cuillère, qui me sécurisait tant. Il y avait le bout de ses doigts glissés tout doucement sous l’élastique de mon caleçon, juste posé sur le début de ma pilosité pubienne. C’était le plus loin que nous allions ensemble dans l’érotisme. Rien de plus, une économie de mots, une économie de gestes aussi, seulement des nuits entières couchés en cuillère.

Après avoir cherché une solution avec Vicking pour qu’il nous accompagne demain soir au karaoké, nous en étions venu à l’affreuse réalité de son boulot de nuit : Il n’y avait personne pour le remplacer. Il était irremplaçable. Pieds et poings liés à son comptoir de dépanneur. Vicking était reparti chez lui, visiblement résolu à l’échec, mais je n’avais pas dit mon dernier mot. Vers 20h00, j’avais attrapé un affreux cafard. Je faisais tout pour rassembler deux mecs, j’avais une nouvelle amie que j’appréciais grandement, mais qui avait une future conquête en vue… Et moi, je n’avais rien. Que du vent! Depuis mon coming out, je n’avais jamais eu d’histoire d’amour, sauf M. Mais M. me faisait plus de mal que de bien. C’était mon ex, la femme de ma vie, April, que j’avais rencontré au cegep, qui me l’avait présenté. April était une belle anglophone intellectuelle, intelligente et fine. Ça avait été un coup de foudre d’idées. Elle avait été séduite par mes réflexions acides sur la vie et sur le monde. Elle m’avait demandé, au début, si je m’étais déjà posé la question, à savoir si j’étais gai. Bien sûr que je me l’étais déjà posé. Je cachais des revues d’hommes à poils sous mon matelas depuis des années! Mais je ne lui aurais jamais avoué ça! J’aurais tellement voulu être normal. Pour toute réponse, je l’avais embrassé. Nous étions resté deux ans ensemble. Notre relation fut franche (autant que cela se pouvait) et ouverte. Je l’aimais beaucoup et je lui disais souvent. Elle me croyait. Je le lui dis encore souvent. Elle me croit encore. Au début de notre relation, mes hormones dans le plafond aidant, je lui faisais l’amour souvent, autant de fois que je voulais combattre mon désir pour les hommes. Ensuite, je me suis de plus en plus masturbé en cachette, devant des hommes en papier glacés et ensuite devant des films de cul… On ne faisait presque plus l’amour. Je faisais semblant de dormir quand elle se couchait le soir… Et puis, l’inévitable arriva. Il y eu les pulsions incontrôlables d’aller vérifier en chair et en os. Je passais souvent dans le village. Je voyais les saunas, mais je n’osais pas y entrer… J’avais entendu parler des buissons au Parc Lafontaine ou encore ceux du Mont Royal, mais je n’osais pas y aller. J’ai jamais été très courageux. Finalement, au lieu d’aller à un de mes cours du soir que j’avais pris à l’UQAM, je suis aller m’enfiler trois shooters à l’Après cours et je suis aller errer dans le Village. Il était presque 22 heures quand je me suis décidé à entrer dans un sauna. Ça faisait presque quatre heures que je tournais en rond, que je m’arrêtais dans un bar, le temps de m’enfiler d’autres shooters… Et finalement, j’entre, je ne regarde jamais le gars derrière son comptoir qui me pose des questions auxquelles je réponds toujours oui. Il me donne une clé, un numéro et une serviette. Je le regarde. Il me sourit, l’air attendrit. Il est beau comme un Dieu. Je monte les escaliers. Je remarque une chose : Le silence. J’ai peur, mais je suis excité comme une jeune mariée. Je suis resté 15 minutes en tout. Mon premier amant fut une histoire de quelques minutes. Une histoire de respirations toujours plus fortes et d’un « climax » incroyable. Du silence et des frissons après. J’ai toujours eu les yeux qui voyaient très bien dans la pénombre, mais je n’ai photographié aucun visage. Je crois même que j’ai eu les yeux fermés tout le long. C’était devenu une habitude, avec April, je fermais les yeux et j’imaginais que j’étais avec un de mes modèles de revue ou un des acteurs pornos vus dans un de mes films. Déformation professionnelle! La seule différence, cette première fois-là, c’est que ce que mes mains touchaient correspondait à mes fantasmes… J’étais sûrement venu très vite… Trop vite. Je m’étais sauvé en courant, en oubliant de redonner la serviette blanche (que je garde toujours en souvenir.) Mes expériences silencieuses étaient espacées de plusieurs jours, souvent des semaines au début. Jusqu’à ce que, par un vrai hasard, j’aille aux toilettes publiques au sous-sol du pavillon Judith Jasmin à l’UQAM. Ce qui se passa sous les néons impudiques de ces toilettes me fascina. Un superbe latino était aux urinoirs. Je m’y installe. Je sens qu’il me regarde. Je regarde en détournant à peine la tête. Il me montre sa queue bandée et se masturbe. Je suis figé. Il s’approche de moi et m’embrasse fougueusement. La peur de se faire attraper, mêlé à sa presqu’insolence me fit perdre la raison. Ça ne dura encore que quelques minutes, mais je l’avais regardé tout le long. Il était parti très vite en me disant en espagnol qu’il aimerait me revoir… Je crus que j’étais amoureux pour la première fois. Je crus que c’était l’homme de ma vie. Mon prince charmant. Je me mis à faire des détours par l’UQAM, à rester des heures aux toilettes, à l’attendre. Je le revis plusieurs fois. Je connus d’autres hommes. Je rentrais de plus en plus tard, le soir, chez moi. J'habitais avec April et nous commencions notre 3e années de couple dans un petit quatre et demi au métro Laurier. Elle commençait à se douter de quelque chose. En plus, j’étais très mauvais menteur. Je lui cachais à peine la vérité. En fait, j’espérais qu’elle le découvre et qu’elle me quitte, au lieu d’avoir à programmer un souper ou j’aurais à verbaliser ce que je suis. J’étais habitué au silence. Trop. Je n’arrivais plus à me concentrer sur mes devoirs. J’étais crevé, agressif même. Mon esprit n’était habité que par des tonnes et des tonnes de queues, de fesses bondées, de torses poilus, de couilles rasées…

N’en pouvant plus, je décidai de jouer la carte de l’honnêteté avec cette femme que j’étais en train de blesser sévèrement, alors que je l’aimais sincèrement, quand même! Je ne voulais pas la perdre. Décidé à lui parler de mes dernières découvertes, je lui avais acheté un énorme bouquet de roses jaunes (je m’étais toujours demandé dans quelle occasion on pouvait bien offrir des roses jaunes, cette occasion c’était présentée. Pathétiquement!) et j’étais entré tôt à l’appartement. Renonçant à mes amants potentiels de ce soir-là. Non sans regrets (J’espérais toujours revoir mon bel étalon espagnol. Ça faisait des semaines que je ne l’avais pas revu. J’étais un peu désespéré.) Mais avec la conviction profonde que c’est ce que je devais faire.

April avait lu en moi. Depuis longtemps. C’était une complice merveilleuse. Elle m’attendait avec un souper spécialement fait pour parler longtemps : Une fondue. Elle avait choisi des bouts de poitrines de poulets, prétextant que le bœuf se mangeait très mal avec le vin blanc. Je lui avais répondu qu’elle aurait dû acheter du vin rouge, qu’en fait, nous préférions tous les deux le rouge. Elle me regarda et rétorqua :
--- Le vin rouge c'est pour le making love, le vin blanc, it's for conversation… We have to talk.
J’en avais avalé ma pomme d’Adam. Elle m’avait tant donné. Avec elle, j’avais appris que j’étais un homme, un vrai homme qui peut plaire. Au fil des premiers mois avec elle, j’avais perdu mes rondeurs latentes de l’enfance et de l’adolescence. Je n’avais plus été le « petit gros », mais un homme presque bien dans sa peau. À mon grand étonnement, elle ne m’avait pas acculé au pied du mur. Elle attendait que je lui parle de ce qui m’avait tant changé dans les derniers mois. Je le savais. J’essayais de trouver une phrase magique pour détendre l’atmosphère. Le silence se prolongeait. Le silence était une chose assez rare entre nous deux, moins depuis les derniers mois, mais un silence comme celui-là, c’était la première fois. Nous avions la réputation d’être deux verbomoteurs. Je me lançai finalement, avec une phrase qui en valait bien une autre :
--- Tu te doutes de quelque chose?
--- Non. Je sais, Maximum. Me répondit-elle sèchement. J’attends juste que tu te décides à m’en parler parce que je ne suis plus heureuse dans cette situation.
--- Moi non plus.
--- Alors? Tu attends quoi pour me le dire?
C’était une des grandes qualité de April, elle respectait toujours l’évolution de chacun. Surtout celle des êtres qu’elle aimait. Je me lançai.
--- Écoute, ce n’est pas une autre femme.
--- I khow.
Je croyais la soulager un moment, mais au contraire, elle attendait le reste avec la même expressive de douceur mêlée de détresse dans le fond de l’âme.
--- April, tu vois trop clair en moi… Tu sais ce qui se passe…
--- Il faut que tu le dises.
--- Pourquoi?
--- J’ai l’impression que tu seras jamais toi si tu le verbalises jamais… Tu m’inquiètes, tu sais? Arrêtes de penser à moi. Qu'est-ce qui se passe, Max?
--- Je… J’aime les hommes, April.

Au lieu de fondre en larmes ou quelque chose du genre, comme je l’aurais imaginé, elle sourit. Elle prit une de mes mains et me regarda droit dans les yeux. Elle me dit que ça faisait des mois qu’elle avait trouvé la cachette où je camouflais mes fantasmes. Qu’elle l’avait toujours su dans le fond. Et qu’elle était une excellente « pratique » en ce moment pour sa sœur qui finissait un BAC en psychologie.

La suite du souper fut assez détendue. Nous parlâmes comme si nous étions les plus vieux amis du monde. Elle écouta, rayonnante, toutes mes histoires d’un soir, mes escapades furtives, presque sans broncher. Elle versa quelques larmes. Moi aussi. Mais elle me disait de continuer. En vidant la troisième bouteille de blanc, elle me dit :
--- Maintenant que tu l'as dit, que tu ne me mens plus, que tu ne te mens plus non plus, il faut que tu arrêtes de t’éparpiller de la sorte. Tu sais ce qui serait merveilleux? Ce serait que tu rencontres un homme qui va te donner autant que tu sais donner. Un homme qui va t’aimer comme moi je t’aime… Enfin, je veux dire…
Ses yeux se remplirent d’eau très vite. De grandes rivières envahirent ses joues.
--- But, continua-t-elle, je serai toujours là, tant que tu auras besoin de moi.
--- Mais toi, tu…
--- T ‘en fais pas pour moi. Je suis moins désemparée que tu peux le penser.
En fait, elle avait déjà quelqu’un d’autre en vue. Un nouvel employé à son travail qui lui tournait autour depuis des mois. Elle le trouvait très intéressant. Et il était tenace, c’était une qualité. Elle avait accepté un rendez-vous avec lui la veille de notre conversation.

C’était cette semaine-là où j’avais appelé Flo dans l’espoir qu’il soit un compagnon d’exploration. April fut consciente que j’avais besoin de sentir qu’il y avait toujours quelqu’un dans ma vie. Et elle vint explorer les bars du Village avec moi. Elle accepta de rester l’image de ma femme devant ma mère encore pendant un bon moment. Jusqu’à ce que mon père vienne à Montréal et qu’il nous invite à un souper. C’était le temps des fêtes et la tradition voulait qu’il invite ma mère pour le souper de noël à chaque année. Toute ma famille était donc là. April me tenait la main pendant que je disais à mes parents que j’étais gai. Mon père ne le prit pas mal. Au contraire, il me dit simplement qu’il était conscient de n’avoir pas été beaucoup là et qu’il était donc très mal placé pour faire des remarques. Il ajouta qu’à l’étranger, beaucoup de ses collègues étaient gais et qu’il les appréciait beaucoup. Ma mère se leva, très droite, et elle partie s’enfermer dans les toilettes. C’est April qui alla la rejoindre. Elles restèrent là pendant trois quarts d’heure. Quand elle revinrent, ma mère me prit dans ses bras. Nous mangeâmes nos desserts en silence. Ce fut dans les bras de April que je pleurai ce soir-là.

M. était un cousin de April. Je l’avais souvent vu et il me plaisait beaucoup, même avant de le savoir. Quand April parti pour continuer ses études à Londres, c’est un peu à lui qu’elle me confia. Il vint avec moi la reconduire à l’aéroport. Quand elle passa derrière les portes vitrées et que je la vis retenir ses larmes, il me prit par l’épaule et me demanda avec sa voix rauque si je voulais venir avec lui prendre un verre. Je l’avais suivi. Il habitait un vieux loft sur la rue Ontario. Cet endroit lui servait à la fois d’appartement et à la fois d’atelier. Il était peintre. Il ne parlait pas beaucoup. Mais il était là. Il m’accueillait chez lui, sans dire un mot et nous dormions en cuillère. J’avais essayé d'aller plus loin au début, mais il avortait toujours l’action. Pas qu’il n’était pas gai. Il était en fait bisexuel. Il avait eu une vie sexuelle très active, avec énormément d’expériences… Et maintenant, il ne baisait plus. Ou presque plus. Il me parla, un soir de téquila dans son loft, qu’il avait découvert que l’énergie créatrice qui le faisait peindre était la même énergie que l’énergie sexuelle. Il se trouvait, et voulait y demeurer, dans cette phase de création complète. Une fusion parfaite avec son art. Il me parla aussi de tantrisme, de méditation, mais tout cela est très vague. J’avais trop bu. Je m’endormis par terre, et me réveillai le lendemain dans ses bras.

La version de April sur son cousin était qu’il avait été très amoureux d’un homme, voici une dizaine d’année. À l’époque, il était au début de sa vingtaine, il prenait beaucoup de drogues et il y avait cet homme. Une passion dévorante qui laisse inévitablement des séquelles parce que cet amour frappe aussi fort qu’une collision à 200 km/h en moto contre un poids lourd. M. avait décidé d’arrêter d’aimer après sa cure de désintoxication.

Un soir, il m’avait dit, entre deux pofs de joints : « Je t’aime bien, tu sais. » C’est ce soir-là où il glissa pour la première fois ses doigts sous l’élastique de mon caleçon. Comme cette nuit. Sauf que cette nuit, et c’était comme ça depuis quelques semaines, ce n’était pas moi qui allais sonner à sa porte parce que j’avais le cafard, c’était lui qui venait sonner chez moi. Ce soir, ça avait tombé pile. J’avais besoin de lui. Il était trois heures et 46 minutes. Son sexe, tout dur à travers ses boxers shorts, était posé tout doucement sur la raie de mes fesses. Mon sexe devint tout dur aussi. Je pris un de ses bras dans les miens et je le serrai contre mon cœur. Il parla :
--- Tu ne dors pas?
--- Oui, oui… Je rêve. »

P.S. Je crois qu'aujourd'hui, dix ans plus tard, April est la plus heureuse du monde de savoir que j'ai enfin trouvé l'amour avec mon beau grand black... Nous allons passer els fêtes à London. je ne l'ai pas revu depuis 5 ans!

samedi 1 décembre 2007

La vieillesse...

Douzième partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

par: Pepper


"J’avais raconté ma journée de merde au bureau. Moi contre une nouvelle patronne tyrannique. J’en avais même rajouté un peu, pour faire un peu de piquant, à Mini. J’aimais bien parler à Mini. C’était une femme d’expérience, une femme libre, qui travaillait comme réceptionniste dans un bureau de dentistes depuis la fin des années 70. Elle s’était adaptée à l’arrivée des nouvelles technologies et maintenant, elle connaissait mieux les ordinateurs que moi. Elle avait toujours pleins de conseils à donner en ce qui à trait aux patrons difficiles ou aux situations délicates. Elle m’avait annoncé à brûle pourpoint qu’elle pensait prendre sa retraite d’ici deux ans. Je lui avais répondu qu’elle avait bien le temps d’y penser encore. Et elle m’avait répondue :
--- Ma petite Pepper, j’ai 62 ans. Je me disais que ce serait assez bon de prendre ma retraite en l’an 2000. Ça serait un peu comme un début… Une nouvelle ère pour moi aussi…

Je n’en étais pas revenu. Mini allait avoir presque 65 ans à l’an 2000. Non, je ne pouvais pas me faire à l’idée. Elle était encore tellement en forme.

J’entrai dans la cuisine. Big fat cat était monté sur le comptoir et buvait à même le robinet de l’évier.
---Flo! Je t’ai dit mille fois d’arrêter de donner cette mauvaise habitude au chat. Ça m’écoeure!
Je soulevai l’énorme animal par le ventre et je le déposai par terre. Il miaula en signe de protestation. Il fit trois tours autour des pattes d’une des chaises et finalement monta sur sa voisine. Il entreprit sa toilette. Flo se grattait une fesse, debout devant le frigo grand ouvert.
--- Oh! C’est pas si grave.
--- Si tu ne lui ouvre plus l’eau, il perdra cette habitude débile.
Flo ne répondit pas.
--- Tu savais que Mini pense prendre sa retraite? Demandais-je, histoire de recréer un contact sympathique.
--- Bof! Elle en parle, mais avant qu’elle le fasse…
--- Elle m’a annoncée tout à l’heure qu’elle allait avoir 65 ans dans deux ans.
--- Ben oui, elle est née en 35! Me répondit-il, presque énervé, avec un soupir dans la voix. Tu as faim, Pepper?
--- Oui. Tu veux qu’on se fasse quelque chose en commun?
--- Ça serait cool.
--- Mais tu participes! Je veux pas tout faire toute seule. Je suis pas ta bonne!
--- Ben oui! Me répondit-il en s’asseyant. T’es ben rochante aujourd’hui!
Je ne l’écoutais pas.
--- Tu te rends compte? 65 ans! C’est tellement vieux! Pis Mini a l’air tellement jeune. Elle est encore toute mince.
--- Elle a quand même un petit ventre.
--- Pis ses beaux cheveux noirs au carré…
--- Elle se teint!
--- Elle est à peine ridée!
--- T’as jamais remarqué son cou? Elle a la peau du cou qui commence à tirer vers le bas. Pis elle a des petites bajoues de St-Bernard, un peu…
--- Arrêtes! Ta mère a pas l’air d’une personne du troisième âge!
--- Bon! Qu’est-ce que tu essaies de me dire? Que ma mère devrait faire changer sa date de naissance?
Flo était énervé et je ne comprenais pas pourquoi.
--- C’est juste que Mini… Mini… J’avais jamais réalisé que… Te rends-tu compte que ma grand-mère est presque du même âge que ta mère?
--- Ben voyons!
--- Ma grand-mère s’est mariée à 16 ans. Elle était enceinte de ma mère. C’est fou!
--- Oui.
--- Mais ce que je veux dire c’est que ma grand-mère a l’air d’avoir au moins 20 ans de plus que Mini. C’est fou! Regarde!
Je courus dans ma chambre ramasser un portrait de famille pris l’été dernier qui était encadré sur mon bureau. Je le montrai à Flo.
--- Mais tu peux pas comparer. Ta grand-mère a eue 15 enfants sur une terre en Gaspésie
--- Regarde! Elle est grosse, toute ridée, les cheveux gris… Pis regarde ses jambes… Il y a pleins de veines bleues pis de plaques…
--- Elles n’ont pas eu la même vie. Ta grand-mère a vécu à la dure. Mini, c’est une petite femme de ville qui a toujours pris soin d’elle. Elle s’est toujours arrangée pour aller chez l’esthéticienne régulièrement…

Flo se leva et retourna au frigo. Le travail n’avançait pas assez vite pour lui. Il me demanda si j’avais le goût de manger un spaghetti, sauce à la viande de Mini (étant donné qu’on parlait d’elle.) Je dis oui, en repensant immédiatement après aux trois plis sur mon ventre, aux pâtes qui tuent et au gros ventre de ma grand-mère Gaspésienne. Je me retournai et j’entrepris de faire la vaisselle qui traînait-là depuis la veille et l’autre veille et l’autre veille. Nous avions besoin de deux chaudrons. Mon coloc sortit la sauce et regarda pour les pâtes. Il râpa du fromage, pendant que j’essuyais les chaudrons nécessaires. Je n’en revenais toujours pas. Je crois que c’est à ce moment que je compris que je deviendrais vieille un jour. Enfin, je le savais, tout le monde le sait, mais ce que je veux dire c’est que maintenant, tout en frottant des assiettes à la chaîne, je le sentais en moi. Dans mon ventre. Chaque instant me rendait encore un peu plus vieille.

Quand j’avais connu Mini, je l’avais imaginé dans la cinquantaine. Jeune cinquantaine! Ce qui était le plus terrible, c'est que je voyais « live » une amie (parce que je considérais Mini comme mon amie.) basculer dans la vieillesse. Je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais pas lui tendre la main pour la sortir du gouffre où elle glissait… C’était la dure réalité de la vie. Welcome to life, baby! On vieillissait et un jour, nos corps fatigués mouraient. On n’y pouvait rien. C’était comme ça! C'est la première fois de ma vie où j'ai compris que ma mère à moi aussi mourrait un jour...

Je mangeai mon spaghetti en silence et Flo, Le chat et moi avons regardé un film avec Catherine Hepburn et Peter Fonda, « la maison sur le lac » - Un film, justement, sur un couple de 80 quelques années, qui vit un de ses derniers été de vacances dans leur chalet, après quelques 60 ans de vie commune. En regardant Peter Fonda avoir un malaise dans les bras de sa vieille femme paniquée, mais impuissante, je ne pu retenir mes larmes. Je partis me coucher avant la fin. J’eue de la difficulté à m’endormir et quand j’y réussi enfin, je rêvai que je me tenais devant un grand miroir et que mon reflet vieillissait en accéléré. Arrivée à un point où je n’étais plus qu’une femme squelettique presque momifiée, une porte s’ouvrit derrière moi et une silhouette noire tenant une grande faux se tenait à contre jour. Je me réveillai dans un cris. La nuit était noire. Il était trois heures et quart. Je ne pu me rendormir."

mardi 27 novembre 2007

L'Histoire de famille de Flo

Onzième partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

par: Flo


" J’avais deux messages sur le répondeur. Un premier de Mini, c’est à dire, ma mère. Je ne sais plus trop d’où ce sûrnom venait, mais j'avais attribué à ma mère ce sûrnom. Sûrement pour rire un peu de sa petite taille. Finalement, il lui avait collé à la peau. Maintenant, c’était Mini pour tous. Je l’avais négligé dernièrement. Ça devait faire deux semaines que je ne l’avais pas vu. Elle me le rappelait sur le message, sans amertume, mais avec une douce pointe de reproche comme seules les mères savent les glisser dans les conversations.
Le deuxième message, c’était Sandy. Elle avait sûrement une idée derrière la tête pour demain soir. Elle avait un rendez-vous avec une fille et elle nous invitait tous à ce premier rendez-vous – du moins c’est ce que j’en déduisais après trois écoute de son message complètement incohérent. Je trouvais cela louche. J’effaçai le message. Je raccrochai et décrochai instantanément. Je composai le numéro de Sandy. Une seule sonnerie et Cindy Lauper et son « Girls just wanna have fun » introduisit son message d’accueil sur son répondeur. Je raccrochai avant d’entendre sa voix et celle de July. Je savais qu’une des deux parlait au téléphone. J’allais essayer un peu plus tard. J’appelai Mini.
--- Allo? Fit-elle en décrochant, avec sa petite voix de souris.
--- Mini! C’est ton fils préféré.
--- Flo, mon homme! Alors? Qu’est-ce qui se passe? Ça fait longtemps que tu ne m’as pas donné de nouvelles…
--- Je sais, je sais… Commences pas par des reproches. Je suis super occupé.
--- Excuse-moi, mon homme. C’est juste que tu me gâtais plus avant…
Pendant mes premières années en appartement, j’avais habitué ma mère à l’appeler à tous les jours. Même si je n’avais rien à lui raconter. J’étais parti très tôt de la maison. Je crois que j’avais un besoin intense de me trouver un centre vital bien à moi. Une bulle. À la maison, j’étais tellement en symbiose avec Mini que ça m’empêchait d’aller au bout de moi. Enfin, de ce que je devais ou pouvais devenir.
Mini était une véritable sainte des temps modernes. Sûrement la dernière de son espèce. Elle n’aimait pas que je parle d’elle comme ça. Elle n’aime pas porter l’auréole, et pourtant, elle la porte fièrement. Disons que ma mère est comme une espèce d’enfant perdue entre deux époques. Elle était la dernière enfant d’une famille de sept et elle avait perdu son père dans un accident au début des années 40, alors qu’elle n’était qu’un bébé. Mon grand-père travaillait dans un moulin à papier dans la petite ville des Cantons de l'Est. Au printemps, les hommes devaient descendre sur la rivière pour débloquer les troncs d’arbres qui embourbaient le passage au moulin. C’étaient les derniers temps des chantiers de coupe de bois dans le Nord. Les bûcherons faisaient descendre le fruit de leur coupe par les rivières au courant descendant vers le Sud. Les billes de bois, arrivant au moulin en masse, se bloquaient souvent à l’entrée du moulin. Les hommes devaient alors jouer au draveur pour décoincer et faire passer le bois dans l’ouverture. Il s’agissait de manoeuvres assez dangereuses. Les hommes y allaient souvent sans canot et sautaient de tronc en tronc. Souvent, ils tombaient dans l’eau glacée, au péril de leur vie. C’est ce qui arriva à mon grand-père. Il tomba une fois de trop. Au printemps 1941, il disparut dans l’eau noire et il ne remonta jamais à la surface. C’était chose courante pendant ces années de misère. Ma grand-mère eut à prendre en charge une famille de sept enfants, dont la plus vieille avait à peine 10 ans. Mini avait quelques mois.

Mini n’avait donc aucun souvenir de son père. Par contre, elle avait des cicatrices profondes de son enfance de pauvresse, élevée à la dure par sa mère. Je n’aimais pas beaucoup ma grand-mère. C’était une femme aigrie et sèche. Elle ne manifestait aucune marque d’affection. Je pense que sa vie était morte depuis longtemps, mais son corps continuait à se dessécher tranquillement. Elle croupissait maintenant dans un hôpital de soins prolongés.

Mini s’était donc mariée très jeune – trop jeune – avec mon père, qui lui aussi était très jeune. Tous les deux voulaient sortir au plus vite de leur noyau familial étouffant. Elle avait 19 ans, et mon père, 18. Ils étaient vierges (évidemment!) innocents. Immaculés. Ils croyaient à l’amour éternel. Comme si les promesses qu’on se faisait à 18 ans peuvent durer toujours… Mes deux sœurs arrivèrent pendant les deux premières années de mariage. Quand je regarde des photos de cette famille, je crois voir des affiches publicitaires de la famille type américaine des années 60. Ma mère, avec ses coiffures hautes et un tablier fleuri, posant devant l’arbre de noël avec la balayeuse que mon père lui avait achetée. Mon père, avec sa moustache et une Player’s light entre les lèvres, posant devant sa nouvelle voiture. Et mes deux sœurs, deux petites poupées que ma mère habillait en robes assorties. Anne-Sophie en rose et Marie-Michelle en bleue. Bien qu’elles n’étaient pas jumelles, ma mère se plaisait à les habiller semblable. Mini n’avait jamais eu de poupée quand elle était petite, elle s’est reprise avec son rôle de mère. Elle jouait à la mère comme les petites filles jouent à la poupée. Ce bonheur dura une dizaine d’années. Années durant lesquelles mon père finit ses études à l’Université et devint Ingénieur. C’était la fierté de ma mère d’être l’épouse d’un « Professionnel ». Elle gouttait enfin au luxe dont elle avait tant rêvé. Elle se vautra et se venta dans sa vie « confortable » jusqu’au jour où tout s’écroula. Mon père avait une maîtresse. Pendant ses années d’études par les soirs, il avait apprécié la liberté. Il avait rencontré d’autres gens, des gens qui avaient autre chose en tête que l’étroitesse de clocher qu’il avait toujours connu. Des jeunes qui ne pensaient plus en fonction du péché. Des humains imprégné de vie, libéré du catholissisme. Il rencontra Ruth. Ma mère découvrit l’existence de Ruth par les chemins classiques. Des relevés de factures louches, un savon de chambre d’hôtel dans la serviette de mon père, une addition de restaurant. Elle mit mon père au pied du mur. Il avoua. Mais en 1970, on ne laissait pas s’écrouler le rêve de famille idéal aussi facilement. On s’accrochait. Ils décidèrent, aussi candidement que des adolescents, de sauver leur mariage en se faisant un nouveau bébé. Ce bébé tout neuf les rapprocherait. Il sauverait le couple. J’étais bien au chaud dans l’utérus de Mini quand la famille quitta la maison de Magog pour aller s’installer dans un beau bungalow tout neuf dans une banlieue de Montréal. À Longueuil, une ville dortoire, à l’avenir prometteur pour les jeunes familles des années soixante-dix.

Évidemment, ce plan ne fonctionna pas. Mon père avait de nouvelles exigences de travail dans la Métropole. Les ponts à traverser matin et soir dans les embouteillages le rendaient fou… Et Ruth avait suivit l’homme qu’elle aimait. Bien que mon père ne lui avait pas dit où il partait, Magog était un grand village à cet époque. Elle ne mit pas de temps à retrouver sa trace dans la grande ville. Et elle n’eut pas de difficulté non plus à se faire engager dans la même entreprise que mon père. Elle était sortie première de sa promotion d’Ingénieur. Mon père retrouva celle que j’appelle maintenant, la femme de sa vie, car, il faut bien l’avouer, si mon père ne s’était pas marié avec sa première blonde, il aurait inévitablement rencontré Ruth. Magog est une toute petite ville pour deux âmes qui sont faites pour s’entendre… Bien que ça ne fasse pas plaisir à ma mère que je dise ça : Ruth et mon père forment encore aujourd’hui un couple qui s’entend à merveille. Bref, quatre ans après ma naissance, au début des années 80, mon père partait avec ses valises.

Ce furent des années très difficiles pour Mini. Elle faillit devenir folle. Trop de peine. Elle était complètement en proie au malheur. La maison fut saisie et nous emménageâmes en catastrophe dans un petit appartement, que Mini habite toujours. Ma sœur aînée, Anne-Sophie, est partie de la maison quand j’avais huit ans. Elle vit maintenant à Ottawa. Je sais qu’elle travaille dans un Ministère, mais je ne sais pas lequel. On ne se voit pas. Marie-Michelle, elle, a fait une fugue à 15 ans. La police l’a retrouvé quelques mois plus tard, complètement défoncée, dans une chambre d’hôtel sur la Rive Sud. Elle a été accusée de vol à main armée et a été placée dans une maison de correction. Elle a fait de multiples fugues, mais a toujours été rattrapée. Aujourd’hui, elle purge une peine de prison parce qu’elle a tué une femme enceinte alors qu’elle roulait à toute vitesse, saoule, dans un quartier de Laval. Je suis allé la voir une fois en prison, surtout pour accompagner Mini. Ce fut horrible. Je l’ai à peine reconnu. Elle et Mini ont pleuré tout au long de la visite.

Sans doute à cause de toutes ces histoires, j’ai tendance à surprotéger ma mère. Enfin, je tiens quand même à faire ma vie. Même si je me sens facilement coupable. J’ai l’impression que ma mère n’a que moi sur qui compter. Je voudrais tellement qu’elle ait sa part de bonheur.

Bref, une semaine après mon bal de finissants du secondaire, j’emménageais dans mon premier appartement. Un beau trois et demi, tout croche, tout vieux, où j’ai gelé en hiver et eu trop chaud en été,mais c’était chez nous! Mini m’a aidé à déménager. Elle m’a donné pleins de vieilles choses, des neuves aussi. Des choses qu’elle savait que j’aimais. Elle a retenu ses larmes jusqu’à ce qu’elle arrive chez elle. Elle m’a dit qu’en rentrant dans ma chambre vide, elle s’était effondrée. Mais ces larmes, ce n’était pas de la peine, c’était de la fierté. Elle versait ces larmes parce qu’elle avait le cœur enflé de fierté d’avoir un fils qui suive ses rêves. Mon rêve, c’était de poursuivre mes études en arts. Je crois qu’aucune mère n’est plus fière de son fils au monde que ma Mini.

--- Bref, donne-moi des nouvelles. Me demanda-t-elle.
--- Bof! Rien de spécial. Hier, je suis sorti avec Sandy et j’ai revu un vieil ami du primaire… Tu t’en souviens sûrement… C’est Maximum.
--- Maximum?
--- Maximum! Tu t’en souviens? Le petit blond bouclé que tu disais ressemblait à un petit St-Jean Baptiste…
--- Oui, oui, je me souviens de lui. Où tu l’as rencontré?
--- Au Sky.
--- Il est gai lui aussi!
--- Ça m’a tout l’air, oui.
--- Hé ben…
--- Et toi? Qu’est-ce que tu racontes de bon?

J’avais évité de parler de l’épisode Vicking qui arrive dans ma chambre Vs L'Ange Gabriel couché dans mon lit. Je ne parlais pas à ma mère de mes aventures fortuites d’une nuit. Elle avait tellement une vision utopique de l’amour, que je savais à l’avance qu’elle désapprouverait. D’abord subtilement, mais je sentirais la pointe, je mordrais et on finirait par s’engueuler et dire des choses qu’on regretterait. Même après plus de vingt ans de séparation d’avec mon père, Mini continuait d'espérer son retour. Après son départ, elle n’avait plus eu d’autres hommes dans sa vie… Et dans son lit. Mon père avait été le seul et l’unique. À chaque fois qu’une de mes histoires d’amour avortaient, je sentais comme une sorte de honte m’envahir l’estomac. Mini essayait sans doute de comprendre, mais elle ne pouvait pas faire autrement que de me reprocher d’avoir été « trop vite en affaires » et de faire confiance trop facilement. Elle avait déjà rencontré quatre de mes copains : Jean-François, le premier. Celui avec qui j’avais pensé que je finirais mes jours. Ensuite, il y eu Chris, l’Américain de Boston, qu’elle n’avait pas beaucoup aimé parce qu’il ne parlait pas français. Celui pour qui j’avais tout laissé. En plein milieu de ma deuxième année d’études, j’avais vendu toutes mes choses et j’étais allé vivre à Boston. J’étais parti, avec un gros sac à dos, dans un autobus un jeudi soir. J’étais revenu, le cœur en miettes, par un bus de nuit le lundi d’après. Ensuite, bien sûr, elle avait rencontré L'Ange Gabriel, qu’elle avait trouvé charmant. Et St-Pierre, qu’elle avait vu une seule fois, et qui avait été son préféré. Après que tout soit fini avec St-Pierre, sans savoir qu’il était parti avec L'Ange Gabriel, nous avions eu une dispute mémorable. Elle m’avait reproché de ne jamais me satisfaire de ce que le ciel m’envoyait et que finalement, j’étais comme mon père. Ce fut terrible. C’était la première fois que je levais le ton contre Mini. Je lui avais crié que j’en avais assez de tous ses jugements, comme si elle était une sainte, sur ma vie. Qu’avec toutes ses croyances, elle était très mal placée pour me juger, vu que de son côté, ça n’avait pas plus marché. Je l’avais énormément blessé. Et nous avions été une semaine sans nous parler. C’était elle qui m’avait rappelé, en faisant comme si de rien n’était. Depuis cette dispute, je ne l’appelle plus à tous les jours. Et je censure ce que je lui raconte.

La conversation d’aujourd’hui tourna vite à vide. Elle non plus n’avait rien de spécial à raconter, à part quelques histoires de voisines et d’enfants de voisines. Mini était seule. Toutes ses voisines étaient déjà grands-mères depuis plusieurs années. Mini n’aurait sûrement jamais cette joie. Elle ne faisait, par contre, jamais de reproches. Elle critiquait au contraire. Elle critiquait la manière qu’ont les jeunes d’aujourd’hui élèvent leurs enfants. À toujours les faire garder par les grands-mères. Mini vieillissait. Elle approchait de la soixantaine. Déjà! Et elle vieillissait seule.

J’entendis la porte d’entrée s’ouvrir et le chat obèse, qui était sur mes cuisses et avait recouvert de poils mes pantalons, sauta par terre et se précipita hors de ma chambre pour aller accueillir l’arrivant. Une voix se fit entendre.
--- Allo! Il y a quelqu’un?
C’était Pepper qui entrait de sa journée de travail. J’interrompis Mini.
--- Attends un peu, Pepper vient de rentrer.
Je mis la main sur le récepteur et criai.
---Je suis dans ma chambre.
Pepper se montra la tête par l’ouverture de la porte.
--- Tu es seul?
--- Ne dis pas de conneries. Je suis au téléphone avec Mini.
--- Ha! Mini! Tu me la passes quand tu auras fini? Ça fait longtemps que je lui ai pas parlé.
Je revint à Mini.
--- Mini?
--- Oui?
--- C’est Pepper qui vient d’arriver. Elle veut te jaser un peu. Tu as autre chose à me dire?
--- Non, non, mon homme. Tu travailles demain?
--- Oui.
--- Tu m’appelles en rentrant du Club vidéo?
--- Si tu veux.
--- Je t’embrasse.
--- Moi aussi. Allez! Je te passe Pepper. Salut!
Pepper pris le téléphone et s’installa sur mon lit défait en saluant ma mère. Je sortis de mon lieu « violé » et me dirigeai vers la cuisine. J’avais un petit creux."

lundi 26 novembre 2007

Loin des yeux...

Homme de rêve est parti hier dans la nuit pour un long (très long!!!) séjour de un mois en Chine!!! Il y va par affaire...
Franchement, je ne sais pas comment je vais faire pour passer à travares ces deux mois-là sans capoter complètement!
Tout à coup qu'il rencontre un autre gars, mieux que moi, et qu'il ne m'aime plus quand il va revenir?
Tout à coup qu'il se rends compte que je suis pas assez bien pour lui?
Tout à coup que son avion s'écrase quand il va revenir entre Noël et le jour de l'an?
Tout à coup que...
...
Avez-vous des trucs pour les amours à distance?

mercredi 21 novembre 2007

D'où vient Maximum???

DIXIÈME partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

par: MAX

Maintenant, on peut me considérer comme un homme heureux, avec mon amour (Homme idéal!) et mes deux colocs parfaites et l'autre coloc (qui fait de gros efforts pour s'améliorer! Bravo Alex!) MAIS il n'en fut pas toujours ainsi! Oh! Non! Pour poursuivre dans l'idée de nos dix ans d'amitié, j'ai décidé aussi de continuer la genèse...

Pour les autres parties, remonter à rebourd à partir de là!

FLASHBACK:
"Il me semblait que je venais juste de m’endormir quand le téléphone sonna et me fit sortir de ma torpeur. J’étirai mon bras jusqu’à ma table de chevet et je décrochai. Raclement de gorge.

---Allo?
--- Maximum? C’est Sandy.
Les grognements que je refrénais parce que j’avais été réveillé se turent. J’étais heureux d’entendre sa voix.
--- Je te réveille? Me demanda-t-elle.
--- Oui, mais ce n'est pas grave.
--- Je suis désolé.
--- Pas grave, je te dis. Je suis content que tu m'appelles. Il est quelle heure?
--- Presque 5 heures et demie.
--- Ouf! Il faut que je me lève.
Je regardai à droite de moi, le lit était vide. Vicking c’était levé. Où était-il?
--- Écoute, tu es libre jeudi soir?
--- Heu… Pour toi, oui. Pourquoi?
--- Ben, J’ai une idée géniale pour qu’on se voit et qu’en même temps, on essaie de recoller les morceaux avec nos deux amis.
--- Et l’idée, c’est quoi?
--- La Karaoké du Club Date.
Je laissai sortir un petit cris strident. Comme celui d’une souris prise par accident dans une trappe. C’était une idée excellente. Depuis le temps que je voulais aller faire la Diva dans un karaoké.
--- Bonne idée chérie, mais je ne sais pas pour Vicking. Je pense qu’il travaille le jeudi soir.
--- Oh non! Qu’est-ce qu’il fait?
--- Il travaille de nuit dans un dépanneur Couche Tard.

Et oui, mon pauvre ami n'avait pas la chance d’avoir un père généreux comme le miens. Je bénéficiais, en effet, d’un père pourvoyeur. Il n’avait pas été présent beaucoup dans ma vie. Ça avait commencé par son retard à l’accouchement. J’avais déjà deux grosses heures, paraît-il, quand il était arrivé avec un bouquet de fleurs. Ma mère me tenait dans ses bras. L’accouchement avait été plutôt rapide, mais ma mère avait quand même décidé de lui faire la gueule. Pendant les dix ans où j’ai vécu avec mes parents encore ensemble, ma mère a constamment fait la gueule. Et mon père arrivait toujours à la maison avec des bouquets de fleurs. Plus il apportait des gros bouquets, plus ma mère faisait la gueule. Plus elle faisait la gueule, plus il partait longtemps après… Et plus il revenait avec des gros bouquets. Après le divorce, mon père est parti dans un projet de développement humanitaire en Afrique. Au Mali, plus exactement. À partir de ce moment, je ne l’ai revu qu’une fois par année, et c’est à partir de ce moment qu’il a commencé à me payer des études dans des collèges privés, et ensuite le cegep et l’université. Depuis le début de mon BAC, il me paye non seulement les études et l’appartement, mais à la fin de ma première année, il m’a offert « Alexis », ma voiture rouge, en me disant qu’il était très fier de moi… Et qu’avec ce genre de voiture, les filles allaient toutes tombées… (Ouais, j’oubliais, mon père ne savait pas que j'étais gai, il y a dix ans... Et le plus drôle, c'est que moi non plus, je ne le savais pas du tout! On a fait notre coming-out ensemble! Une belle histoire que je vous raconterez un jour.)

Avec l’argent qu’il me donne pour vivre, je peux ainsi passer mon été à me reposer. Je n’en parle pas trop car les amis autour de moi n’ont pas tous cette chance et je ne veux pas faire de jaloux.
--- Ouais, Vicking n’a pas la chance d’avoir un papa riche!
Je ravalai. Ça ne pouvait pas être une pointe que venait de me lancer Sandy, elle ne savait rien de ma situation. Mais, à chaque fois, je ressentais un malaise. C’était le genre de phrase assassine que je recevais en pleine gueule – comme pour me punir d’être un sale gosse de riches – Mais à choisir entre un père diplomate en Afrique ou un père qui aurait été présent pendant toute ma vie, je choisirais certainement la deuxième option. Un père qui aurait été là quand je rentrais de l’école en pleurant parce que je sentais que je n’étais pas un homme, un vrai homme, et que je me faisais lancer des morceaux de sandwichs dans la cafétéria. J’aurais cent mille fois préféré avoir un père qui me montre comment être un homme, plutôt que d’avoir une mère qui me montre comment faire la gueule.
--- Excuse-moi, je ne voulais pas parler de toi…
Sandy savait?
--- Je… Comment tu sais pour mon père?
--- C’est Flo qui m’a parlé de ta situation.
--- Et vous voulez que je me sente coupable que mon père achète mon amour avec son argent?
--- Non… Je ne voulais pas dire… Enfin, excuse-moi. J’ai dit ça comme ça parce que je t’envie de ne pas avoir à te taper des jobines plates à 7$ de l’heure pendant l’été. C’est juste que je suis ben écoeuré d’animer des petits monstres hyperactifs 5 jours par semaine. Tu vois, depuis 2 semaines que j’ai commencé et je suis déjà au bout du rouleau. On n’est même pas encore rendu au mois de juillet! Il faut pas que j’y pense trop, parce que ça me rend folle de savoir que pendant tout l’été, je n’aurai pas deux jours de congé de suite. Tu vois, je travaille demain, vendredi et samedi de 8 heures à 16 heures. Puis après, j’ai seulement dimanche de congé et ça recommence pour deux autres jours. Je trouve ça crevant. Ça me tue. J’en peux plus!

Cette montée de lait d’e Sandy me toucha. C’était le même genre de complainte que me servait Vicking face à ses 4 nuits par semaine dans son dépanneur de merde – à servir des ivrognes, tout droit sortis des bars où encore, des jeunes à cuver leur première cuite. Il perdait ses 20 ans à donner ses fins de semaine d’été derrière une caisse enregistreuse et, en plus, il ruinait ses forces à dormir pendant les week-ends de grosses chaleurs. Le discours que venait de me servir Sandy me toucha tout autant. Je ne savais pas quoi faire, quoi dire. Oui, je trouvais cela injuste que mes amis se crèvent pour des salaires de famine. Tout cela pour survivre pendant la belle saison, car l’hiver, ils étudient comme des damnés et s’endettent avec les prêts du Gouvernement. Moi, mes études sont payées par le Gouvernement. Service rendu à mon père, j’imagine. Je savais très bien aussi que si Vicking avait de moins bonnes notes que moi, c’était parce qu’il continuait à travailler deux nuits par semaine dans son foutu dépanneur. Il étudiait sur le coin du comptoir, passait souvent tout droit pour le dodo et arrivait en classe, souvent épuisé. Souvent il s’endort dans le cours, et je lui photocopie mes notes… Mais, manque de sommeil égal souvent manque de concentration. Ça y est, je me sentais coupable!
--- Ben, tu es sûr que tu veux sortir jeudi soir? Si tu as travaillé avec des enfants pendant toute la journée et que tu retravailles le lendemain? Tu es sûre de ne pas vouloir te reposer un peu à la place? Demandais-je, plein de pitié.
--- Tu es fou? Et mes loisirs? Et ma vie sociale? J’aime mieux être crevé le lendemain, mais avoir ri toute la nuit, que de rentrer chez moi, souper devant la tv et me coucher. Je veux pas devenir une espèce d’automate qui ne fait que suivre la routine établie! Bon, alors? C’est d’accord pour le karaoké?
--- Écoute, pour moi c’est sûr. Pour Vicking…? Je ne sais pas… Comme je te dis…
--- Il ne peut pas se faire remplacer?
--- Non. Je ne pense pas. Écoute, je vais voir ce que je peux faire…

Soudainement, j’eu en tête le flashback d’hier dans la nuit. J’avais ramassé Vicking devant le métro Berri UQAM fermé. Il était complètement déprimé.

---Mais, en passant, tu n’as toujours pas éclairé ma lanterne. C’est quoi cette histoire de chum couché dans le lit de Flo? Demandais-je.
--- Ha! La huitième plaint d’Égypte? Je vais te résumer…
Sandy résuma, en n’oubliant pas certains détails croustillants. Toute l’épopée de Flo et l’Ange Gabriel. Comment ils s’étaient rencontrés au Sky, voici deux ans. Comment leur histoire avait été une passion dévorante, que pendant deux mois, elle n’avait presque pas vue son ami, ou si elle le voyait, il était avec son beau « mari». Elle insista sur le fait que Gabriel était insupportable. Certe il était d’une beauté plastique hallucinante, mais côté caractère… Gabriel était le roi de la manipulation. Il dégageait un égocentrisme puant et il souffrait d’un complexe de supériorité qui le rendait un des personnages les moins sympathiques que Sandy n’avait jamais rencontré.
--- Et comment cette histoire d’amour s’est terminée? Demandais-je, avide de détails, à ma conteuse.
Elle me dit que la fin de leur histoire restait nébuleuse. Tout ce qu’elle savait c’est que Flo l’avait appelé, la voix remplie de sanglots et il lui avait dit que c’était terminé avec Angel Gab. Il était parti quelques jours chez sa mère. Il y était resté deux semaines, sans trop donner de nouvelles. Quand il était revenu à la vie, il avait appelé Sandy pour lui dire qu’il voulait sortir le soir même. Pour célébrer, avait-il dit. Ils étaient allés au Sky (comme d’habitude!) et ils s’étaient retrouvés comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. La seule chose bizarre de cette soirée du « Retour de l’enfant prodigue » fut que vers 1 heure du matin un grand ténébreux était venu rejoindre Flo. Il l’avait embrassé et Flo l’avait présenté à Sandy comme St-Pierre, son nouveau copain.
---Ha bon? Mais comment il était arrivé dans le portrait ce St-Pierre?
--- Aucune idée, me répondit-elle.
Elle savait seulement qu’il était là, aussi présent que l’avait été Gabriel. Flo avait expliqué qu’il l’avait rencontré, par hasard, alors qu’il était sorti seul. Rien de plus. Flo, même s’il était très proche de Sandy, aimait garder, à ce que je comprenais, des zones d’ombres. C’était un homme plein de mystères finalement ce Flo! Il gardait des secrets, même pour sa meilleure amie. "Il faut respect ces silences", me dit-elle.
--- Et qu’est-ce qui était arrivé de ce St-Pierre?
--- Hé bien, ça a duré quelques semaines. On l’aimait beaucoup. Genre d’homme parfait : gentil, serviable, Tu sais, le genre de gars avec qui on se sent en sécurité. Genre de gars dont une fille dirait : « Ça ferait un merveilleux père pour mes enfants… »
---Je vois le portrait…
---On l’appelait « St-Pierre », parce qu’il était vraiment parfait, mais…
--- …Mais?
--- … Mais il était plate. Genre de gars un peu drabe pâle, tu sais? Je sentais bien que Flo s’emmerdait royalement avec ce gars-là. Pauvre St-Pierre! Pis de toute façon, ça faisait pas assez longtemps que la passion avec l'Ange Gabriel s’était interrompue. Évidemment, l’Ange Gabriel est revenu dans le portrait assez vite…
--- Évidemment! Et pis? Et pis?
--- Ça a été l’enfer! Un fiasco sentimental total! Du tiraillement, des coups de téléphone en pleines nuits, des larmes… Beaucoup de larmes… Flo allait de l’un à l’autre sans jamais prendre de décision claire.
---Ouch!
--- Et puis, un matin, il est arrivé dans la fenêtre de ma porte de derrière… Détruit… Vidé… Le destin avait tranché, et c’était Flo qui avait perdu.
--- Comment ça? Demandais-je, comme si on me coupait l’action au moment le plus intéressant en mettant une pause publicitaire.
--- Ben, à force de se tirailler pour Flo, les deux hommes en sont venus à se connaître et, ils ont comme eue un coup de foudre l’un pour l’autre. Ils sont finalement partis ensemble. Et depuis presque deux ans, je pense, ça dure.
--- Pauvre Flo! Laissais-je échapper sans ironie.
Sandy m’expliqua que ça avait été un sacré coup dur pour Flo et qu’il n’osait plus faire confiance à aucun gars. Vicking était l’espoir qu’il fallait nourrir. (On a bien eu raison il y a dix ans! Dire qu'ils sont mariés aujourd'hui!!! Oh! C'est beau l'amour!)
--- Mais qu’est-ce qu’il faisait dans le lit de Flo, son ex? Si c’est fini et qu’il a un nouveau chum, pourquoi il était venu dormir avec Flo? M’emportais-je.
--- Ben justement c’est ça le problème! Me lança-t-elle, elle aussi énervée. Dès que l’Ange Gabriel et St-Pierre se disputent ou qu’il y a quelque chose qui cloche entre eux deux, le beau Gabriel revient toujours se faire consoler par Flo. Si seulement c’était juste pour parler… Mais à chaque fois, il revient et se réinstalle - jusqu’à ce que St-Pierre rappelle et s’excuse – Alors, Gabriel refait ses valises et rebrise le cœur de Flo.
--- Il a fait ça souvent?
--- Il doit bien revenir aux trois-quatre mois… On est en juin, la dernière fois, il nous a fait le coup en janvier, je pense… Je m’en rappelle, Flo et moi, on revenait d’un party du Nouvel an. On avait bu. Il neigeait à peine. C’était magnifique - Juste avant la tempête de verglas! Et en arrivant chez eux, qui est ce qui attendait dans les escaliers intérieurs en veston, cravates?
--- Non!??
--- Oui, Monsieur! L’Ange dans toute sa splendeur! Larmoyant, en plus… Et il est resté presque tout le mois de janvier. Je m’en souviens très bien, pendant la tempête de verglas, Flo et lui ont habité chez nous, parce que July et moi, on a été parmi les chanceuses a ne pas avoir manqué d’électricité. St-Pierre est revenu reprendre ses droits sur son copain quelques jours après que la glace ait enfin libérée Montréal.
--- Mais… ?
Je voulais poser une question, mais je n’osais pas.
--- Quoi?
--- Mais… Mais… Tu crois vraiment que mon Vicking a une chance entre ces deux ex pas mal présent?
--- Il faut tenter la chance!
---Je ne voudrais pas que mon ami se retrouve le cœur en milles miettes à cause de…
Je stoppai ma phrase en plein milieu parce que Vicking venait de se montrer le bout du nez dans le cadre de porte de ma chambre. Je crois qu’il avait entendu que je parlais de lui…
--- À qui tu parles? Me demanda-t-il.
--- À Sandy, tu sais, la belle petite blonde qui était là hier?
--- Tu lui parles de moi? J’ai entendu mon nom…
--- À qui tu parles? Me questionna à son tour Sandy à l’autre bout du fil. Je lui répondis.
--- Vicking vient de rentrer dans ma chambre. Je peux te rappeler?
--- Attends! Je ne t’ai même pas annoncé la grande nouvelle.
--- Quelle grande nouvelle?
Vicking croisa ses bras et s’accota l’épaule dans le cadre de la porte, en attendant son tour.
--- Hé bien, j’aurai peut-être moi aussi une « date » jeudi soir.
--- Ah oui? Fabuleux! Raconte…
Vicking souffla.
--- Écoute, poursuivi Sandy. Je n’en sais pas plus. Tout ce que je sais, c’est que c'est une jolie fille que j’ai rencontré cet hiver et elle vient de me rappeler. Elle veut me revoir.
--- Elle n’était pas pressée!
--- Elle avait perdu mon numéro.
--- Classique!
--- Ne me gâche pas mon plaisir avant même que ça commence vraiment!
--- Tu as raison. Milles excuses. Tu lui a parlé donc?
--- Non. Elle m'a laissé un message cet après-midi. Je ne veux pas avoir l’air de la fille qui attendait juste ça. Je vais la rappeler demain.
Je trouvais ce raisonnement un peu enfantin. Vicking commençait vraiment à perdre patience dans le cadre de porte. Je décidai de couper court la conversation.
--- Tu dois savoir ce que tu fais. Bon, écoute, je dois te laisser. On se voit demain?
--- Oui. Tu t’occupes de convaincre Vicking pour jeudi?
--- Oui. Ciao!
Je raccrochai et levai la tête. Vicking ne perdit pas de temps.
--- Qu’est-ce que vous disiez?
--- Elle veut qu’on aille ensemble à une soirée Karaoké. Tu sais, la soirée dans le village animée par un Dragqueen?
--- Flo va être là, j’imagine?
--- Bien sûr, c’est le but de l’opération, mon trésor.
--- Je ne sais pas si j’ai envie de le revoir…
--- Mais oui tu as envie! Tu as très envie. Mais tu ne sais pas si c’est vraiment raisonnable de le revoir. Tu as peur de te faire faire mal…
--- C’est un peu ça.
--- J’te connais comme si je t’avais tricoté.
--- Mais je pense que c’est mieux de ne pas…
--- Il te plaît?
--- Vraiment oui!
--- Et si je te disais que ce mec que tu as vu dans son lit n'a aucune importance pour lui, qu’il n’y a plus rien entre eux et que c’est simplement le genre d’ex-copain qui colle au semelles de basquettes…
--- Qui est-ce qui t’as dit ça?
--- Sandy. Et elle connait Flo mieux qu’il se connaît lui-même. Elle m’a expliqué le malentendu… Flo est vraiment triste, tu sais? Il a vraiment envie de te revoir… Et je pense sincèrement que vous êtes fait l’un pour l’autre…
--- C’est vrai?
--- Juré!
Il leva les yeux au ciel comme s’il se concentrait.
--- Hum… Tu crois vraiment qu’il est sincère?
--- Écoute, laisse-lui au moins le bénéfice du doute. Laisse-le s’expliquer… Jeudi, nous…
--- Mais tu oublies que je travailles toute la nuit, jeudi!
--- On peut peut-être trouver une solution…"

Bonne semaine!
MAXIMUM
xxxx

mardi 20 novembre 2007

Premières neiges

Ouf! Que c'était bizarre de se réveiller ce matin en entendant les roues des voitures glisser sur la chaussée, d'ouvrir ses rideaux et de voir une belle grosse couche de neige tout partout!
...
Max chantait dans la cuisine en faisant le petit dèj pour son amoureux et lui:
"Nous irons sur la neige blanche,
par ce beau matin de novembre,
à travers les rues en slush...
C'est l'hiver, c'ets l'hiver, c'est l'hiver..."
;)

mercredi 14 novembre 2007

La première fois que j'ai entendu parler de Vicking...

J'ai reçu une lettre de Flo ce matin! Je suis trop contente! Une vraie lettre sur papier, avec un timbre, du papier qui a voyagé... C'est quand même tellement mieux qu'un mail!
En tout cas, il est heureux avec son homme. Tout va bien pour lui en France. Ils vont bientôt déménager dans un plus grand appartement. Flo travaille dans un petit resto. Il fait beau. La vie est belle. Et ils vont venir passer les fêtes avec nous, à Montréal!!!
Toutes ces bonnes nouvelles et les autres (Il y a quand même 15 pages recto-verso!) m'ont fait replonger dans nos souvenirs communs. J'ai repensé à la première fois où Flo m'a parlé de Vicking, son mari... C'était tellement pas parti pour durer...
Flashback de mon journal - neuvième partie -Juin 1998 -
"La conversation avec Flo au Café Croissant de lune dura un peu plus de deux heures. Nous étions arrivé ensemble avec plus d’une heure de retard, essoufflés. Lui venant de la rue Maisonneuve, il remontait la rue St-Denis au pas de course, moi courant sur la rue Ontario. En tournant le coin de la rue St-Denis, je l’avais vu courir dans ma direction. En arrivant, un en face de l’autre, les deux en même temps, nous avions lancé : « Pourquoi tu arrives avec autant de retard? » Nous avions beaucoup ri parce que d’habitude, aucun de nous deux n’arrivions en retard aux rendez-vous. Heureusement, les raisons étaient valables. Il avait été retenu tout ce temps par son ex, Angel, appelé à l'époque L'Ange Gabriel. Ce dernier essayait encore une fois de faire valoir un certain droit de propriété sur Flo. J’avais été retenue par un téléphone. Il me raconta tout en détails... Et je ris beaucoup. C'était sûr qu'il fallait qu'il se débarrasse de son Ex pour de bon! Même s'il avait perdu ce Vicking pour toujours... (Pour les détails de cette nuit affreuse, allez voir les billets précédants. Ça commence en juin)


Il sonnait 17h00 quand j’entrai dans mon appart précédée par mon épaule droite. July, ma coloc, dormait nue sur son lit. En étoile. La porte grande ouverte. Il faisait une chaleur suffocante dans tout l’appart. J’étais crevée. Je n’avais dormi que 3 petites heures ce matin. Je me trainai le long du corridor pour aboutir dans la cuisine. La lumière rouge du téléphone, qui indique qu’il y a des nouveaux messages, clignottait. Je décrochai le combiné pour ensuite faire le numéro de notre boîte vocale. 5 nouveaux messages! J’écoutai le premier. Voix de Flo:

« Sandy, c’est moi. Écoute, je sors à peine d’une interminable engueulade avec L'Ange Gabriel. Ça a l’air que je ne suis toujours pas admissible pour le paradis… »

Je sautai le message en me disant intérieurement que ce n’était pas l'Ange Gabriel qui accueillait les âmes au paradis, mais plutôt St-Pierre. Gabriel, lui, annonçait aux vierges qu'elles allaient enfanter le p’tit Jésus! Et je ris toute seule de mes racine Judéo-Chrétienne bien profondes. Second message. Voix d’homme :

« July… heu… C’est K… (Ha! Le monsieur muscle de ce matin. Il rappelle vite!) Je voulais juste te dire que je ne suis pas fâché et que je voudrais… J’aimerais ça te revoir… Si ça te tente… Pis je me suis rappelé que je t’avais pas laissé mon numéro de téléphone. Fait que je te le laisse… »

Je sautai et conservai le message. Pauvre garçon, il va sûrement souffrir un peu. July est une vraie bourreau des cœurs. Mais on ne sait jamais. Ce gars méritait quand même une bonne note pour l’effort. Ils sont rares ceux qui rappellent! Ils sont surtout rare à rappeler après s’être fait planter comme lui cette nuit! Troisième message. Voix aiguë :

"Salut ma belle, tu me reconnais? C’est Maximum. (Comment je ferais pour ne pas le reconnaître!) Bon, je suis É-PUI-SÉ! J’en peux plus. J’ai pas encore dormi. J’essaye, mais je ne suis pas capable. J’ai un grand Vicking à côté de moi qui ronfle comme une Harley Davidson. Ne t’en fais pas, je l’ai recueilli tantôt, sous la pluie. Pauvre petit chaton tout mouillé. Il était tellement déprimé que je pouvais pas le laisser tout seul. Y’a rien entre nous en passant. C’est comme mon petit frère dont je prendrais soin. T’en fais pas. Bon, en tout cas, j’ai rien compris à son histoire. Il m’a parlé d’un café avec Flo, de la pluie, des bisous dans l’escalier, pis du chum dans le lit… Je n’ai rien compris. Tu ne m’avais pas dit que Flo avait un amoureux. J’ai essayé de le défendre, mais c’était pas mal difficile. Il me manque des éléments pour avoir le scandale clair dans ma tête… Hi! Hi! Hi! Bon, écoute… je me sens l’âme d’une Mère Thérèsa. Il faut faire quelque chose pour nos deux tourtereaux … Et moi, je veux comprendre quelque chose à cette histoire digne d’un épisode de Dallas… Rappelles moi! Bisous. Bisous. Ciao! Clic! »

Ce long message me fit chaud au cœur. Maximum était entré dans ma vie seulement depuis douze heures et il me parlait déjà comme si on avait été des amis de toujours. J’étais totalement sous le charme. J’étais bien d’accord pour organiser quelque chose pour aider Flo à se débarrasser de l'Ange Gabriel et faire plus ample connaissance avec le Vicking. J’avais le sentiment qu’ils étaient fait l’un pour l’autre. Le quatrième message, c’était encore le Spécial-K de July, qui demandait si elle voulait sortir dans une autre super soirée techno ce soir avec lui. Il connaissait les organisateurs. J’écrivis une note à July que je collai sur le frigo à l’aide d’un des aimants, celui qui représentait Marilyn Monroe sur la bouche d’aération, entre les photos de photomaton de July et moi et la photo de Flo et moi, au party d’Halloween de l’année dernière. Nous étions déguisés en Danny et Sandy , et avions pris la même célèbre pause que celle des vedettes sur l’affiche du film Grease. Cette photo me donna une idée. Le cinquième message commença. Voix de femme inconnue :

« Heu… Salut. Le message est pour Sandy. J’espère que tu te rappelles de moi. On s’était vu v’là quelques mois, pis on s’est revu hier soir… Je t’avais pas rappelé parce que j'avais perdu ton numéro de téléphone. C’est May… (Je failli tomber par terre!) Je suis tellement contente de t’avoir revue hier soir à la pizza… Ça faisait longtemps que j’espérais te croiser… Je t’appelle juste pour te dire que j'aimerais vraiment ça te revoir. On pourrait aller prendre un café demain… Ou en fin de semaine… Ou n’importe quand… Je te laisse mon numéro… »

Je pris le numéro en note. Nerveusement. Je ne pouvais presque pas croire qu’enfin une rencontre de bar me rappelait. Ce pouvait-il que le vent tourne enfin? Je restai figée, regardant le téléphone que je venais de déposer. Je n'allais pas la rappeler ce soir. Quand même! Maintenant que la balle était dans mon camp, j’allais me faire désirer un peu plus. Il fallait que je le dise à quelqu’un. Je décrochai le combiné et je fis un numéro que je connaissais mieux que le mien. Le répondeur prit l’appel avec comme musique d’ouverture, les premières mesures de « Les gentils, les méchants» de Michel Fugain. La chanson commence :

« Qui c’est qui est très gentil? (Pepper chante par dessus la voix de Fugain) C’EST PATTY! Qui c’est qui est très méchant? (Flo fait le même jeu que Pepper) C’EST FLORIAN!… Qui c’est qui vend des fusils?… »

Et le jeu continu un peu jusqu’au bip. Le sourire dans la voix, je laisse un message :

« Excellent votre nouveau message Flo. C'ets officiel, j'ai vraiment hâte de te connaître pepper. Je veux être ton amie! Flo, je voulais juste te dire qu’il y a un miracle qui vient de se produire. Pour plus de détails, tu connais le numéro magique? (J’allais raccrocher quand je vis à nouveau ma photo d’Halloween sur la porte de mon frigo. Il faut rassembler Flo et Vicking.) Ha oui! C’est vrai! Êtes-vous libre jeudi soir? Ben, arrangez-vous pour l’être. Jeudi soir, c’est soir de karaoké et j'ai vraiment envie de pousser un peu la chanson! Pepper, quel meilleur moyen y a t'il que de briser la glace entre nous deux que de chanter ensemble en duo??? À tantôt! »

Bon, je me disais qu’aller en bande faire des fous de nous sur une mini-scène allait être l’endroit idéal pour que nos tourtereaux se revoient et échangent. En tout cas, pour rire un peu et détendre l’atmosphère, il n’y a rien de mieux. Je décrochai à nouveau et composé le numéro de Maximum, qui se trouvait couché sur un post-it fluo, collé sur la boîte de mon téléphone rose, en attente que je l’apprenne par cœur. Le téléphone sonna à l’autre bout."

Voilà... Petit bout de vie d'il y a dix ans...
C'est drôle de reploger là-dedans...
Bonne fin de semaine à tous!
Sandy
xxx

vendredi 9 novembre 2007

Rebelotte!

"Je n'arrête pas de penser à toi... Je me lève le matin, je pense à toi... Je travaille, je pense à toi... Je me couche le soir, je pense à toi... Tu es devenue une vraie obsession... Mais je ne pourrai jamais quitter Mimi (sa femme!) On est ensemble depuis trop longtemps... Je sais maintenant et pour la première fois de ma vie ce que ça me prendrait pour être heureux, mais je sais aussi que je ne pourrai jamais l'avoir... "
Il est parti sans même m'embrasser... Le criss! On venait de souper, le vin était super bon... Pis il me laisse comme ça, la morve au nez sur le coin de Duluth et St-Laurent...
Je rentre chez nous, en furie et ma soeur m'accueille avec un petit sourire en coin... La criss!
...
Qu'est-ce qu'il y avait dans mon mail ce matin? Un message de lui...
"Passe une belle journée, ma Muse. J'ai rêvé à toi toute la nuit."
Dans les bras de l'autre, oui!!!
...
Bonne journée quand même gang!
Pepper
xxx



jeudi 8 novembre 2007

Grosses fesses!

Je m'en vais souper avec mon "réparateur d'ordinateur" ce soir... Évidemment, je suis nerveuse. Je ne sais pas comment m'habiller... C'est toujours dans ces moments-là qu'on se trouve moche!...
Moi, en plus, j'ai une soeur (qui se rapproche à nouveau dangereusement de la porte!) pour me lancer des gentilles phrases comme:
"Hé! J'te jure qu'avec ses pantalons-là, on ne peut pas manquer ton cul!!!"
...
Je mets alors une petite jupe.
"Ouch! T'as dont ben des grosses cuisses! J'avais jamais remarqué à quel point!!!"
...
Je me mets alors une jupe plus longue.
"T'as jamais pensé rentrer comme religieuse... T'aurais déjà la jupe pour!!!"
...
BORDEL!!! QU'EST-CE QUE JE VAIS METTRE???

mercredi 7 novembre 2007

Halloween et plus+++

Gros party samedi soir... Un thème BD!!!... Et les gens ont vraiment embarqués! Nous, les trois amis de l'appart nous sommes déguisés en Peanuts... J'étais évidemment Pepperminth Patty, Sandy était Sally et Max était le pauvre Charlie Brown... Même ma soeur a participé, elle était, vous l'avez deviné la bitch suprême: Lucy... En 24 heures, Sandy et moi nous vons fabriqué les costumes et organisé les perruques... On a vraiment eu du fun! Pas beaucoup de gens sont venus, la pluspart avaient déjà fêté le samedi d'avant (c'est ça quand l'Halloween tombe en plein milieu de la semaine) L'homme de rêve de Max était déguisé en Frozone (le best friend de Monsieur Incroyable!) sont costume était gé-ni-al!!! Et moi, j'ai eu la surprise de ma vie... Mon réparateur d'ordinateur (Oui! le moron qui a une femme(avec qui il dit être malheureux!) et qui ne veut pas faire de move mais qui arrête pas de m'envoyer des mails comme de quoi il arrête pas de penser à moi!!! À tous les jours!!! Depuis la fin août) Il est venu, déguisé en Spirou, avec des fleurs... (Je l'avais invité sans être très précise. J'ai envoyé un mail à toute ma liste de contact annonçant qu'on faisait un party d'Halloween... Je ne pensais jamais qu'il répondrait à un mail de groupe super impersonnel!!!)...
Et devinez quoi?...
On a frenché!!!
WAHOU!!!!
Pepper
xxxx