mercredi 21 novembre 2007

D'où vient Maximum???

DIXIÈME partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

par: MAX

Maintenant, on peut me considérer comme un homme heureux, avec mon amour (Homme idéal!) et mes deux colocs parfaites et l'autre coloc (qui fait de gros efforts pour s'améliorer! Bravo Alex!) MAIS il n'en fut pas toujours ainsi! Oh! Non! Pour poursuivre dans l'idée de nos dix ans d'amitié, j'ai décidé aussi de continuer la genèse...

Pour les autres parties, remonter à rebourd à partir de là!

FLASHBACK:
"Il me semblait que je venais juste de m’endormir quand le téléphone sonna et me fit sortir de ma torpeur. J’étirai mon bras jusqu’à ma table de chevet et je décrochai. Raclement de gorge.

---Allo?
--- Maximum? C’est Sandy.
Les grognements que je refrénais parce que j’avais été réveillé se turent. J’étais heureux d’entendre sa voix.
--- Je te réveille? Me demanda-t-elle.
--- Oui, mais ce n'est pas grave.
--- Je suis désolé.
--- Pas grave, je te dis. Je suis content que tu m'appelles. Il est quelle heure?
--- Presque 5 heures et demie.
--- Ouf! Il faut que je me lève.
Je regardai à droite de moi, le lit était vide. Vicking c’était levé. Où était-il?
--- Écoute, tu es libre jeudi soir?
--- Heu… Pour toi, oui. Pourquoi?
--- Ben, J’ai une idée géniale pour qu’on se voit et qu’en même temps, on essaie de recoller les morceaux avec nos deux amis.
--- Et l’idée, c’est quoi?
--- La Karaoké du Club Date.
Je laissai sortir un petit cris strident. Comme celui d’une souris prise par accident dans une trappe. C’était une idée excellente. Depuis le temps que je voulais aller faire la Diva dans un karaoké.
--- Bonne idée chérie, mais je ne sais pas pour Vicking. Je pense qu’il travaille le jeudi soir.
--- Oh non! Qu’est-ce qu’il fait?
--- Il travaille de nuit dans un dépanneur Couche Tard.

Et oui, mon pauvre ami n'avait pas la chance d’avoir un père généreux comme le miens. Je bénéficiais, en effet, d’un père pourvoyeur. Il n’avait pas été présent beaucoup dans ma vie. Ça avait commencé par son retard à l’accouchement. J’avais déjà deux grosses heures, paraît-il, quand il était arrivé avec un bouquet de fleurs. Ma mère me tenait dans ses bras. L’accouchement avait été plutôt rapide, mais ma mère avait quand même décidé de lui faire la gueule. Pendant les dix ans où j’ai vécu avec mes parents encore ensemble, ma mère a constamment fait la gueule. Et mon père arrivait toujours à la maison avec des bouquets de fleurs. Plus il apportait des gros bouquets, plus ma mère faisait la gueule. Plus elle faisait la gueule, plus il partait longtemps après… Et plus il revenait avec des gros bouquets. Après le divorce, mon père est parti dans un projet de développement humanitaire en Afrique. Au Mali, plus exactement. À partir de ce moment, je ne l’ai revu qu’une fois par année, et c’est à partir de ce moment qu’il a commencé à me payer des études dans des collèges privés, et ensuite le cegep et l’université. Depuis le début de mon BAC, il me paye non seulement les études et l’appartement, mais à la fin de ma première année, il m’a offert « Alexis », ma voiture rouge, en me disant qu’il était très fier de moi… Et qu’avec ce genre de voiture, les filles allaient toutes tombées… (Ouais, j’oubliais, mon père ne savait pas que j'étais gai, il y a dix ans... Et le plus drôle, c'est que moi non plus, je ne le savais pas du tout! On a fait notre coming-out ensemble! Une belle histoire que je vous raconterez un jour.)

Avec l’argent qu’il me donne pour vivre, je peux ainsi passer mon été à me reposer. Je n’en parle pas trop car les amis autour de moi n’ont pas tous cette chance et je ne veux pas faire de jaloux.
--- Ouais, Vicking n’a pas la chance d’avoir un papa riche!
Je ravalai. Ça ne pouvait pas être une pointe que venait de me lancer Sandy, elle ne savait rien de ma situation. Mais, à chaque fois, je ressentais un malaise. C’était le genre de phrase assassine que je recevais en pleine gueule – comme pour me punir d’être un sale gosse de riches – Mais à choisir entre un père diplomate en Afrique ou un père qui aurait été présent pendant toute ma vie, je choisirais certainement la deuxième option. Un père qui aurait été là quand je rentrais de l’école en pleurant parce que je sentais que je n’étais pas un homme, un vrai homme, et que je me faisais lancer des morceaux de sandwichs dans la cafétéria. J’aurais cent mille fois préféré avoir un père qui me montre comment être un homme, plutôt que d’avoir une mère qui me montre comment faire la gueule.
--- Excuse-moi, je ne voulais pas parler de toi…
Sandy savait?
--- Je… Comment tu sais pour mon père?
--- C’est Flo qui m’a parlé de ta situation.
--- Et vous voulez que je me sente coupable que mon père achète mon amour avec son argent?
--- Non… Je ne voulais pas dire… Enfin, excuse-moi. J’ai dit ça comme ça parce que je t’envie de ne pas avoir à te taper des jobines plates à 7$ de l’heure pendant l’été. C’est juste que je suis ben écoeuré d’animer des petits monstres hyperactifs 5 jours par semaine. Tu vois, depuis 2 semaines que j’ai commencé et je suis déjà au bout du rouleau. On n’est même pas encore rendu au mois de juillet! Il faut pas que j’y pense trop, parce que ça me rend folle de savoir que pendant tout l’été, je n’aurai pas deux jours de congé de suite. Tu vois, je travaille demain, vendredi et samedi de 8 heures à 16 heures. Puis après, j’ai seulement dimanche de congé et ça recommence pour deux autres jours. Je trouve ça crevant. Ça me tue. J’en peux plus!

Cette montée de lait d’e Sandy me toucha. C’était le même genre de complainte que me servait Vicking face à ses 4 nuits par semaine dans son dépanneur de merde – à servir des ivrognes, tout droit sortis des bars où encore, des jeunes à cuver leur première cuite. Il perdait ses 20 ans à donner ses fins de semaine d’été derrière une caisse enregistreuse et, en plus, il ruinait ses forces à dormir pendant les week-ends de grosses chaleurs. Le discours que venait de me servir Sandy me toucha tout autant. Je ne savais pas quoi faire, quoi dire. Oui, je trouvais cela injuste que mes amis se crèvent pour des salaires de famine. Tout cela pour survivre pendant la belle saison, car l’hiver, ils étudient comme des damnés et s’endettent avec les prêts du Gouvernement. Moi, mes études sont payées par le Gouvernement. Service rendu à mon père, j’imagine. Je savais très bien aussi que si Vicking avait de moins bonnes notes que moi, c’était parce qu’il continuait à travailler deux nuits par semaine dans son foutu dépanneur. Il étudiait sur le coin du comptoir, passait souvent tout droit pour le dodo et arrivait en classe, souvent épuisé. Souvent il s’endort dans le cours, et je lui photocopie mes notes… Mais, manque de sommeil égal souvent manque de concentration. Ça y est, je me sentais coupable!
--- Ben, tu es sûr que tu veux sortir jeudi soir? Si tu as travaillé avec des enfants pendant toute la journée et que tu retravailles le lendemain? Tu es sûre de ne pas vouloir te reposer un peu à la place? Demandais-je, plein de pitié.
--- Tu es fou? Et mes loisirs? Et ma vie sociale? J’aime mieux être crevé le lendemain, mais avoir ri toute la nuit, que de rentrer chez moi, souper devant la tv et me coucher. Je veux pas devenir une espèce d’automate qui ne fait que suivre la routine établie! Bon, alors? C’est d’accord pour le karaoké?
--- Écoute, pour moi c’est sûr. Pour Vicking…? Je ne sais pas… Comme je te dis…
--- Il ne peut pas se faire remplacer?
--- Non. Je ne pense pas. Écoute, je vais voir ce que je peux faire…

Soudainement, j’eu en tête le flashback d’hier dans la nuit. J’avais ramassé Vicking devant le métro Berri UQAM fermé. Il était complètement déprimé.

---Mais, en passant, tu n’as toujours pas éclairé ma lanterne. C’est quoi cette histoire de chum couché dans le lit de Flo? Demandais-je.
--- Ha! La huitième plaint d’Égypte? Je vais te résumer…
Sandy résuma, en n’oubliant pas certains détails croustillants. Toute l’épopée de Flo et l’Ange Gabriel. Comment ils s’étaient rencontrés au Sky, voici deux ans. Comment leur histoire avait été une passion dévorante, que pendant deux mois, elle n’avait presque pas vue son ami, ou si elle le voyait, il était avec son beau « mari». Elle insista sur le fait que Gabriel était insupportable. Certe il était d’une beauté plastique hallucinante, mais côté caractère… Gabriel était le roi de la manipulation. Il dégageait un égocentrisme puant et il souffrait d’un complexe de supériorité qui le rendait un des personnages les moins sympathiques que Sandy n’avait jamais rencontré.
--- Et comment cette histoire d’amour s’est terminée? Demandais-je, avide de détails, à ma conteuse.
Elle me dit que la fin de leur histoire restait nébuleuse. Tout ce qu’elle savait c’est que Flo l’avait appelé, la voix remplie de sanglots et il lui avait dit que c’était terminé avec Angel Gab. Il était parti quelques jours chez sa mère. Il y était resté deux semaines, sans trop donner de nouvelles. Quand il était revenu à la vie, il avait appelé Sandy pour lui dire qu’il voulait sortir le soir même. Pour célébrer, avait-il dit. Ils étaient allés au Sky (comme d’habitude!) et ils s’étaient retrouvés comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. La seule chose bizarre de cette soirée du « Retour de l’enfant prodigue » fut que vers 1 heure du matin un grand ténébreux était venu rejoindre Flo. Il l’avait embrassé et Flo l’avait présenté à Sandy comme St-Pierre, son nouveau copain.
---Ha bon? Mais comment il était arrivé dans le portrait ce St-Pierre?
--- Aucune idée, me répondit-elle.
Elle savait seulement qu’il était là, aussi présent que l’avait été Gabriel. Flo avait expliqué qu’il l’avait rencontré, par hasard, alors qu’il était sorti seul. Rien de plus. Flo, même s’il était très proche de Sandy, aimait garder, à ce que je comprenais, des zones d’ombres. C’était un homme plein de mystères finalement ce Flo! Il gardait des secrets, même pour sa meilleure amie. "Il faut respect ces silences", me dit-elle.
--- Et qu’est-ce qui était arrivé de ce St-Pierre?
--- Hé bien, ça a duré quelques semaines. On l’aimait beaucoup. Genre d’homme parfait : gentil, serviable, Tu sais, le genre de gars avec qui on se sent en sécurité. Genre de gars dont une fille dirait : « Ça ferait un merveilleux père pour mes enfants… »
---Je vois le portrait…
---On l’appelait « St-Pierre », parce qu’il était vraiment parfait, mais…
--- …Mais?
--- … Mais il était plate. Genre de gars un peu drabe pâle, tu sais? Je sentais bien que Flo s’emmerdait royalement avec ce gars-là. Pauvre St-Pierre! Pis de toute façon, ça faisait pas assez longtemps que la passion avec l'Ange Gabriel s’était interrompue. Évidemment, l’Ange Gabriel est revenu dans le portrait assez vite…
--- Évidemment! Et pis? Et pis?
--- Ça a été l’enfer! Un fiasco sentimental total! Du tiraillement, des coups de téléphone en pleines nuits, des larmes… Beaucoup de larmes… Flo allait de l’un à l’autre sans jamais prendre de décision claire.
---Ouch!
--- Et puis, un matin, il est arrivé dans la fenêtre de ma porte de derrière… Détruit… Vidé… Le destin avait tranché, et c’était Flo qui avait perdu.
--- Comment ça? Demandais-je, comme si on me coupait l’action au moment le plus intéressant en mettant une pause publicitaire.
--- Ben, à force de se tirailler pour Flo, les deux hommes en sont venus à se connaître et, ils ont comme eue un coup de foudre l’un pour l’autre. Ils sont finalement partis ensemble. Et depuis presque deux ans, je pense, ça dure.
--- Pauvre Flo! Laissais-je échapper sans ironie.
Sandy m’expliqua que ça avait été un sacré coup dur pour Flo et qu’il n’osait plus faire confiance à aucun gars. Vicking était l’espoir qu’il fallait nourrir. (On a bien eu raison il y a dix ans! Dire qu'ils sont mariés aujourd'hui!!! Oh! C'est beau l'amour!)
--- Mais qu’est-ce qu’il faisait dans le lit de Flo, son ex? Si c’est fini et qu’il a un nouveau chum, pourquoi il était venu dormir avec Flo? M’emportais-je.
--- Ben justement c’est ça le problème! Me lança-t-elle, elle aussi énervée. Dès que l’Ange Gabriel et St-Pierre se disputent ou qu’il y a quelque chose qui cloche entre eux deux, le beau Gabriel revient toujours se faire consoler par Flo. Si seulement c’était juste pour parler… Mais à chaque fois, il revient et se réinstalle - jusqu’à ce que St-Pierre rappelle et s’excuse – Alors, Gabriel refait ses valises et rebrise le cœur de Flo.
--- Il a fait ça souvent?
--- Il doit bien revenir aux trois-quatre mois… On est en juin, la dernière fois, il nous a fait le coup en janvier, je pense… Je m’en rappelle, Flo et moi, on revenait d’un party du Nouvel an. On avait bu. Il neigeait à peine. C’était magnifique - Juste avant la tempête de verglas! Et en arrivant chez eux, qui est ce qui attendait dans les escaliers intérieurs en veston, cravates?
--- Non!??
--- Oui, Monsieur! L’Ange dans toute sa splendeur! Larmoyant, en plus… Et il est resté presque tout le mois de janvier. Je m’en souviens très bien, pendant la tempête de verglas, Flo et lui ont habité chez nous, parce que July et moi, on a été parmi les chanceuses a ne pas avoir manqué d’électricité. St-Pierre est revenu reprendre ses droits sur son copain quelques jours après que la glace ait enfin libérée Montréal.
--- Mais… ?
Je voulais poser une question, mais je n’osais pas.
--- Quoi?
--- Mais… Mais… Tu crois vraiment que mon Vicking a une chance entre ces deux ex pas mal présent?
--- Il faut tenter la chance!
---Je ne voudrais pas que mon ami se retrouve le cœur en milles miettes à cause de…
Je stoppai ma phrase en plein milieu parce que Vicking venait de se montrer le bout du nez dans le cadre de porte de ma chambre. Je crois qu’il avait entendu que je parlais de lui…
--- À qui tu parles? Me demanda-t-il.
--- À Sandy, tu sais, la belle petite blonde qui était là hier?
--- Tu lui parles de moi? J’ai entendu mon nom…
--- À qui tu parles? Me questionna à son tour Sandy à l’autre bout du fil. Je lui répondis.
--- Vicking vient de rentrer dans ma chambre. Je peux te rappeler?
--- Attends! Je ne t’ai même pas annoncé la grande nouvelle.
--- Quelle grande nouvelle?
Vicking croisa ses bras et s’accota l’épaule dans le cadre de la porte, en attendant son tour.
--- Hé bien, j’aurai peut-être moi aussi une « date » jeudi soir.
--- Ah oui? Fabuleux! Raconte…
Vicking souffla.
--- Écoute, poursuivi Sandy. Je n’en sais pas plus. Tout ce que je sais, c’est que c'est une jolie fille que j’ai rencontré cet hiver et elle vient de me rappeler. Elle veut me revoir.
--- Elle n’était pas pressée!
--- Elle avait perdu mon numéro.
--- Classique!
--- Ne me gâche pas mon plaisir avant même que ça commence vraiment!
--- Tu as raison. Milles excuses. Tu lui a parlé donc?
--- Non. Elle m'a laissé un message cet après-midi. Je ne veux pas avoir l’air de la fille qui attendait juste ça. Je vais la rappeler demain.
Je trouvais ce raisonnement un peu enfantin. Vicking commençait vraiment à perdre patience dans le cadre de porte. Je décidai de couper court la conversation.
--- Tu dois savoir ce que tu fais. Bon, écoute, je dois te laisser. On se voit demain?
--- Oui. Tu t’occupes de convaincre Vicking pour jeudi?
--- Oui. Ciao!
Je raccrochai et levai la tête. Vicking ne perdit pas de temps.
--- Qu’est-ce que vous disiez?
--- Elle veut qu’on aille ensemble à une soirée Karaoké. Tu sais, la soirée dans le village animée par un Dragqueen?
--- Flo va être là, j’imagine?
--- Bien sûr, c’est le but de l’opération, mon trésor.
--- Je ne sais pas si j’ai envie de le revoir…
--- Mais oui tu as envie! Tu as très envie. Mais tu ne sais pas si c’est vraiment raisonnable de le revoir. Tu as peur de te faire faire mal…
--- C’est un peu ça.
--- J’te connais comme si je t’avais tricoté.
--- Mais je pense que c’est mieux de ne pas…
--- Il te plaît?
--- Vraiment oui!
--- Et si je te disais que ce mec que tu as vu dans son lit n'a aucune importance pour lui, qu’il n’y a plus rien entre eux et que c’est simplement le genre d’ex-copain qui colle au semelles de basquettes…
--- Qui est-ce qui t’as dit ça?
--- Sandy. Et elle connait Flo mieux qu’il se connaît lui-même. Elle m’a expliqué le malentendu… Flo est vraiment triste, tu sais? Il a vraiment envie de te revoir… Et je pense sincèrement que vous êtes fait l’un pour l’autre…
--- C’est vrai?
--- Juré!
Il leva les yeux au ciel comme s’il se concentrait.
--- Hum… Tu crois vraiment qu’il est sincère?
--- Écoute, laisse-lui au moins le bénéfice du doute. Laisse-le s’expliquer… Jeudi, nous…
--- Mais tu oublies que je travailles toute la nuit, jeudi!
--- On peut peut-être trouver une solution…"

Bonne semaine!
MAXIMUM
xxxx

1 commentaire:

KimY a dit…

On c'est tellement sweet :D