mercredi 6 juin 2007

Première nuit avec Vicking

Septième partie - JUIN 1998

Comment tout a commencé entre nous quatre

Par Flo

Pour lire les six autres derniers épisodes: Un premier dernier verre avec Max

Avec les préparatifs au mariage et au déménagement, je retombe systématiquement dans mes souvenirs et mes vieux papiers. Ça me redonne envie de continuer à raconter notre genèse... À nous 4, mais aussi avec mon amour, mon homme, et mon futur mari (ouch! pas encore habitué de dire ça sans me trouver ridicule!) Conan (alias Vicking).
Pour remettre les gens un peu en contexte, voici neuf ans, j'habitais avec Pepper. Nous nous connaissions seulement depuis quelques mois et je trouvais qu'elle se mêlait pas mal souvent de mes affaires... Nous nous retrouvons donc au petit matin après la soirée martinis passé avec Sandy. Celle où Max est revenu dans nos vies et celle surtout ou j'ai rencontré Vicking...
Pendant que nous buvions (et que je frenchais avec Vicking!) Pepper avait cru bon de laisser se coucher dans mon lit mon ex, Angel, qui s'était chicané avec son chum, St-Pierre (un autre de mes ex...)...

"---Je suis vraiment désolée, Flo, vraiment… Mais il a tellement insisté! Je pensais que tu m’en voudrais si je le faisais pas rentrer… La dernière fois, t’étais pas de bonne humeur!
Pepper regardait son café refroidir entre ses deux mains. Elle n’osait pas me regarder dans les yeux. Elle n’osait pas boire une gorgée non plus. Pauvre Pepper! Même si voici deux heures, j’aurais pu la décapiter tellement j’étais en colère, maintenant que je l’avais devant moi, désolée et repentante, comme une petite sœur qui aurait brisé un de ses jouets, j’étais incapable de lui en vouloir. J’étais, par contre, incapable de prononcer un seul mot. Je bus une gorgée de café tiède.
---Dis quelque chose.
Je levai la tête, elle avait les yeux baignant dans de petites vagues naissantes. Pepper avait quatre ans. Parfois. Je souris.
---Arrête! C’est pas la peine de pleurer. C’est pas si grave!
Elle retrouva son sourire.
---J’ai juste, peut-être perdu l’amour de ma vie!
Elle reçue cette réplique assassine comme un coup de poing en pleine gueule. Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes.
---Je suis tellement désolée, Flo, vraiment, tellement…
Je la stoppai immédiatement, parce que cette situation allait se remettre à tourner en rond. J’étais incapable de voir une fille pleurer. Je me débarrassai donc de mes instincts sadiques de vengeance envers ma repentante colocataire et je me levai.
---Tu veux des toasts?
---Je sais pas si je vais être capable d’avaler quoi que ce soit.
---Oh! Pepper! Ça va! Reviens-en! C’est pas grave je te dis! Va prendre ta douche. Va te préparer. Je vais préparer le petit déj.
Pepper se leva d’un trait. Soudainement rayonnante dans son pyjama aux petits cochons roses.
---Tu m’en veux plus?
---Non!
---C’est pour vrai?
---Oui! Fatiguante!
Elle quitta la cuisine en sautillant. J’entendis la porte de la salle de bain se fermer et deux minutes plus tard, j’entendis le ruissellement de l’eau de la douche. Machinalement, je me rendis à la fenêtre et je regardai la rue. Il me restait encore un peu (beaucoup) d’amertume au fond de la gorge.

Je regardais la rue encore humide de la petite averse qui nous avait surpris, un peu plus tôt, en sortant du Second cup, rue Ste-Catherine, Vicking et moi. Après nous être littéralement donné en spectacle toute la soirée sur la piste de danse du Sky, nous avions, d’un commun accord, décidé de faire durer l’envie de se goûter encore plus (et en privé) et avions été siroter un breuvage chaud à cette chaîne de café populaire. Je crois que Vicking aurait bien voulu que nous nous retrouvions seul. Moi, je tenais à faire descendre la pression. J’étais excité à un point tel que j’aurais pu le violer sur le coin du bar. Ce qui n’aurait pas été un viol... Je sais qu’il aurait été consentant. Mais toujours en moi résonnait notre maxime, à Sandy et à moi : «Jamais le premier soir.» (Nous étions jeunes et innocents!!!) et j’y croyais… Presque. Si je voulais rencontrer l’amour, il fallait que je respecte cet engagement que nous avions juré ensemble autour d’un plat d’huîtres et faisant clinquer nos verres de vin blanc pour célébrer la nouvelle année qui se pointait, voici deux ans… Sandy et moi avions décidé d’arrêter de passer d’un one nigth à l’autre sans jamais rien qui les attachaient à nous pour plus longtemps. Nous voulions trouver l’amour et nous allions le trouver. Nous venions d'avoir 19 ans à l'époque... Selon nos analyses, le problème se situait dans le manque de « réserve ». Une passion, une curiosité trop vite satisfaite. Et hop! Au suivant. Depuis cette nuit de passage entre un 31 décembre, où nous étions amer et seul, nous nous sommes réveillé un 1er janvier, toujours seul mais plein d’espoir. Pas une seule fois nous avions failli à notre engagement. Sans pourtant arriver à des résultats concluants. Depuis 2 ans et demi, je ne baisais plus le premier soir, ce qui ne changeait rien au fait que les mecs ne rappellaient pas quand même. Où quand ils rappellaient, on le faisait le deuxième… Alors, le résultat était le même. Il n’y avait eu que deux exceptions et maintenant ces deux exceptions formaient un couple. Angel et St-Pierre.

J’avais eu l’âme d’un rebelle ce soir. Je croyais avoir reçu l’approbation de Sandy. J’avais voulu rompre notre lien sacré et je croyais avoir été puni. Le temps se situait maintenant quelque part entre le 6 et demi et le 7 sur l’horloge du four. Je venais de passer une sale nuit blanche. Pas une de ces nuits qui fait sourire en coin quand on y reprense. Non. Une sale nuit blanche. Et je me retrouvais encore et toujours seul… Et plus en manque que jamais. Pour me torturer un peu plus, je repensais à Vicking. À tous ses sourires qu’il m’envoyait sans subtilités sur la piste de danse. Je revoyais particulièrement celui sur le gros hit disco super nul: « Can’t take my eyes off you »

You’re just to good to be true
Can’t take my eyes off you
You’ll be like heaven to touch
Oh! I wanna hold you so much.

Torture. Ses grands yeux pâles et brillants. J’avais encore la sensation de ses deux bras puissants qui s’enroulaient autour de moi imprégné dans mon grain de peau. Ses mains. Sa main chaude dans ma main en sortant juste avant le last call. Le bar commençait à être dangereusement vide et nous devenions des objets de haine, d’envie ou de désir pour les pauvres diables qui demeuraient seuls. En sortant, je m’étais mis à marcher machinalement vers l’Ouest. Il m’avait rattrapé en me prenant le bras et d’un geste, il me retourna et m’embrassa.
---Où tu m’amènes?
---Tu veux qu’on aille prendre un café?
À repenser à son visage, je pense que j’ai halluciner le commun accord. Il avait été assez diplomate pour ne pas refuser. Nous nous étions donc retrouvé autour d’une petite table ronde en céramique avec deux cafés aussi brûlants que nos yeux qui dévoraient l’un et l'autre. Nous avions parlé de tout et de rien, faisant défiler dans nos têtes des scénarios de plus en plus cochons. Plus il me parlait, plus j’étais pervers dans mon esprit. Plus il me plaisait. Son visage, pourtant visiblement fatigué s’illuminait quand il me racontait ses voyages en Afrique, en Amérique du Sud ou dans sa famille en Suède. Il était le fruit unique d’une histoire d’amour torride entre un Suédois en stage à Montréal et une pure Montréalaise d’Outremont qui s’était, bien évidemment, terminé dans un divorce retentissant. Son père était donc retourné à Stockholm au début des années 80 et lui, mon beau Conan le Vicking, était demeuré à Montréal avec sa mère pour faire ses études primaires dans une école anglophone. Son curieux accent (franchement sexy) venait du fait qu’il était parti faire ses études secondaires en Suède chez son père. Il y était resté jusqu'à ses 22 ans et il était revenu à Montréal pour faire sa maîtrise à l’université McGill. C’est là qu’il s’était lié d’amitié avec Maximum. Il me racontait sa vie et je buvais ses paroles comme une eau fraîche, sans perdre une seule goutte. Quand il me dit qu’il parlait cinq langues, je failli tomber en bas de ma petite chaise droite. C’était un vieux fantasme de rencontrer un polyglotte. J’eu des frissons le long de la colonne. Il parlait, en plus de l’anglais et du français, le suédois, l’allemand et il suivait des cours intensif pour apprendre l’espagnol.

J’avais toujours la chair de poule en repensant à cette conversation, mais les papillons envahirent mon estomac en repensant à la suite de la soirée… Quel désastre!

Vers 5 heures du matin, nous sommes sortis de café et, tout hésitant, il fit les premiers pas :
---J’ai pas envie de dormir…
---Y faut pourtant aller se coucher…
---Tu m’invites chez toi?
---Heu… Non, c’est pas possible.
---Pourquoi?
---C’est dur à expliquer. Mais, je ne… Je ne suis…
---Je te plait pas?
---Arrête! C’est ridicule! Au contraire, tu me plais plus que n’importe qui que j’ai jamais rencontré.
Je sais cette phrase était cousu de « cucu » consommé. Mais je l’avais pourtant dites et je le pensais. Je la ressentais. C’est tout!
---Toi aussi tu me plais vraiment.
Oh! Oh! Le moment fatidique.
---T’as pas envie de faire l’amour avec moi?

« Faire l’amour »! Oui! Enfin quelqu’un qui baisait pas! Il voulait « faire l’amour »!!! Le fait qu’il fut si direct ne me déplu vraiment pas. Je me sentis, par contre, intimidé et tout à coup complètement risible. Pourquoi faire durer plus longtemps la suspense? Je l’avais déjà déshabillé, dans ma tête, au moins cent soixante-dix fois! C’est à ce moment que l’averse commença. Sans crier gare, Il revint à la charge en me prenant dans ses bras. Il était juste de la bonne grandeur pour que ma tête se blotisse amoureusement dans le creux de son épaule. Il était vraiment trop fait pour moi. Rien à faire de plus que de succomber...
Avant de la payer cher!
---J’ai vraiment envie de toi. Me chuchotta t’il à l’oreille.

Avoir su ce qui m’attendait chez-moi. J’aurais résisté plus longtemps. Dieu que j’aurais résisté!

Nous sommes donc allés chez moi, en courant sous la pluie. J’habitais tout à côté, dans un appartement au troisième étage de la rue Beaudry, entre la rue Maisonneuve et la petite rue Robin. Même si du café, cela faisait quelques trois coins de rues, passé la porte, nous étions trempé jusqu’aux os! Je ne pouvais m’empêcher de rire en pensant à Gene Kelly qui chantait «I’m singin’in the rain» après un doux baiser de Debbie Reynold. Je me disais que c’était la vraie sensation du bonheur que je vivais en ce moment. Pour une fois, le cinéma Hollywoodien avait vu juste! C’était la description souveraine de ce que je pouvais ressentir à ce moment-là. En montant les escaliers, il me kidnappait à chaque paliers, en me prenant la taille et il me volait de nouveaux baiser de plus en plus insistant. J’avais la tête qui tournait. Il avait déjà commencé à défaire sa ceinture quand j’ouvris la porte de mon appartement.
---Attends un peu… Attends un peu… Lui chuchottais-je.
---Elle est où ta chambre?
---La deuxième porte à droite…

Il me souleva de terre, j’enroulai mes jambes autour de sa taille. J'étais presque déjà sur le point de venir... Mon Dieu! Quand nous sommes entré dans ma chambre, il me fit tomber sur mon lit. Il se préparait à se jeter sur moi, mais un cris l’arrêta dans son élan. Je n’avais pas été accueilli pas un matelas mou et douillet, mais par quelque chose (quelqu’un) de dur et de raide.
---Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel? Hurla la forme.
Je reconnus trop bien la voix de la forme indésirable. Angel dormait dans mon lit!
---Qu’est-ce que tu fais-là?
---Je pourrais te demander la même chose!
De quel droit se permettait-il d’être à ce point désagréable dans mon lit! Alors que… Alors que… Alors qu’il était supposé être heureux et en amour avec mon autre ex, St-Pierre! Je me retournai vers Conan. Il se tenait droit, les pantalons aux genoux, dans l’embrasure de la porte. Il m’avait regardé, l’air complètement désabusé et sa mâchoire se crispa. Il ne dit rien, il se pencha pour remonter son pantalon et bifurqua vers la gauche. Je me levai du lit en trombe.
---Attends! Je vais tout t’expliquer… (réplique de film classique, mais je sais que je l'ai dite quand même...)
---Qu’est ce que tu veux m’expliquer? Je reste ici! Me lança Angel.
---(Je me retournai vers Angel) Pas toi!
---Mais qu’est ce qui se passe? Me lança l’autre de ma chambre pendant que je m’engageais dans le corridor à la poursuite du bonheur. En dévalant les escaliers, je refaisais ma ceinture, et je jurais le ciel qu’il y avait pas plus salope que cette vie de merde… Je finis par rattraper Conan en bas, sur le trottoir, sous l’averse. Ça sentait l’asphalte. Je suffoquais. Il se retourna, le visage dur.
---Je comprends pourquoi tu hésitais tant à m’inviter… T’aurais dû me le dire que tu avais quelqu’un. Me dit-il froidement.
---Je ne savais pas que... Ce n'est pas quelqu'un...
Il se retourna, fit trois pas et se retourna vers moi à nouveau.
---Je suis très vieux jeu, moi… Je suis un fidèle.
--- Moi aussi je suis vieux jeu… d’habitude, je ne fais rien le premier soir!
Il ne m’avait pas compris. Il m’échappait. Je le rejoins, il fit un pas en arrière. Il pleuvait maintenant des cordes. J’étais en train de me noyer. Il ne me laissa pas placer un autre mot.
---Tu pensais qu’il ne serait pas là? Tu m’as mentis… I hate lies!
---Mais c’est personne! C’est mon ex!
---Salut Flo! Il se retourna et s’enfuit. Et moi, j’ai chanté Mario Pelchat et je me suis donc trouvé pathétique.

Je suis remonté à l’appart, le cœur dans la gorge et les poings serrés. Heureusement que je n’étais pas un violent. Pepper était levée et elle se frottait les yeux. Le bruit l’avait réveillé. Elle était en train d’écouter une version erronée de la part de Angel, qui lui aussi était debout, un drap enroulé autour des épaules. J’étais passé devant eux, sans rien dire, la rage au fond de la gorge et je m’étais enfermé dans la salle de bain. J’avais pris une longue, très longue douche froide en gueulant «Singin’in the rain» version trash métal. Trois quarts d’heure plus tard, j’étais sorti et j’avais trouvé Pepper devant deux cafés, assise à la table de la cuisine.

Maintenant, mon instinct de tueur s’était calmé donc. Du moins contre ma coloc qui finissait sa douche. Tant qu’à mon ex-amoureux, il dormait toujours dans mon lit. Je ne l’avais pas encore crucifié, mais je cherchais la meilleure vengeance à lui administrer dès son réveil. Tout à coup le téléphone sonna. Je regardai l’heure en me précipitant sur le téléphone. 07 : 25! Qui peut appeler à cette heure? Je décrochai.
---Allo?
---C’est moi. (C’était Sandy) Bon, qu’est-ce qui s’est passé avec Vicking?
---Comment?
---J’étais avec Maximum, chez moi, on prenait un verre avec July en riant pis le téléphone cellulaire de Max a sonné. C’était ton beau prince charmant. Qu’est-ce qui s’est passé?
---T’es libre pour un café cet aprè’m.?
---Au Croissant de lune, à 1 heure et demi.
À SUIVRE...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime bien l'histoire séparée par épisodes bien sympatiques.. Vivement la suite ;)

L'intense a dit…

J'adore trop tes histoires flo!!!

Je me sens comme dans un soap. Moi aussi j'attend fébrilement la suite :)

Miss Patata a dit…

À suivre?!! Je me révolte!
J'ai hâte d'avoir la suite moi!
Oh la la...

Une Corneillle a dit…

Wow.
Vous écrivez tous de façon à ce qu'on aille l'impression de voir très précisément la scène.
Longue vie à vos aventures, je suis fan!