samedi 21 avril 2007

Ce n'est pas d'hier que Flo a des problèmes avec ses EX!

Cinquième partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé entre nous quatre...

Par Pepper

Mise en situation:
J'étais la coloc de Flo. Il habitait chez moi depuis quelques mois. Il avait répondu à une annonce sous la rubrique "À partager". À cette époque, je tombais systématiquement amoureuse de gais. Dès qu'un homme me plaisait, c'était sûr qu'il était gai. Et Flo ne faisait pas exception à la règle! Je l'aimais bien, même s'il était très secret. Je ne connaissais ni Sandy, ni Maximum encore. Il n'amenait jamais ses amis à la maison, il n'amenait pas souvent des mecs non plus. À cette époque, il avait un ex. Un autre Ex collant: Angel, son premier amour...
Anyway, pendant qu'e mes trois futurs amours célébraient autour de verres de martinis, moi, j'étais à l'appart avec mon chat, Passe-poil. Maintenant au paradis des chats suite à une longue agonie pendant l'été 2000.

"Passe-Poil, mon énorme himalayen s’en mêlait.
--- Pprrrouaaw!
Je penchai la tête et il se tenait là, bien assis sur son postérieur démesuré et me regardait de ses grands yeux ciel, tout rond, en louchant.
--- Qu’est-c’qui a bébé?
--- Pprrrouaaw!
--- Qu’est-ce qu’il y a? Ben oui, Flo est encore sorti…
--- Pprrrrrrouawoawwww, miaw!
Il sauta sur le divan et grimpa ses deux pattes de devant sur mon ventre. Il se mit à ronronner comme un Boing 747 qui réchauffe ses moteurs avant le décollage. Du moins, c’est ce que Flo disait : « Ton chat ronronne comme un moteur d’avion! » et ça faisait rire tout le monde. Moi, je ne pouvais pas le savoir, je n’avais jamais pris l’avion! Je sortis ma main droite du bol de chips au barbecue, j’essuyai mes doigts sur le coussin (ce divan était, de toute façon, complètement pourri…) et je commençai à masser le cou et le derrière des oreilles à cette bête poilu. Il ferma les yeux, appréciatif et complètement abandonné.
--- Tu es chanceux, toi! Tu as toujours quelqu’un pour te donner des câlins. Tu ne voudrais pas échanger de rôle avec moi? Juste une journée?… Allez! Espèce de gros manteau de fourrure égocentrique.
Les chats sont tellement chanceux. Toujours quelqu’un pour leur donner un peu d’affection. Toujours tout son temps pour ne rien faire et dormir… Dormir. Brusquement, je me raidis, court-circuitant du coup ce moment d’intimité avec Passe-Poils, qui sembla s’offusquer. Il déguerpit en sprint dans la cuisine. J’allais me coucher. Mais j’avais un peu faim.
Je traversai la cuisine vers le frigo. J’ouvris le colosse de la pièce et, je m’accroupis, le corps surexposé par l’éclairage blafard de son intérieur. Il restait un peu de ragoût. J’agrippai le tuperware, fermai la porte avec un coup de hanche et me tournai vers le micro-onde. Trois minutes plus tard, j’étais en train d’engouffrer un restant de gibelotte brune tiède et je feuilletais le dernier VOIR, J’étais en train de lire vaguement un article sur La programmation des Francofolies quand Passe-Poils revint à la charge :
---RRROuawwww!
---Qu’est-ce que tu veux encore, Boule de poils?
---Pppprouawwwmiouaww!
--- Lâche-moi les basquettes!
J’avais eu l’impression que le chat m’avait répondue : « Monsieur Boule de poils pour toi, hé! Grosse patate!», comme dans les dessins animés…
Je devenais folle! Me coucher et dormir!
Je me levai, je lançai le plat de plastique et ma fourchette dans l’évier déjà embourbé. J’aurais pu faire la vaisselle… Flo aurait pu la faire aussi. Je regardai l’heure. Il était maintenant presque minuit et demi. Je me dirigeai vers la salle de bain. Il fallait que je dorme. J'avais un gros examen le lendemain. DORMIR! (Déjà à cette époque, j'avais de la difficultée à aller me coucher...)
Je me tenais devant le grand miroir essayant de ne pas porter attention à l’image qu’il me renvoyait et je me brossais les dents. Ce miroir devait avoir des propriétés déformantes. Du moins, il devait grossir les formes. J’avais trois plis sur le ventre. Je crachai, rinçai ma brosse et revins à cet énorme reflet de moi, en me gargarisant la tête renversée par derrière. J’avais vraiment trois plis. J’expulsai l’eau hors de ma bouche et me redressai, faisant face, droite, à mes rondeurs. Mes seins paraissaient tout ronds dans leur carcan. J’enlevai mon soutien-gorge, prête à faire face au pire. Je me faisais face, toute nue, en essayant de rester objective. Mes seins étaient toujours presque aussi ronds… Un peu moins ferme qu’à seize ans… Mais, au moins, ils ne pointaient pas le sol, ils regardaient... Droit devant. (Ceci est un extrait de mon journal intime de cette époque! J'avais à peine 19 ans! INCROYABLE!!! Déjà à cette époque je m'en faisais avec mes seins! (qui sont encore très beaux soit dit en passant!)) Rien ne pendouillait de ce côté. Ouf! Mais sur mon ventre, toujours ces trois grands traits. Trois bourrelets de chairs flasques comme les baigneuses qu’avait peintes Renoir. C’était beau à la fin du siècle dernier, mais à la fin de notre siècle… 100 ans plus tard, c’était importable et inexcusable… J’avais du bide! Du ventre comme un homme qui boit trop de bière. Je descendis mon regard un peu. Côté hanche et fesses, comme toujours, rien à signaler. J’avais des hanches de gars! Si j’enlevais ma poitrine du décor, on voyait un corps de gars! Une bédaine, des petites fesses et pas de hanches! En plus, je ne m’étais pas rasée le poil des jambes de l’hiver. Mes mollets et mes cuisses surdéveloppés (vélo à tous les matins et tous les soirs oblige!) étaient recouvert d’un duvet épais de petits poils noirs. Comment un gars pourrait tomber amoureux d’une fille comme moi? Les hommes aiment les petites femmes délicates, les femmes qu’ils ont envie de protéger. Pourquoi je ne suis pas lesbienne?

J’étais en train de me crêmer les jambes au Neat quand le téléphone sonna. Je me relevai du bord du bain en trombe, j’ouvris la porte et…
--- PRFFFFFFFF!Riaww!fff!
Je me retrouvai par terre, avec le chat qui déguerpissait à toute vitesse vers la chambre de mon coloc…
--- Espèce de chat stupide! Combien de fois on te l’a dit de ne pas te coucher devant la porte de la salle de bain.
Le téléphone sonna son troisième coup. Je me relevai en me disant que le répondeur prendrait le message. Je regardais la crème sur le plancher quand le téléphone retentit de nouveau.
--- Allo! Répondis-je, en soufflant. Je regardai l’heure sur l’horloge de la cuisine. Il était 1 heure et quart. Qui pouvait bien appeler à cette heure? Une urgence… Flo?
---Allo? Est-ce que Flo est là?
---Non! Répondis-je bêtement. C’était une voix d’homme que je connaissais. Est ce que je pourrais savoir qui ose appeler à cette heure?
---C’est Angel. Ça va Pepper?
---Non! T’as vu l’heure? (S’il avait été devant moi, je l’aurais sûrement tué. En le faisant souffrir, évidemment! J’avais parfois des instincts de tueuse assez poussés.)
---Excuse-moi, mais je savais que tu n’étais pas couchée, je suis devant ta fenêtre, j’appelle de mon cellulaire… (Monsieur avait un cellulaire! À l'époque, c'était encore assez rare!) J’te dis que tu a piqué une belle plonge tout à l’heure!
Il riait! Il osait rire… Et j’étais là, toute nue, offerte à la première personne qui passait sous la fenêtre de ma cuisine. Humiliation.
---J’allais me coucher!
---Ha! Tu es toute seule?
Cette conversation commençait vraiment à me faire chier.
---Non, il y a trois camionneurs, mon dentiste pis la voisine d’en bas qui m’attendent pour faire une partouze dans ma chambre!
---Wow! Je peux-tu me joindre à vous?
Il avait le don de devenir intime après trois phrases. Comme si on était des grands amis. Je t’aime pas! Tu me fais chier! C’est tout!
---Non, je niaisais…
---Je sais! (Petit ton condescendant! Le maudit!)
---Je suis toute seule avec Passe-Poils. Je me préparais à aller me coucher. Tu veux que…
--- Est-ce que je peux monter?
---Est-ce que tu es sourd? Je viens de te dire que je suis toute seule et que j’allais me coucher.
---Je sais. Je voudrais juste voir Flo. Il faut absolument que je lui parle. Je l’attendrai dans sa chambre.
---Je ne pense pas que Flo apprécierait. Il est sorti avec des amis et…
---Pepper! Il faut que je lui parle. Je me suis disputé avec St-Pierre et il faut…
Ce mec me déplaisait tellement, plus il continuait à traîner dans la vie de Flo, plus il m’était antipatique. Depuis le jour où Flo et lui c’était rencontré au SKY, un soir pendant le premeir mois où Flo habitait avec moi, jusqu’à maintenant, tout ce que je découvrais de lui me déplaisait. Encore plus quand je l’avais au téléphone. Parce que Physiquement, il arrivait toujours à se faire pardonner ses audaces insupportables. Physiquement, il était carrément craquant (bien que je n’aurais jamais avouer ça en public, j’aimais mieux jouer la distance : «pas mon genre! ») C'était un beau blond aux cheveux en broussaille, des yeux bleus très pâles, une gueule d'acteur, des petites lunettes... Et ses épaules! Des épaules larges, des bras puissants et un cul…Alors que Flo et lui étaient ensemble, au début, j’étais entré à l’appartement plus tôt parce que j'avais eu un cours annulé, et pensant qu’il n’y avait personne aux toilettes, j’étais entrée en trombe et je l’avais surpris, complètement nu, de dos, en train de se raser. Je n’avais jamais vu une chute de rein et un cul comme le sien… à part dans les revues, évidemment…Mais le sien n’était pas retouché… C’était du vrai… Enfin, j’avais très envie et… Sous le choc, j’avais mouillé ma culotte. Comme ça, il se tenait nu, désinvolte devant moi, avec un grand sourire et j’avais pissé par terre. Ne sachant plus trop si j’avais un orgasme foudroyant où si ma vessie se libérait sous la vision.
Evidemment, j’étais devenue la risée, à chaque fois qu'il y avait des gens, mes amis (!!!) à l’appartement par la suite, il ne manquait pas de ressortir l’anecdote. Le salaud! Je crois même que c’est à partir de ce moment-là que je me suis mise à le détester. Ce con! (Il doit encore raconter cette anecdote humiliante à tous les gens qu’il croise. Maintenant que Monsieur est publié, il carbure aux soirées de lancement et aux vernissages mondains. Le tout Montréal artistique doit aujourd'huisavoir qu’une petite grosse qui a l’air d’un gars lui avait presque pissé dessus!) Je le méprisais.

---C’est hors de question que tu montes. Flo va peut-être rentrer tard et… Sûrement avec quelqu’un…
---Il ne ramène jamais personne le premier soir!
---Et s’il changeait d’idée! (Ce con m’énervait de plus en plus, comment osait-il m’obstiner)
---Bon, je sais que Flo ne changera pas d’idée, continuais-je, mais il ne voudra certainement pas entendre son ex se plaindre sur son pauvre petit sort en rentrant.
---J’ai juste besoin de dormir avec quelqu’un…

À chaque fois, c’étais la même chose, quand Angel se disputait avec St-Pierre, son chum, il revenait vers Flo. Ils passaient quelques jours ensembles et Angel repartait et rebrisait le cœur de mon coloc. Le pire c’est que St-Pierre était aussi l’ex de Flo. Quand Angel était sorti de nos vies, Flo était sorti avec Pierre, qu’on appelle St-Pierre, parce qu’il est vraiment parfait. Donc, St-Pierre et Flo ont été ensemble quelques semaines, mais, la belle gueule de Angel est revenue dans le beau portrait de famille qu’on était en train de se faire et il a tout brisé. St-Pierre est parti avec Angel. (Je crois que Flo ne s’en est jamais totalement remis.)

--- Flo ne m’a jamais laissé tomber… Me rétorqua Angel à l’autre bout du fil. C’était vrai. Flo revivait à chaque fois que Angel revenait. Et remourait un peu plus à chaque fois qu’il repartait…Il m’en voudrait beaucoup s’il venait à savoir que son bel ange avait eu besoin de dormir avec quelqu’un et que je ne l’avais pas fait entrer.
--- C’est bon, je t’ouvre.

J’entrai dans mon lit enfin, après que Angel se soit couché dans le lit de Flo en me disant un merci cuisant. Au fond de ses yeux, je voyais le triomphe. Pourquoi personne ne pouvait lui résister? Je regardai mon réveille-matin. Il était deux heures presque et quart… Merde!
J’aurais pus pleurer de rage quand soudain, un poid me sauta sur le ventre et me fit sursauter.
---Rrouaouawwwwwww!
Deux ronds brillants me fixaient.
--- Oh! Passe-Poils! Merde!
---Miaouw!
---Qu’est-ce que tu veux? Tu veux que…
Soudainement, un éclair me traversa la tête… Ce chat mangeait toujours vers 10h00, juste avant que je me couche. Il n’avait pas eu sa ration!

À SUIVRE...

Aucun commentaire: