mercredi 18 avril 2007

Les débuts de THE Ex et de Flo.

Quatrième partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé...

Par MAXIMUM

Le band avait fini depuis un bon quart d’heure et la musique d’ambiance se composait d’un agréable medley de morceaux Motown. Les premières mesures de « My girl » commencèrent. Flo se retourna vers ma nouvelle complice, Sandy. Elle déposa son verre vide après avoir fait cul sec et roula une épaule en lui tendant la main langoureusement. Il prit sa main et l’entraîna vers lui. Enlacés, ils se mirent à chanter : «I got sunshine, on a cloudy day… ». Mon autre ami, qui m’avait délaissé depuis que nous étions arrivés ensemble et que Flo avait littéralement kidnappé, maintenant libre, revint vers moi. Traitre! J’ai écrit « bouche trou » dans le front?
---Alors Maximum, ça gaz? Me demande-t’il avec son accent nordique à couper au couteau.
---Depuis quand tu m’appelles « Maximum »?
---C’est Flo qui m’a dit que c’était le sûrnom qu’on te donnait.
Ce sûrnom, « Maximum », me chatouilla le fond de l’oreille. Comme si on me resortait un vieux chandail de laine des boules à mites. Un gros pull chaud que j’aurais porté assidument et puis qu’on aurait rangé sans mon consentement parce que j’aurais trop grossi.
---Ça va ? Tu te sens bien?
Je sorti de ma torpeur nostalgique. C’est fou à quel point je pouvais m’émouvoir pour des conneries. Le grand Vicking avait dû remarquer mon trouble.
---Bien sûr que je me sens bien. Lui répondis-je en m’essuyant le bord des yeux.
---Tu ne m’avais pas dit que tu connaissais ce mec?
---Pourquoi je t’en aurais parlé? Flo n’est pas… Enfin, il est pas… Il n’est plus un ami proche depuis longtemps. On s’était perdu de vue.
Le grand Vicking me coupa.
---Ça fait au moins deux mois qu’on se croise un peu partout dans le village. Tu sais, je t’avais déjà parlé d’un mec aux cheveux noirs, mignon comme tout que je croisais partout…
C’était à mon tour de le couper.
---Comment tu voulais que je fasse le lien? Il doit y en avoir quelques milliers de mecs aux cheveux noirs dans c’te criss de village-là!
Mon collègue commençait à me taper sur les nerfs. C’est vrai! Je ne pouvais pas deviner. Mon sursaut de colère se termina par un de mes cris caractéristiques quand je me sens incroyablement incompris. Le même cris que lance Albin dans « La cage aux folles. » Ou presque...
D’ailleurs, j’en fais une imitation vraiment tordante.
Je n’aurais pas dû l’imiter autant pour faire rire autour de moi pour attirer la sympathie, par contre. Car on me demande toujours de le faire et ça me fatigue! C’est toujours bien vu un gai qui rie de lui par contre.
Ha! Il a tellement d’humour.
Bref, je pausai les mains sur mon visage toujours imberbe et je m’évanouÏs (presque) sur le comptoir.
---Oh! Arrête ton cinéma, Maximum! C’était pas un reproche. C’est juste que j’aurais fait des démarches pour le rencontrer bien avant, avoir su que vous étiez si proche!
« Si proche »? Qu’est-ce que ça voulait dire « si proche »? Je sentis une sorte de rage me monter au visage. Je devais être rouge tomate parce que les yeux de mon ami le Vicking se sont arrondis avant même que je sorte un seul son de ma bouche.
---Nous ne sommes pas « si proche »! Ça doit bien faire sept ou huit ans qu’on s’est pas parlé!
---Il m’a dit que tu l’avais rejoint au téléphone l’année dernière.

C’était vrai. J’avais fait mon coming out l’année d'avant seulement. J’en avais assez de me taper des mecs en cachette dans les toilettes du sous-sol de L’UQÀM. Ou au parc Lafontaine. Et puis, j’avais croisé une amie commune du secondaire et ça faisait juste une semaine que j’étais sorti du placard et je le disais à tout le monde. J’étais trop fier. Et puis, elle m’avait dit qu’elle avait revu Flo à un party, il y avait cela quelques mois et que lui aussi était gai et qu’il serait sûrement heureux de reprendre contact avec moi. J’avais trouvé l’idée séduisante et en entrant chez moi, je m’étais précipité sur le téléphone. Si j’allais vite, je n’allais pas avoir d’hésitations de dernière minute. Comme si ça allait être ma porte d’entrée pour un monde de rêve. Comme si Flo allait devenir mon guide dans un night life remplis de beaux amants musclés. Et bien, ça avait été très boiteux comme contact. J’avais joué un peu les divas au début en me faisant mystérieux :
---Devine qui c’est?
---Heu… Désolé… Je ne vois pas. Tu peux parler encore? Juste pour voir.
---Parler, parler, parler… Mais qu’est-c’que tu veux que je te dise, mon chou?
---Désolé, je pense que vous vous trompez de numéro, je connais personne qui m’appelle « mon chou »…
---Attends! C’est Maxime! Un fantôme de ton passé.
---Maximum?
---Max, ton ami du secondaire?
---Max? (il y eu un silence où je transpirai beaucoup), c’est fou comment ta voix a changé!
---Et oui! J’ai eu ma puberté, moi aussi!
J’étais tellement offusqué. Je me la jouais complètement désinvolte, mais lui, il restait froid. Finalement, mes grandes portes vers le paradis se sont refermées et j’ai dû faire ma découverte du village tout seul, comme un grand garçon. Par la suite, on s’était croisé quelques fois, au Sky, ou dans d’autres bar, mais sans reprendre un véritable contact. Il avait toujours été sympathique, mais jamais cordialement engageant. En repensant à cette histoire, je me senti soudainement comme une vieille chaussette sale. Je me découvrais un peu comme l’objet d’une machination.
---Il m’a dit que lui aussi m’avait remarqué. Me lança ce grand dadet d’ami qui se tenait à côté de moi.
Comme si on ne pouvait pas te remarquer. Tu fais chier avec ta belle gueule!
---Il n’attendait que la bonne occasion,
a-t-il poursuivi.
Moi, je commençais à attendre la bonne occasion de partir. En attendant la bonne occasion avec qui voudra bien de moi! Je me refuse d’être la bonne occasion de quelqu’un qui n’est plus mon ami! Na!
---Qu’est-ce que tu as ce soir, Max?
---Oh! Rien… Je ravalai. Je pense à une paire de bas sales qui attendent que quelqu’un les lavent.
Grand Vicking me regarda, perplexe, et sans chercher à me comprendre, il détourna à nouveau son regard de moi pour aller le déposer sur le postérieur de mon supposément très bon ami du secondaire. Le chien continuait à danser avec sa ravissante compagne. J’étais seul au monde!
---En tout cas, il est vraiment mignon ton copain!
Je retins un : « Ce n’est pas mon copain! T’es bouché ou quoi? Il m’utilise pour coucher avec toi! C’est tout! », ou quelque chose du genre. Dans l’ordre ou le désordre. J’étais fatigué de me débattre comme un noyé dodu dans un océan de pétards! Je pris ma coupe, dignement, et je décidai d’évaluer les capacités physiques du profiteur qui fut mon ami dans une vie antérieur.

Flo est petit. Petit de taille et petit de corps. Pas mon genre! Dans ses pieds, il avait des basquettes rouges vifs. Un peu négligé tes basquettes! La semelle décolle! Dommage! Il portait un vieux jeans pourri agrémenté d’un (je dois l’avouer) très beau patchwork. Les pattes d’elph lui donnait une certaine allure, fallait le dire. Il se retourna… Question cul… Ouais, bon, il est joli son cul. Petit mais joli! Un petit cul bien rond comme Le Grand Vicking (la langue pendante) les aime! Je remontai. Le torse, qu’il a aussi petit, (il avait commencé à s'entraîner, j'en étais sûr!) était bien découpé dans un T-Shirt couleur « coucher de soleil » Bon, côté vestimentaire. Il n’avait pas changé. Déjà jeune, il s’habillait toujours pour paraître original. Même dans notre uniforme du secondaire, il s’arrangeait pour y mettre des signes distinctifs. Un artiste! Son visage? Bah!… Pas de quoi en faire un plat : Des petits cheveux courts, bouclés très serrés et très foncés, des petits yeux verts de beagle, un nez fin, des lèvres charnues… Salope! Et une mâchoire carré. Oui, bon. Il est mignon, Flo. Assez mignon. Si on aime les petits à l'air piteux, il va sans dire.
---Pas mon genre! Lançais-je, en faisant une bitch de moi.
---C’est le mien en tout cas!
---Ha! Vraiment? Heu… Vic?… Rentre ta langue, tu baves sur le comptoir.

Sandy et Flo revinrent vers nous. Les deux avaient les visages rayonnants de bonheur. Sandy regarda mon ami le Vicking, qui n’avait de yeux que pour …On sait qui.
---On t’as déjà dit que tu ressemblais à un Vicking avec tes cheveux blonds aux épaules?
---On lui dit tout le temps, chérie!
Chacun senti, dans ma ligne, un sarcasme vengeur. Ça avait été plus fort que moi. C’était juste trop con que se soit Sandy qui écoppe pour ma colère grondante. Je grinçais comme une vieille porte qu’on a malmenée sans lui huiler les pentures. Mal à l’aise, Le Grand Vicking, chevalier de ces dames, vint à la rescousse. Il tenta de faire fit de l’orage qui semblait poindre à l’horizon.
---Alors? On bouge? On fait quelque chose?
---Moi, je suis crevée! Lança Sandy en regardant par terre.
---Je vais te racompagner. Répliqua Flo, comme s’il était un bon petit mari.
---Arrête un peu. Tu peux rester, Flo. Je vais me débrouiller toute seule.
---Je ne veux pas que tu rentres chez toi toute seule. Lui répondit-il.
Sandy le regarda en serrant les dents et, sans savoir pourquoi, ma bouche s’ouvrit et…
---Je peux aller te reconduire, Sandy. Si tu veux. J’ai ma voiture.
Elle me sauta littéralement dessus. Mais pourquoi? Pourquoi, Dieu, c’était toujours plus fort que moi de jouer les boniches?
---Excellent! Je n’ai pas le goût de marcher, monter la côte… Restez ici vous deux. Allez! Dit elle en regardant deux hommes dont l'histoire d'amour commençait à peine, mais dont les répercussions allaient se faire sentir jusqu'à aujourd'hui...
Elle embrassa Vicky, le Vicking, qui souriait exagérément. Quand il souriait comme ça, il avait vraiment l’air du dernier des débiles mentaux qui attend son tour pour aller faire pipi. Et moi, je devais avoir l’air du dernier des gros jaloux! Elle embrassa aussi Flo, qui souriait aussi, mais d’une manière plus subtile. Énigmatique. Il lui chuchotta quelque chose à l’oreille. Quoi? Le repas est servi sur un plateau d’argent et on fait la chochotte! Je rapprochai mon oreille pour entendre, presque malgré moi.
---Sandy! Tu me fais pas ça? Lui dit-il.
---Arrête de faire la vierge effarouchée! T’es un homme ou une lavette?
---Une lavette!
---Il est merveilleux.
---Tu le connais pas.
---Je le sens!
---Ça sent quoi?
---Bye, Flo! Bonne nuit!
---Sandy… tu sais bien… Pas le premier soir. On le sait : « Premier soir, égale dernier soir! »
---Un jour, y va falloir que tu deviennes un adulte. Elle éleva la voix, se tournant vers Vicking et lui prenant le bras:
---Venez donc manger à la maison vendredi soir. Ça serait excellent!
---Génial! Précipita mon grand vicking d'ami, comme un affamé devant un bol de soupe.
---Vous apporterez le vin. Excellent! Bonne fin de soirée.
Elle m’arracha presque le bras en me traînant dehors. Quand je regardai une dernière fois à l’intérieur du bar, en me retournant vers les grandes vitrines, l’endroit était déjà presque désert. Le beau grand Vicking s’était levé et il embrassait déjà Flo qui n’avait pas l’air de résister. La chance tournait toujours pour les mêmes. Et tac!

À suivre...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai hâte de savoir comment vous avez fait pour devenir amis après ça!!
Et Pepper, elle arrive quand dans l'histoire?

C'est comme un téléroman votre affaire, vous nous embarquez dans l'histoire, puis vous nous laissez, impatients d'avoir la suite!

Lolo a dit…

Ahhh j'adore apprendre à vous connaître à travers ces posts! Votre histoire est vraiment fascinante!! =D

Supercath a raison, on devient accro à vous comme à un téléroman!