mardi 10 avril 2007

C'était à l'époque où on enfumait encore les bars...

Deuxième partie - JUIN 1998
Comment tout a commencé
Par Sandy

Le pub débordait d’une peuplade masculine parfumé, entassés les uns sur les autres, comme dans le métro de Hongkong à l’heure de pointe. Une chaleur suffocante s’agrippait à ma robe d’été et la fit se coller à ma peau. Chaque pied carré semblait occupé par un mâle en chemise à manches courtes. Je me sentis soudainement un peu à l’étroit. Flo, qui se tenait derrière moi, scrutait la foule et semblait attendre ma décision.
--- Passe devant, lui dis-je, je te suis.
Il prit ma main (comme d’habitude) et m’entraîna à travers la horde d’hommes jusqu’au bar aux couleurs royales qui trônait en plein milieu de l’endroit.
--- Tu veux un martini? Me demanda-t-il.
--- Oui, comme toi. Lui répondis-je, en analysant l’endroit. La sortie la plus proche se trouvait à ma droite. Les toilettes à gauche, un peu plus au fond. Et tout au fond complètement, il y avait la sortie de secours. Parfait!
---Ça va aller ici? Tu te sens bien?
Je répondis à mon ami par un sourire. L’angoisse avait disparue. Du moins, elle était devenue gérable. Avec Flo, l’angoisse ne durait jamais longtemps. Il prenait toujours en considération mon agoraphobie et installait, à chaque fois, un climat de sécurité dès que nous entrions dans un lieu exiguë. Je savais que si j’avais une soudaine crise de panique, je n’aurais pas à me justifier, j’aurais juste à lui dire que mon souffle s’alourdissait et il écarterait la foule d’un geste de la main comme Moïse avait séparé les flots de la mer rouge.

Les mardis soir se transformaient en soirée bon chic, bon genre. Nous n’avions pas le look, mais nous avions l’allure et la classe. Ce pub offrait des nuits de jazz, avec des bands inconnu mais terriblement talentueux. Il ne nous restait qu’à fournir nos esprits de bohêmes, et l’argent pour se payer un scotch ou un martini. Flo fumait ses cigarettes… Moi, je préférais, à l’occasion, fumer le cigare. Je me racontais des scénarios. Je m’imaginais être une de ces femmes de lettres très chic d’un New York année cinquante, ou d’un Boston, année quarante. Et plus la soirée avançait, plus je divaguais, et à la fin de la soirée, je me retrouvais souvent avec l’allure d’une pute de maison close mal famée d’un quartier sombre de Chicago à l’époque de la prohibition. Mais, je demeurais une femme de mon temps. La plus part du temps. Mon martini à la main, je regardais autour de moi et ce qui ne correspondait pas à mes rêveries, je le biffais. Je ne suis pas folle, au contraire. Juste un peu saoulée par la vie.

C’est à peine si je remarquai la présentatrice annoncer le deuxième set du groupe. Je me réveillai pendant les applaudissements et les hurlements mâles. Bon, il ne s’agissait pas de hurlements de gros footballeurs qui vident leur pichets de bière flatte au Peelpub, il s’agit plutôt de cris de folles cuvant leur alcool. Mais, je considèrerai toujours ces derniers comme étant eux les vrais mâles… Enfin, les mâles que j’aime. Une grosse chanteuse black escalada la scène. Je jetai un coup d’œil à mon bel ami aux cheveux d’ébène, il se grillait une cigarette en me faisant un sourire. Il m’avait dégotté un tabouret et il restait debout, le coude sur le comptoir brillant, comme un vrai gentleman. Déjà, plusieurs chasseurs l’avait repéré dans leur viseur. Ils rodaient, presque subtilement. Lui, mon ange gardien, ne s’en préoccupait pas. Il me regardait. Je pouvais me laisser aller sans peur. Mon regard retourna à la scène. L’énorme chanteuse était vraiment… Immense. Immense, dans sa grande robe longue de paillettes bleues ciel et argent qui pétait comme un feu de bingalle. Immense avec ses mains caressant le micro, ses doigts bijoutées, coiffés par des ongles rouge, presque violette, très long. Immense quand elle ferma ses faux cils sur ses yeux et que les premières mesures d’une chanson d’Aretha Francklin se fit entendre. J’eu un court circuit tout le long de la colonne vertébrale quand j’entendis sa voix. Elle chantait comme une condamnée à mort qui embrasse l’être aimé pour la dernière fois. L’émotion se mélangeait à l’épaisse fumée de cigarettes. Je repensais à Viviane. L’ambiance se dessina en fins traits de douce nostalgie. La couleur de la soirée venait de naître. Je sais que je suis souvent trop intense, mais il n’y a pas d’autres moyens de bien profiter de la vie et je m’en foutais, après tout, si mon cœur débordait toujours de larmes. Ce soir, je crois qu’ elles étaient faite de bonheur.

Je jetai un œil humide à Flo. J’avais envie qu’il me sourit en levant les yeux au ciel et qu’il me dise : « Tu es vraiment la fille la plus pathétique que je connaisses! ». Et…
Mais où était-il ? Il avait quitté son bout de comptoir et ne se trouvait plus à côté de moi. Avait-il au moins remarqué cette déesse afro-américaine?
Merde!
Je scrutai le lieu enfumé et je l’aperçus, après moins d’une minute de panique, à l’entrée avec deux mecs. Un petit roux, plus dodu, à cravate et un autre, plus grand, avec les cheveux chatain bouclés et des yeux perçants. Je ne les connaissais pas. Flo serrait la main du plus petit, mais semblait s’intéresser au grand vicking.

3 commentaires:

Fantastique4 a dit…

EXCUSE MOI!!!!
Je te promets de faire des efforts!
PEPPER
xxx

Fantastique4 a dit…

Même si tu l'as pas écrit au bon message, tu es toute pardonnée!
Max
XXX

Joss a dit…

Je me souviens de ces soirées... C'était cool les mardis Martinis au Sky!
C'est d'ailleurs là qu'on s'est connu, Flo!